Chapitre 39 - Elwin

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J’avais ouvert les yeux depuis un moment déjà, mais j’étais tellement sonné que, malgré les minutes, je commençai à peine à comprendre ce que je voyais. Peu importe où je regardai, tout était blanc. Le plafond, le sol, les quatre murs. Il n’y avait absolument rien, dans cette pièce, autre que moi-même. Et, comme toujours, mes vêtements étaient blancs. La seule minuscule portion de couleur présente dans cette pièce, je ne pouvais la voir, car elle venait du bleu de mes yeux et de mes cheveux. J’essayai de tirer sur une mèche de mes cheveux, essayant de voir le bleu, ça me perturbait de ne voir aucune couleur. Mais j’étais incapable de lever la main. En baissant les yeux, mon dernier souvenir me revint en tête ; Finlah disant qu’il allait me mettre une camisole de force. Il n’avait pas plaisanté. J’essayai cette fois d’appeler Bleu, sans plus de résultat ; j’étais incapable d’ouvrir la bouche. Je penchai la tête pour toucher ma bouche avec mon épaule, et je n’eus aucun doute à ce que je ressentais ; du ruban adhésif. Finlah m’avait mis du ruban adhésif sur la bouche ? À quoi ça devait lui servir de m’empêcher de parler ? Moi, ce que je voyais, surtout, est que je ne pouvais pas appeler Bleu, ni qui que ce soit. J’étais coincé dans cette pièce minuscule, au mur rembourrés comme des oreillers.

Plus je comprenais ce que je voyais, plus je me sentais paniquer. J’avais envie d’appeler à l’aide, de hurler, mais j’arrivais à peine à grogner. Je sentais les larmes me monter aux yeux, et je n’avais aucun moyen de les essuyer. Je me remis lentement sur pied, étant plus ou moins le seul mouvement dont j’étais capable de faire, et m’avançai lentement vers la porte. Cette porte, elle était autant rembourrée que les murs, et le seul moyen de la distinguer, c’était par les contours, creusant sa forme dans les coussins. En trois petits pas, j’avais déjà parcouru la distance entre le mur du fond et la porte. Je m’y approchai autant que possible, m’aplatissant contre les coussins, et hurlai autant que je le pouvais, produisant un « Mmmmmm ! » que personne n’aurait pu entendre. Je donnai un coup d’épaule contre la porte, je rebondis contre les cousins et tombai assis au milieu de la pièce minuscule.

C’était peu, mais j’étais déjà à bout de force. J’avais la tête qui tournai, je peinais à reprendre mon souffle sans l’aide de ma bouche. Je rampais du mieux que je pouvais pour aller m’écraser dans le même coin que je m’étais réveiller.

Ce n’étais pas seulement de la fatigue, je le sentais. Depuis le temps que j’étais ici, j’arrivais bien à comprendre mes « symptômes ». C’était la drogue. Je ne me rappelai pas avoir avalé quoi que ce soit, mais, en même temps, je ne me rappelai même pas m’être endormi pour me retrouver ici. Je me rappelai vaguement Finlah mettant une main sur ma bouche pour m’empêcher de parler, va savoir pourquoi... pour la même raison que j’avais ce ruban adhésif sur la bouche. De son autre bras, il m’avait soulevé et trainé dans le couloir, jusqu’à croiser un autre adulte. « Aide-moi ! » avait dit Finlah, du même ton qu’il voudrait dire « ce truc est trop lourd pour moi ». L’autre m’avait tenu par les pieds, sans poser de question, et ils m’avaient trainé jusque dans un bureau. « Bonne nuit, Elwin ! » avait dit Finlah d’un ton bourré de sarcasme. Je n’arrivai pas à voir ce qu’il faisait, ou ce qu’il allait me faire... ou peut-être que je l’ai vu, mais je ne m’en souviens plus.

Qu’est-ce que je vais devenir, maintenant ? Finlah est bien conscient que je ne crois plus à ses mensonges. Est-ce que je vais rester enfermé dans cette pièce pour des années, encore ? Ou est-ce que, la prochaine fois que je le verrais, il aura une seringue avec lui « pour dormir », mais je ne me réveillerais jamais. Ou qu’il se dira tant pis pour la comédie, et ce ne sera pas une seringue, mais carrément un flingue ?

