Chapitre 38

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Nous avions passé toute la journée à marcher pour rejoindre la ville où habitait Lindsey, la même ville où Bleu avait tué un homme et que je m’étais fait repérer par la police. Il était hors de question que je sorte de la forêt, et il nous était impossible de retrouver une maison dont nous n’avions aucune idée à quoi elle ressemblait de l’extérieur, ni dans quelle rue elle se trouvait. Finalement, nous passèrent près d’un motel, et le psy décida de s’y arrêter. Je l’attendis dans la forêt et il revint quelque temps plus tard, où j’eu le temps de tomber endormi. Il me réveilla en me secouant légèrement l’épaule. J’avais les yeux qui louchait tellement je peinais à les garder ouvert.

- Je t’ai pris une chambre. Tu vas m’attendre là pendant que je cherche Lindsey. Ça te va ?

Je hochai mollement la tête et m’appuyai sur le psy pour me relever. Il m’entraina jusqu’à la chambre de motel, la tête basse et la capuche de mon manteau dessus. Personne ne me remarqua, du moins je crois. Il n’y avait rien de louche à avoir un capuchon sur la tête, de toute façon, il avait commencé à neiger légèrement.

Aussitôt arrivé à la chambre, je me laissai tomber mollement sur le lit.

- N’ouvre surtout à personne, dit le psy en se penchant légèrement vers moi. Si quelqu’un vient, cache-toi.

- Oh, moi qui pensait faire une petite fête, marmonnais-je.

- Fait pas le malin. Repose-toi, pendant que tu le peux.

Je répondis d’un grognement, puis le psy sorti de la chambre, partant à la recherche de Lindsey. Je m’endormi presque aussitôt. Quand je me réveillai à nouveau, il faisait un noir d’encre dans la pièce. Nous étions au beau milieu de la nuit. Sans m’inquiéter le moins du monde, je sortie du lit et décidais de me prendre un bain, au péril de m’endormir à nouveau dedans. J’étais tanné de cette odeur de merde qui me suivait partout et de mes cheveux raides comme des fils de fer. Je fis couler l’eau aussi chaude que je pouvais le supporter et me glissais dedans. Je retrouvai pour la première fois depuis très longtemps cette sensation qu’on appelai « ne pas avoir froid ». C’était presque magique. Dix secondes dans le bain que je m’endormais déjà. Je me réveillai quand l’eau commençai à se faire un peu plus tiède. Je me lavais avec les mini-savons et les mini-shampoings des motels, puis m’enroulai dans une serviette pour me sécher. J’attrapai mes vêtements sales avec dégout, me demandant un instant si je devais vraiment les remettre ou continuer le voyage en ne portant rien qu’une serviette autour de la taille. Finalement, je me rhabillai, puisque je n’avais pas vraiment le choix. Ce n’était pas que d’un manteau dont j’avais besoin, mais d’un habit entier.

En sortant de la pièce qui servait de salle de bain, quelqu’un cogna à la porte. Pensant que c’était le psy, je m’approchai, avant de me figer à la dernière seconde ; si c’était le psy, il n’aurait pas cogné, il aurait ouvert la porte lui-même avec sa clé, sans faire de bruit pour ne pas me réveiller. C’était qui, alors ? Lindsey, peut-être ? Ou des policiers ? Comment auraient-ils su que j’étais ici ? Ce n’était même pas moi qui avait payer la chambre, mais le psy. Comment seraient-ils remontés jusqu’à moi avec ça ? Peut-être que le psy était maintenant porté disparût, depuis le temps qu’il n’avait pas donné de nouvelle. Il avait peut-être une famille, une femme qui s’inquiétait pour lui. Peut-être que les policiers ont fait un lien entre lui et moi, peut-être qu’ils savent qu’on est ensemble.

Trois autres coups contre la porte. Je reculai lentement, me demandant quoi faire. Je murmurai le nom de Bleu, mais il ne venait pas. Je regardai nerveusement tout autour de moi, à la recherche de n’importe quoi qui s’aurait me servir d’arme. Avant que je ne pus trouver quoi que ce soit, le verrou de la porte se mit à trembler légèrement, et à tourner de lui-même, jusqu’à s’immobiliser dans un clic. Je pris la première chose qui me tomba sous la main ; la télécommande de la télévision. C’était plutôt minable, comme arme, mais ça saurait au moins faire mal, un coup de télécommande en pleine figure.

BleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant