J'avais appelé ma mère pour qu'elle vienne me chercher, arrivant à peine à formuler deux phrases tellement j'étais sous le choc, mais la police était arrivée en premier. Ils avaient déboulé dans la chambre, pointant leur arme sur moi, me criant de ne pas faire de gestes, de garder le silence, que j'aurais droit à un avocat... Ils m'avaient passé les menottes et entrainé jusqu'à leur voiture. Ma mère, avec mon frère sur le siège passager, était arrivée à temps pour me voir embarquer, avec le policier derrière moi qui appuyait sur ma tête pour que j'entre. Ma mère était aussitôt sortie de la voiture et accourue vers les policiers, mon frère là suivant de près. La portière avait déjà claqué derrière moi, mais j'entendis tout de même très clairement :
- Qu'est-ce qui se passe ? rugissait ma mère qui envisageait déjà le pire. Elwin !
- Madame, dit l'un des policiers en s'avançant de quelques pas vers elle. Qui êtes-vous ?
- Je suis sa mère !
Elle m'avait pointé d'un doigt tremblant, et au même moment, ses yeux devenaient plus brillants.
- Madame, répéta le policier, il y a eu un meurtre, et tout porte à croire que c'est votre fils...
Il n'avait pas eu à terminer sa phrase, car ma mère éclata aussitôt en sanglots. Et moi aussi. Le policier entraina ma mère et mon frère vers un autre coin, et un autre policier vint au volant de la voiture et m'entraina jusqu'au poste de police, où je fus interrogée.
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Je... je sais pas.
- Tu ne sais pas, c'est tout ?
J'avais secoué la tête.
J'avais toujours les mains attachées par des menottes, les menottes elles-mêmes attaché à la table en métal qui me séparait des policiers. J'étais dans une pièce minuscule au mur de brique, où l'un des murs était barré d'un grand miroir, dont je savais que quelqu'un nous observait, caché de l'autre côté. Les deux policiers devant moi, ils faisaient clairement le bon cop bad cop, j'aurais pu en rire, mais tout ce que j'arrivais à faire, c'était de marmonner des réponses qui ne rimaient à rien et de faire de mon mieux pour arrêter de pleurer.
- Est-ce que tu as tué Suzie Longuy ?
- Non.
J'avais secoué la tête, essayant de leur faire comprendre, mais je répétais la même chose depuis plus d'une demi-heure et ils persistaient à croire que c'était moi, le meurtrier. Et puis, après tout, pourquoi ce ne serait pas moi ? La fenêtre, ainsi que la porte, était fermé, comme n'avait pas manqué de me le faire remarquer les policiers. Autre que moi, peut-être que ça aurait pu être Sasha, la mère de Suzie. Alors, pourquoi diable aurait-elle appelé la police si ç'avait été elle ? Une machination, pour faire croire que c'est moi, alors que pendant tout ce temps, ce serait elle, et alors, aucun soupçon n'irait sur elle. Mais c'était vraiment tiré par les cheveux. Il n'y avait qu'une seule possibilité, et c'était moi. Elwin Bowan, le petit ami de la victime, alors âgé de quatorze ans, aurait éventré Suzie Longuy lors de son dépucelage... ?
Pour au moins la cinquième fois de la soirée, j'avais éclaté en larme. Les policiers, dans leurs moments bad cop, en avait aussitôt déduit que j'essayais d'avouer, mais que l'émotion me nouait trop la gorge pour le dire. Hoche la tête. Hoche seulement la tête, et tu pourras sortie de cette salle.
J'ai hoché la tête.
Et voilà, c'était dit, j'étais officiellement le meurtrier. Officieusement, cette nuit-là restait toujours un mystère, car je sais que je n'avais pas tué Suzie. Je l'aimais. Pourquoi aurais-je voulu lui faire du mal ?
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Bleu
ParanormalTout ce que je souhaitais, dans la vie, se résumait à entrer dans l'équipe de soccer de mon école et passer de bon moment avec ma petite amie Suzie. J'étais assez populaire. J'avais une assez bonne façon de me faire remarquer, avec mes cheveux bleus...