J’avais toute sorte de scénario défilant dans ma tête, comment j’allais mourir, avec ou sans douleur ? Vite ou lentement ? Quel genre de petit discours dira Finlah, ou bien qu’il ne dira rien du tout ? Comment on allait évacuer mon corps de se vaisseau, si on allait me ramener sur Terre pour m’enterrer, ou qu’on me laissera flotter dans le vide de l’espace pour toujours ? Est-ce que j’aurais droit à une dernière volonté, ou pas ? Est-ce que j’aurais seulement le droit à une dernière parole, ou j’aurais toujours se ruban adhésif quand il me tuera ?

Je pleurais pour de bon quand Finlah entra dans la pièce. Je me recroquevillai dans mon coin, étant persuadé que sa présence voulait signifier ma fin, mais il ne transportait rien avec lui, ou du moins, rien de mortel. Il n’avait qu’un plateau, contenant un repas. Quelqu’un referma la porte derrière lui, et Finlah me fit un petit sourire en s’asseyant devant moi, posant le plateau entre nous.

- Je suis désolé pour tout ça, dit Finlah – et il semblait sincère, mais j’étais incapable de croire un seul mot de plus venant de lui. Mais t’es conscient de l’avoir cherché, hein ?

Je hochai timidement la tête, ne sachant quoi faire de plus.

- Je vais retirer le ruban sur ta bouche, pour que tu puisses manger. Mais tu dis un seul mot, et je le remets aussitôt, et tant pis si tu n’as pas fini de manger. OK ?

Je hochai encore une fois la tête, même si je n’avais pas faim. Finlah tira d’un seul coup sur le ruban, m’arrachant un grognement de douleur. Heureusement, « ouille ! » n’entrait pas dans la catégorie « mot », selon Finlah.

- T’es avertie, dit-il encore. Un seul mot, et je le remets.

Je hochai la tête. Finlah piqua un morceau de poulet du bout de la fourchette et me le mit directement dans la bouche, comme quand j’étais un bébé. À l’époque, pourtant, on me félicitait quand je disais un mot correctement...

- Tu as surement quelque question qui te brule aux lèvres, je vais faire de mon mieux pour y répondre. Est-ce que tu vas rester ici encore longtemps ? Je n’ai pas encore décidé. Tu n’as que quatorze ans, bientôt quinze, c’est très jeune... Je ne vais quand même pas te laisser dans cette pièce minuscule, mais je ne peux pas te ramener à ta chambre non-plus... Ou peut-être que je pourrais. Oui, je pourrais te ramener à ta chambre. Mais, pour sur, je ne peux pas te laisser la possibilité de parler. Car tu m’as fait un très beau cadeau, la veille. Tu te souviens de ce cadeau ?

Je secouai la tête, sans comprendre. Finlah sourit en me faisant manger un morceau de carotte.

- Non, dit Finlah avec un sourire deux fois plus grand. Non, ne le fait pas. Ne lui fait rien.

Un autre morceau de poulet. Je sentis les larmes couler de mes yeux clos alors que Finlah éclatait de rire pour de bon.

- De tous les Bleus qui se sont retrouvé ici, tu es certainement le plus stupide de la bande. Maintenant, tout ce qu’il me resterait à faire, ce serait de garder ce morceau de ruban sur ta bouche, et tu pourrais rester ici encore des années ! Ou mieux, de t’arracher la langue...

J’ouvris partiellement les yeux pour voir le sourire de Finlah diminuer, alors qu’il avait le regard dans le vague, réfléchissant.

- Non, fini-t-il par dire. Non, ça ne marcherait pas... Contre moi, il n’y peut rien, c’est sûr. Mais il peut encore tuer tout le reste de l’humanité... Le seul moyen de l’arrêter totalement, c’est de te tuer... On ne peut pas se débarrasser de l’un tant que l’autre est toujours en vie, comme toujours !

Finlah baissa les yeux vers moi, riant en voyant la peur dans mes yeux. C’était à croire que c’était Finlah, le fou, et non moi.

