Chapitre 21 : Un combat imminent

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Le lendemain, aux alentours de midi, le petit groupe de mages atteignit finalement la somptueuse lisière forestière qui bordait le Royaume des Elfes. Des gardes les attendaient. Silencieusement, ils les entourèrent et les guidèrent jusqu'au Palais. Nawin avait renforcé la sécurité : le chemin menant à sa demeure n'était utilisable qu'en présence des gardes. Grâce à quelques sorts, la végétation s'était épaissie et certains sentiers étaient devenus de vraies impasses. Le soleil peinait à percer et l'atmosphère en était devenue humide.  Si Lys et Ankris paraissaient à l'aise, ayant probablement envisagé cette étrange procession en ces temps de crise, Gwenaëlle et Ambre se sentaient étonnamment en insécurité. La première avait l'impression que l'air collait à sa peau, l'aspirant, la tirant en arrière. Ambre, elle, remuait nerveusement sur sa selle. Avec l'humidité, les chevaux étaient eux aussi trempés de sueur et l'effort n'arrangeait rien. Sur un segment de leur trajet, il fallut franchir un tronc d'arbre : chaque cheval sauta par-dessus l'obstacle tandis que les gardes patientaient tout autour, arme au poing et regards menaçants. Ankris, et même Lys, qui montaient moins souvent que leurs compagnons de voyage, faillirent se faire désarçonner devant la hauteur volontaire du cèdre tombé. Gwenaëlle inspira profondément avant de s'élancer à leur suite : son étalon n'était pas un cheval de jumping mais un crack de courses. Elle ne sautait que rarement avec lui et une chute était plutôt à proscrire. Elle fut bien surprise quand il fit un bond impressionnant. Un jeune garde, visiblement sous le charme, voulut ensuite s'approcher pour le contempler. Mais Hermès ne supportait toujours pas qu'un inconnu le touche et il se cabra net. Gwenaëlle fit signe au garde de reculer puis calma Hermès. Il rua encore plusieurs fois dans une posture menaçante puis se décontracta sous ses messages télépathiques. Quand elle eut terminé, elle constata que les gardes s'étaient éloignés d'elle, comme effrayés par cet étrange pouvoir. Elle soupira intérieurement : quelle protection faisaient-ils ! Après encore une demi-heure à chevaucher, ils arrivèrent enfin chez Nawin. Après toutes ces nuits dans la brousse, ils allaient apprécier de visiter leurs quartiers et de prendre une bonne douche. Aucun d'eux n'eut le courage d'admirer le portail ouvragé à passer avant d'être aux écuries. L'épuisement se faisaient sentir, leurs yeux se fermaient tout seuls. Ils descendirent tous de leur selle assez maladroitement et Ankris ne put s'empêcher de taquiner Gwenaëlle qui était sans conteste la plus raide et engourdie depuis ce matin-là. La jeune fille, ayant peur de se trahir, ne répondit pas à ses taquineries. La première transformation lui avait forcément causé de nombreuses courbatures, inutile de s'appesantir là-dessus. A peine eurent-ils tous pied à terre qu'un palefrenier leur proposa de soigner leurs chevaux. Seule la jeune mage déclina :

"Il est préférable pour vous comme pour moi que je soigne seule Hermès. Il est imprévisible avec les gens qu'il ne connaît pas." 

L'homme hocha la tête et emmena les autres chevaux pour les panser. Gwenaëlle souffla intérieurement : elle avait besoin d'un peu de solitude pour réfléchir intensément. Quand Lys s'apprêta à prendre congé, son élève eut l'impression qu'elle avait tout deviner tant son regard la transperça. 

"Il faut vraiment que je calme ma paranoïa" songea-t-elle en s'assénant quelques baffes mentales.

Ankris prit la parole alors qu'elle essayait justement de garder contenance : 

"Bien, nous t'attendrons. Demande à un garde de l'aide pour nous retrouver aux appartements des invités ou dans le mien. Ne tarde pas trop, j'ai hâte de te présenter à ma mère... comme toute la bande" ajouta-t-il rapidement en voyant l'expression fermée de Gwenaëlle.

Il voulut lui tapoter gentiment l'épaule mais la mage recula et se détourna. Ses allusions la mettaient mal à l'aise et elle n'avait jamais apprécié les contacts physiques, surtout de la part de l'elfe. Ne voulant cependant pas créer de vagues dès son arrivée, elle se hâta de brosser Hermès et fila retrouver les appartements qu'un garde lui indiqua. La douche puis la collation lui permirent de retrouver les forces perdues lors de la métamorphose. Vers seize heures, ils arrivèrent devant la salle du trône. Le nez en l'air, Gwenaëlle était totalement plongée dans l'admiration du décor du corridor. S'il en valait la peine, c'était surtout un moyen de cacher sa nervosité. Finalement, rencontrer Nawin et comprendre l'urgence qui les avait amenés ici étaient assez angoissants. Les gardes ouvrirent l'imposante double-porte et empêchèrent provisoirement la petite troupe d'entrer. Ce fut uniquement quand Nawin eut vérifié et reconnu leurs identités qu'ils purent franchir le seuil. La salle était plus qu'imposante et un long tapis permettait d'accéder au trône. Ce dernier était d'un style moderne, en argent. Il était orné de pierres en tout genre (rubis, émeraudes, saphirs...). Les murs, eux, étaient peu décorés. Les pierres apparentes étant de couleur foncée, la pièce était étonnamment sombre. Cela renforçait l'ambiance, un peu froide, pas vraiment au goût de Gwenaëlle, et le protocole n'arrangeait pas ce sentiment. Ils plongèrent ainsi tous dans une profonde référence devant la Reine. Celle-ci protesta : 

SauvageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant