Gadie
D'un coup de pied, j'ouvris la porte qui menait vers l'extérieur. Putain... J'étais toujours habillée comme un clochard... Un clochard mâle sérieux ! C'était la méga honte ! Je retins un rire nerveux. Heureusement que ce quartier était un peu Hype, aucun des gros lourds de ma zone ne risquait de me voir comme cela, ma réputation durement acquise en prendrait un sacré coup sinon. Je serrai le poing. La prochaine fois que je croise Laura je l'égorge !
M'adossant au mur de briques rouges, je sorti une clope du paquet aux reliures rouges et la glissai machinalement entre mes lèvres. Une flamme bleue s'échappa du briquet dans un crépitement pour venir allumer l'extrémité du cylindre d'herbes. J'inspirai un grand coup en fermant les yeux. La nicotine envahit doucement mes poumons. Enfin, je me détendais.
La rue était assez animée. La circulation était dense et des coups de klaxon retentissaient un peu partout dans un joyeux tintamarre. Le soleil, haut dans le ciel, venait mêler sa chaleur astrale à celle plus asphyxiante encore des pots d'échappements. L'atmosphère était étouffante. Lourde. Mais cela me faisait sourire, j'étais habituée à cette agitation. Je trouvais cela agréable, rassurant. Observer quelques chauffeurs se beugler dessus tandis que des piétons traversaient la rue à tout allure en tirant des gamins morveux par les oreilles avait quelque chose de très... humain.
Tout à coup, la porte s'ouvrit violement et s'explosa contre le mur, me faisant sursauter. De la cendre vint me bruler les doigts. J'émis une légère plainte. Purée, mais qui était l'imbécile né qui avait fait cela ?! Délicatesse ! Ce mot ne vous disait donc foutrement rien dans ce fichu monde ?!
- MAIS VA TE FAIRE FOUTRE SEBASTIEN !! hurla une voix, TU M'ENTENDS ?! VA TE FAIRE FOUTRE !!!
Raah... et moi qui cherchais du calme. Je glissai mon doigt brulé dans ma bouche pour calmer la douleur, puis jetai un coup d'œil sur ma droite pour tenter de distinguer l'être surexcité à qui appartenait cette voix décidément insupportable.
C'était une jeune fille. D'un geste rageur, elle raccrocha brutalement son téléphone et s'adossa au mur. Un lourd soupire s'échappa de ses lèvres. Je la dévisageai. Ses joues étaient rouges de colère.
Elle avait de long cheveux bruns et ondulés qui retombaient gracieusement sur sa poitrine. Son teint était légèrement halé et ses traits étaient fins. De fines touches de maquillage se décelaient sur son visage. Elle portait une courte robe en dentelle qui lui moulait le haut du corps et venait s'évaser au niveau de ses hanches, laissant entrevoir une magnifique paire de jambes longues et bronzées. Un lourd sac à main pendait à son épaule tandis qu'une élégante paire de chaussures à talons avait soigneusement été lassée autour de ses chevilles. L'ensemble de sa tenue semblait tiré aux quatre épingles. Je secouai la tête. Comment cette fille faisait-elle pour ressembler si parfaitement à une bimbo américaine ? L'archétype suprême de la gamine bourgeoise. Tout ce que je détestais en somme.
Pourtant je continuais à la fixer. M'avait-elle remarquée ou faisait-elle juste semblant de m'ignorer ? La seconde option ne m'étonnerait même pas... Je la voyais triturer rageusement son téléphone en marmonnant quelques paroles inaudibles. Elle releva les yeux et poussa un petit cri de surprise en croisant mon regard. Ah ben non en fait... Elle ne m'avait vraiment pas vu cette gourde.
Elle eut un sourire gêné tandis que ses joues s'empourprèrent légèrement. Arquant un sourcil, je portai ma cigarette à mes lèvres sans la lâcher du regard. Qu'est-ce la fifille à papa venait faire dans notre petit théâtre ? Surtout si c'était pour en ressortir en gueulant comme une furie...
- Euh... bafouilla-t-elle maladroitement apparemment confuse. Je peux t'emprunter une clope ?
Cette question me surpris. J'écarquillai les yeux. Tutuche fume ?! Ouah, c'est une vraie thug en fait ! J'eu un sourire amusé.

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Apparences
RomanceQuelle chance Gadie, petite frappe de cité mal-embouchée, et Mélina, fifille à papa arrogante, avaient-elles de se rencontrer ? Et quelle chance ces deux là avaient elles de s'apprécier ? Aucune me diriez vous. Et vous avez bien raison. Mais par m...