- Étonné de ma franchisse ? Tu te demandes surement pourquoi je te dis tout ça. Eh bien, parce que, comme tu l’as surement deviné, je vais devoir te tuer bientôt. Ton ami est impossible à enfermer, contrairement à toi. Le seul moyen de se débarrasser de lui, c’est de te tuer, toi. C’est triste, mais c’est comme ça.

Finlah me présenta une fourchette surchargée de riz, mais je refusais d’ouvrir la bouche. Je me sentais sur le point de vomir, tellement j’étais sur les nerfs. Finlah remit la fourchette dans l’assiette, me présenta un verre d’eau, que je refusais aussi. En dernier, il me présenta un petit pot surchargé de médicament. Sans me laisser le choix, cette fois, il me força à ouvrir la bouche en appuyant sur mes joues et entra les pilules de forces dans ma bouche. J’essayai de les recracher, mais Finlah me cacha aussitôt la bouche de sa main, pour ensuite remettre le ruban.

- Au revoir, Elwin, dit Finlah avec un clin d’œil. On se revoie plus tard !

Finlah sortie de la pièce, me laissant seul encore une fois. Aussitôt qu’il fut hors de vu, j’essayai de retirer le ruban avec mon pied, coinçant un coin entre mes orteils, et je réussi. Je recrachai aussitôt au sol les médicaments, accompagné de toute la bave que j’avais dans la bouche, espérant qu’il ne restera plus un seul petit morceau de ses médicaments. Fort heureusement, mon séjour dans ce vaisseau aura peut-être détruit toute l’endurance que j’avais, au moins, je gardais toujours ma souplesse.

- Bleu, murmurais-je, sans perdre la porte des yeux, craignant le retour de Finlah d’une seconde à l’autre. Bleu, vient ici tout de suite !

Bleu apparût devant moi. Il leva aussitôt les bras en l’air en criant de joie.

- Chut, tais-toi ! m’écriais-je, avant de me rappeler, un peu tard, que j’étais le seul à pouvoir l’entendre. Détache-moi.

Sans un mot, Bleu s’exécuta. J’étais à la fois incroyablement heureux que Finlah ait pu oublier que j’étais, avant tout, un sportif, surtout, un joueur de soccer, et que j’étais capable de faire avec mes pieds presque tout ce que je savais faire avec mes mains – sauf écrire, même si j’avais déjà essayé, j’étais incapable de comprendre ce que j’écrivais avec un crayon coincé entre les orteils.

Je sentis la camisole de force glisser peu à peu sur mes épaules alors que Bleu la détachait, pour enfin tomber au sol, à mes pieds. Dès que je fus libre de boucher les bras, je me retournai vers Bleu et le serrait dans mes bras, aussi fort que je le pouvais. Et je réalisais, après coup, que c’était la première fois que je touchais vraiment Bleu.

- Je suis désolé ! murmurais-je. Désolé, désolé, désolé...

- Bleu pourquoi bleu ?

- Pour tout, pour rien, je sais pas... mais je suis désolé. S’il te plait, fait-moi sortir d’ici. Et puis... je retire ce que j’ai dit, la dernière fois, concernant Finlah. Si on le voie... fait le payer.

- Bleu oui !

Bleu ouvrit la porte, et je me précipitai dehors, ne voulant plus passer une seule seconde dans cette pièce. Et de l’autre côté, c’était une autre pièce, un peu plus grande, avec un bureau et un homme, assis sur une chaise. Dès qu’il me vie, il bondit sur ses pieds. À l’idée qu’il pourrait me ramener dans cette pièce, juste derrière moi, j’eu de la difficulté à retenir d’autre larme. Mais Bleu, sans attendre mes ordres, se précipita vers l’homme et le coinça dans ses bras.

- Bleu ? dit Bleu.

- Oui, dis-je, et c’était la peur qui parlait, du moins, j’osais croire. Tue-le.

Je fermai aussitôt les yeux, ne voulant voir ce qui allais suivre. J’entendis un petit cri de douleur, bref, puis un poids tomber au sol, et quelque chose m’éclabousser le visage. J’ouvris les yeux et passa un doigt sur ma joue ; du sang. L’homme au sol, à une dizaine de centimètre de mes pieds, avait exploser comme un ballon d’eau que, bien sûr, ce n’était pas de l’eau qu’il contenait.

