Chapitre 16

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Gadie

    Je donnai un coup de pied rageur contre la porte de bois. Bon, Miss Georgette la porte de placard, si tu ne te ferme pas immédiatement, toi et moi on ne va plus du tout être copines. Déjà que je suis loin d'être ta plus grande fan... Tu refuses ? Bon... Poussant un grognement étouffé, je m'appuyai de tout mon poids contre la paroi de bois. Pourquoi fallait-il toujours que les décors de théâtre ne rentrent jamais dans les placards ?! Non sérieusement, cela avait dû être fait exprès pour me pousser à bout, je ne voyais pas d'autres explications..! Raah..! J'offris un nouveau et splendide coup de pied à la malheureuse planche de bois. Un jour, je retrouverais celui qui a mis au point ce fichu meuble des enfers, et je lui dirais ce que je pense de son travail ! Une réorientation vers le haut d'une falaise avec des rochers bien pointus en contrebas serai carrément envisageable mon petit gars !

    Un faible clic se fit entendre. J'écarquillai les yeux. Non sérieusement ? Elle s'était fermée ? Lentement, je me décollais du meuble. Mon souffle s'était arrêté. Je n'osais pas respirer. C'était qu'elle était fourbe Georgette, très fourbe. Ma deuxième épaule se souleva du bois et je me dressai entièrement devant la porte. Cette dernière ne bougea pas. Elle resta close. Oui oui je vous l'assure, close. Et je n'avais même pas besoin de l'insulter ! J'eus un sourire victorieux. Eh bien voilà quand tu veux Georgette ! Avec un peu de volonté on arrive à tout !

    Entonnant un petit chant de gloire en mon honneur, je ramassai rapidement mon sweat vert vomi qui gisait sur le sol, puis entrepris de quitter au plus vite cette pièce maudite. Moi, de corvée de rangement..! Non mais qu'ils réessayent pour voir ! Parce que je venais de perdre cinq minutes précieuses de ma vie avec leur bêtises ! Cinq minutes ! Pour ranger trois planches en carton recouvertes d'une peinture immonde, et un tas de guirlandes tout aussi répugnantes. Tsss... À eux aussi il faudra que je dise deux ou trois trucs sur ce que je pense de leur travail ! Non mais sérieusement, j'aurais demandé à des gamins de maternelle de peindre ces foutues planches, le résultat aurait été plus concluant ! Parce qu'il faudra que l'on m'explique à partir de quel moment trois tâches de peintures roses et vertes fluo sont censées représenter la Terre. Je coinçai mon sweat sous mon bras en secouant la tête. En même temps je ne pouvais pas totalement leurs en vouloir, on ne pouvait pas tout avoir dans la vie. Soit on était vachement relou, soit on était doué pour la peinture. Eux, ils étaient vachement relou. Voilà c'était tout, ils n'avaient qu'à mieux choisir.

    Je poussai un soupir fatigué puis m'extirpai de la pièce. Enfin ! Mais alors que je m'apprêtais à fermer définitivement la porte de ce cauchemar théâtral, un vacarme assourdissant retenti à l'intérieur. J'eu un gémissement. Non... Ce n'était pas vrai..! Plissant les lèvres, j'ouvris lentement la porte du débarras. Si, c'était vrai... A l'intérieur, les décors gisaient lamentablement sur le sol, entremêlés dans un bazar affligeant de cartons et de rubans. Je m'avachi lourdement contre l'encadrement de la porte. Bon, Georgette, je ne te trouve pas hyper coopérative là...

-    Alors chérie, tu galère ?

    Je sursautai. Qui était l'imbécile qui se permettait de critiquer mon laborieux, mais pourtant sincère, travail ? S'il avait une meilleure idée pour ranger ce foutoir, je lui laissai le champ libre sans hésiter. Imbécile ! Je me retournai, prête à balancer un ou deux flot d'insultes soigneusement choisies à l'énergumène suicidaire qui avait oser interrompre ma profonde méditation, quand je me retrouvai nez à nez face au décolleté affriolant de Laura. Super, il ne manquait plus que celle-là. Je relevai les yeux vers elle. Ses cheveux dorés avaient été noués en une élégante tresse qui entourait avec grâce son visage trop parfaitement bronzé. Des bijoux imposants entouraient son cou et ses poignets, sublimant sa peau délicate. J'eus une moue. Sa beauté affolante pouvait sincèrement m'agacer à des moments. Toujours vêtue de son imposante robe de scène en mousseline, la grande blonde se planta devant moi et se mit à m'observer d'un air moqueur. Je soupirai.

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