Chapitre 29

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Le psy et moi étions retourner au motel pour dormir. Cette fois, c’était promit, je n’en sortirai plus sans le psy à côté de moi.

Encore une fois, j’avais eu de la difficulté à trouver le sommeil, même si j’étais déjà très fatigué. Il devait être près de sept heures du matin quand je sombrais enfin, pour me réveiller vers cinq heures de l’après-midi par une odeur de pizza. Le psy était assis à la table de ce qui servait de « salle à manger », mangeant un morceau de pizza.

- J’ai fait commander une pizza, dit inutilement le psy en me voyant réveiller. Aucun risque qu’il t’ai vu, j’avais remonté ta couverture au-dessus de ta tête... Tu dormais vraiment dur.

- J’étais fatigué... mais plus maintenant, dis-je en m’étirant les bras et baillant bien fort.

Je sortie de mon lit lentement, continuant toujours à m’étirer les bras et les jambes, puis vint rejoindre le psy à la table et prit un morceau de pizza, prenant une grosse bouché.

- Bleu est là ?

- Non, soupirais-je en promenant mon regard dans la pièce. Il doit surement être avec Elwin... Si seulement il y avait un moyen de...

Je m’interrompis, une idée germant dans mon esprit.

- De communication ? termina le psy à ma place.

- Je crois que j’ai une idée... dit-moi si je me trompe : toi, tu arrivais à entrer en contact avec le vaisseau, pas vrai ? Il fallait bien que tu leur parles pour leur dire que tu voulais leur envoyer Elwin.

- C’est vrai, dit le psy en hochant la tête. Avec mon ordinateur, je pouvais parler à certain des habitants de se vaisseau. Mais je n’aurais jamais le droit de parler avec Elwin.

Je baissai les yeux, déçu. S’aurait été tellement simple, un appel Skype !

- À qui t’as le droit de parler ?

- Je leur parle rarement, uniquement quand je voie quelqu’un qui aurait peut-être sa place sur le vaisseau, qui se trouve être, en moyenne, une fois au cinq ans... Elwin était le quatrième, je crois, mais le premier à y aller. Les autres n’étaient pas si... dangereux.

- Elwin n’est pas dangereux ! grognais-je. Il ne ferait jamais de mal à une mouche ! Et je parle sérieusement, c’est pas une métaphore... Mais si tu veux jouer contre lui, là, attention, il peut être redoutable, dis-je dans un rire. Une fois, il voulait que je fasse gardien de but, il voulait s’entrainer au soccer... j’avais reçu le ballon dans le ventre, et je peux te garantir ; il a de la force dans les jambes...

- Tu vois ce que je veux dire, dit le psy en secouant la tête. Bleu est dangereux.

- Et si on envoyai une vidéo ou on me voie entrain de menacer d’exploser ta tête avec un flingue s’ils nous montre pas toute suite Elwin ?

- Ils en auraient rien à faire. Ils me laisseraient mourir.

- Qu’est-ce qu’on peut faire, alors ?

- Rien.

- Tu ne pourrais pas simplement leur demander comment va Elwin ? Ou, tien, pirater leur caméra de sécurité ?

- Ils ont pas de caméra, seulement des détecteurs de mouvement. Ils ont peur de se faire pirater, justement. Ils ont un peu peur de la technologie. Mais, dit-il après une longue pause, il est vrai que je pourrais simplement demander comment va Elwin. Mais rien ne me garantit qu’ils vont dire la vérité. « Il va bien » pourrait aussi bien vouloir dire « il s’est cassé les deux jambes, mais c’est pas grave ».

Je gardai le silence un moment, ne sachant plus quoi proposer. Sérieusement, le seul moyen de voir Elwin sera de le retrouver sur le vaisseau.

- Et si tu proposais de me faire embarquer, mais en disant que je suis quelqu’un d’autre, qui n’a aucun lien avec Elwin ? Je pourrais me déguiser, genre, mettre une perruque...

- Peut-être que ça aurait été possible, mais c’est trop tard. Il aurait fallu rester au centre de redressement.

- C’est trop nul, soupirais-je.

- S’aurait peut-être marché, mais pas jusqu’au bout. Ils auraient fini par se rendre compte assez tôt de qui tu es. Il t’aurait peut-être renvoyé ici, mais je crois plutôt qu’ils t’auraient tué.