Mais ce n’était pas moi qui l’avait tué ; c’était Bleu. N’est-ce pas ?

- Bleu, cette fois, c’est plus le temps d’attendre pour le plan parfait. Il faut qu’on sorte de se vaisseau, aussitôt que possible. Avant que quelqu’un n’arrive et voie... ça.

Je me risquai à regarder l’homme mort à mes pieds. Est-ce que c’était vraiment Bleu, ou c’était moi qui l’avait tué ?

- Rends-moi invisible, sauf aux yeux de mes amis. Et amène-moi à Rose, pour commencer.

Le temps d’un clignement d’yeux, je me retrouvai dans la salle, où tous les autres patients y étaient. Ça faisait tellement longtemps que je n’avais pas eu le droit d’y aller que je me demandais un instant où j’étais, avant de retrouver Rose et la Reine, assied face à face et jouant au scrabble, comme toujours. La Reine me tournait le dos, mais Rose me vit tout de suite.

- Bleu ! s’écria-t-elle avec un grand sourire.

- Chut ! dis-je en regardant nerveusement autour de moi. Fait comme si j’étais pas là !

Rose baissa aussitôt la tête et plaça le mot « haha » sur le plateau. La Reine leva les yeux vers moi alors que je m’asseyais sur une chaise entre elles.

- Pourquoi j’ai l’impression que nous sommes les seuls à te voir ? Et où est ton tuteur ?

- Parce que c’est le cas. Et je sais pas où il est.

- Je me demandai bien qu’est-ce qui t’étais arrivé, dit Rose.

- J’expliquerai plus tard. Seulement...

Je me retournai pour lancer un regard vers les tutrices de Rose et de la Reine, qui ne semblaient rien remarquer d’inhabituelle. Elles devaient croise que Rose et la Reine parlaient entre elles, tout simplement.

- Vous vous souvenez quand j’avais dit que Finlah voudrait me tuer prochainement ? Eh bien, c’est très, très prochainement. Il faut qu’on s’évade maintenant, ou se sera trop tard.

- Et comment on est censé faire ça ? demanda la Reine.

- Je sais pas, murmurais-je en baissant la tête.

Je fermai les yeux, essayant de réfléchir à la question. Je sentis quelque chose me toucher la joue et j’ouvris à nouveau les yeux, regardant Rose qui passait un doigt sur ma joue.

- Est-ce que c’est du sang, sur ton visage ?

- J’ai déjà dit que j’expliquerai plus tard !

Rose n’insista pas, essuyant de sang sur mon tee-shirt.

- T’as une idée, au moins ? demanda la Reine.

- J’y travaille.

- Encore une chance que tu sois invisible. Du coup, tu peux prendre tout le temps que tu veux.

- C’est vrai, t’as raison ! dis-je en souriant timidement. On peut dire que j’ai de la chance... une parmi toutes ces malchances.

Quelqu’un passa la porte de la salle, qui était à plus d’une dizaine de mètre de nous, mais je le remarquai aussitôt. C’était Finlah, courant presque vers la table où était rassemblé la majorité des tuteurs présents dans cette salle. Je me repliai aussitôt, me sentant proche de la panique, avant de me rappeler qu’il ne pouvait pas me voir. Il passa à côté de ma chaise sans m’accorder un regard, mais moi, je le vis bien ; lui, autant que moi, était tout près de la panique. Il avait dû remarquer que j’étais sortie de la pièce minuscule et tué un homme sur mon chemin... non, c’était Bleu qui l’avait tué, pas moi !

- Bleu tuer le méchant bleu monsieur ? dit Bleu en se penchant au-dessus de mon épaule.

- Non... pas maintenant, la salle est pleine.

- Oh tien, tu recommence à parler tout seul ? dit Rose, regardant les lettres devant elle.

- Je parlais à Bleu, dis-je en lui envoyant un regard noir.

- Mais c’est toi, Bleu.

- Je m’appelle Elwin !

Rose ouvrit la bouche, prête à répliquer, mais au même moment, Finlah fonça vers elle, agrippant mon dossier sans jamais se rendre compte que j’y étais. Rose referma aussitôt la bouche en levant les yeux vers lui, l’air aussi innocent que possible. Je me recroquevillai dans ma chaise, essayant de me faire aussi petit que possible.

- Ai-je entendu quelqu’un prononcer le mot « bleu » ? demanda Finlah d’un air légèrement paranoïaque.

- C’est ma couleur préférée ! dit Rose avec un grand sourire. J’aime Bleu. Je veux dire... (ses joues virèrent aussitôt au rouge) J’aime la couleur.

- La couleur, seulement ? répétais-je en faisant la moue.

Rose m’ignora du mieux qu’elle put, plantant ses yeux verts dans le gris de ceux de Finlah.

- Vous n’auriez pas vu Elwin, par hasard, hein ?

- Non, répondirent Rose et la Reine en même temps.

- Pas depuis plusieurs jours, soupira la Reine en plaçant un mot sur le jeu. Quand il aura le droit de venir ici ?

- Pas avant un petit moment, je le crains.

Apparemment convaincu qu’elles ne pourraient lui venir d’aucune aide, Finlah repoussa la chaise dont j’étais toujours assis dessus. Il figea en remarquant le poids, fronçant les sourcils. Il balaya l’espace de sa main, je m’éloignai aussitôt, ses doigts passèrent à tout juste deux centimètres de mon nez. Finalement, Finlah soupira et secoua la tête vivement, puis partie en courant vers la porte, avant de disparaitre dans le couloir.

- Il m’avait l’air un peu... à cran, dit la Reine.

Rose hocha la tête, avant de tourner les yeux vers moi alors que je m’installai encore une fois sur ma chaise.

Sans nous laisser le temps d’ajouter quoi que se soit, les tutrices de Rose et de la Reine venait à leur tour vers nous.

- Allez, il est temps de retourner à vos chambres.

- Déjà ? dit la Reine, alors que Rose se levait sans rien dire.

- Oui, Marie, déjà, dit sa tutrice avec indifférence.

- Allez, on discute pas ! dis-je en me levant de ma chaise, faisant de mon mieux pour ne pas la faire bouger. Plus vite vous y serez, plus vite on pourra partir sans être vu !

- Bon point ! dit Rose.

- Quoi ? demanda sa tutrice, qui l’entrainait déjà vers la sortie.

- Euh... je sais pas. J’avais envie de dire « bon point ». Je trouve que ça sonne bien.

- Je vous reviens tout de suite, dis-je en levant les yeux au ciel.

- OK !

- Mais arrête de me répondre, tu vois pas que ta tutrice te regarde comme si t’avais perdu la boule ?

Rose haussa les épaules, et la Reine lui envoya un regard noir. Elles sortirent en même temps de la salle, partant chacune d’un côté du corridor, alors que tous les autres patients attendaient leur tour pour passer la porte.

- Bleu, amène-moi à Sushi... on reviendra aux filles plus tard.

Le temps que je cligne des yeux, j’étais dans la chambre de Sushi, qui faisait... du yoga, ou quelque chose comme ça. Il avait les deux jambes autant écarté que possible et les bras en l’air, les yeux fermés.

- Sushi ?

Sushi ouvrit lentement un œil, puis baissa les bras.

- Salut, Bleu ! dit-il avec un grand sourire. D’où tu sors ?

- Nulle part, c’est pas l’important. Bleu, rends-le invisible. Et Sushi, maintenant, tu vas me suivre, parce qu’on part d’ici.

- Ah ouais ? s’écria Sushi dans un rire. Cool ! J’en avait marre, d’être ici. Tu te rends compte que j’ai même pas eu de petit déjeuné, hier ?!

- Ouais heu... J’en ai entendu parler, bredouillais-je. Tu me suis, là ?

Sushi se précipita vers moi, m’agrippant le bras de ses mains froides. Je serais les dents, me demandant où pouvait être mes chances de réussir avec un Sushi à ce point drogué. Si j’avais pensé que son don pourrait m’être utile, il fallait que je me fasse une idée ; j’étais le seul – Bleu était le seul – à avoir la moindre chance de réussir à nous sortir d’ici.

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