Je terminai mon morceau de pizza et m’en prit un autre. J’aurais pensé que ce genre de discussion m’aurait coupé l’appétit, mais non. Je n’avais pas déjeuner ni diner, il était cinq heures du soir. Il fallait que je mange, peu importe comment gore est la conversation.

- C’est vraiment trop nul, répétais-je après avoir avalé ma bouchée de pizza. Retour au plan initial ; on attend Bleu pour passer la frontière.

- J’ai plutôt l’impression qu’il prend son temps, ricana le psy.

Il abandonna son morceau de pizza mangé au trois quarts et prit plusieurs gorgé de son verre d’eau. À sa troisième gorgé, Bleu apparut juste derrière lui. J’en fut tellement heureux, du coup, que je criais ma joie en me levant d’un bon de ma chaise, et le psy en fut tellement surprit qu’il renversa tout le reste de son verre d’eau sur lui.

- Saloperie ! s’écria-t-il en se levant d’un bon, pour sa part, sur le coup de la colère. Qu’est-ce que t’as à crier comme ça ?!

- Bleu ! dis-je dans un sourire. Il vient d’arriver !

- Bleu bleu ! dit Bleu dans son coin.

- D’accord, soupira le psy en reposant son verre sur la table. Il reste qu’on peut pas partir tant qu’il fait jour.

Le psy tourna les talons et disparût derrière la porte de la salle de bain. Je levai les yeux pour croiser ceux de Bleu, ou plutôt poser les mien où j’estimai que devrait se trouver les siens.

- Comment va Elwin ?

- Bleu dors, dodo.

- À cet heure ?

Bleu ne répondit rien, mais la réponse me vint d’elle-même ; dans l’espace, il n’y a pas d’heure. Pour Elwin, il devait surement être la nuit, présentement. Ou bien quelqu’un lui fait croire que c’est la nuit. Je tournai les yeux vers la fenêtre, regardant le ciel. Le rideau était tiré, mais il restait une fente suffisante pour bien voir.

- Est-ce qu’Elwin a conscience d’être dans l’espace ?

- Un bleu peu. Inconsciemment bleu. Et Bleu a bleu dit que Bleu doit rester avec bleu pas bleu.

- « Bleu pas bleu » ... c’est moi, j’imagine ? Tu dois rester avec moi ? Tout le temps?

- Bleu oui.

Je sentis mon estomac se torde inconfor-tablement. Je supportais Bleu dans la mesure qu’il m’aidait à retrouver Elwin. Le supporter vingt-quatre heures sur vingt-quatre ? J’allais faire un meurtre.

- OK, très bien, marmonnais-je, essayant d’avoir l’air enjoué, sans y parvenir. Ce sera chouette.

Le psy sortit de la salle de bain, portant toujours ses vêtements humides. Il n’avait pas vraiment la possibilité de se changer puisqu’il n’avait rien apporté avec lui au moment de partir, autre que son manteau.

- Repose-toi, Simon, dès qu’il fera sombre, on y-va, qu’on s’en débarrasse.

- Je vais pas me reposer, je vais tout juste de me réveiller !

- Eh bien, fait ce que tu veux, mais tu ne sors pas, et tu restes loin des fenêtres. Si quelqu’un cogne à la porte, tu cours te cacher dans la salle de bain.

- Ça va, ça va, soupirais-je en levant les yeux au ciel. J’ai le droit d’aller dans la douche ?

- Pourquoi tu me poses cette question ?

- J’en sais rien, moi, t’es juste vraiment contrôlant !

- C’est dans ton intérêt que je te dis ça !

Je fis deux pas vers la salle de bain, ignorant le psy qui commençai un peu à me tomber sur les nerfs, puis m’arrêtai, une question faisant son apparition dans mon esprit. Je me retournai vers Bleu, qui n’avait pas bougé d’un poil.

- Si mes mèches déteignent, est-ce que je pourrais toujours te voir ?

Bleu ne répondit rien immédiatement, se promenant un peu dans la pièce, comme s’il réfléchissait à la question.

- Bleu oui, fini-t-il par répondre, et j’entendis clairement de la colère dans le ton de sa voix. Parce que Bleu le veux. Bleu veut que Bleu veille sur le pas bleu. Bleu va bleu protéger pas bleu, pour Bleu.

Je hochai la tête, puis partie vers la salle de bain pour me doucher, prenant mon temps. Je n’avais rien d’autre à faire, de toute façon.

BleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant