Chapitre 11

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Gadie

La lourde porte de bois se referma derrière moi. Il était 14 heures. Tommy allait me tuer. Il allait même carrément me trucider et me réduire en pâté pour chat. Et cela allait faire mal. Très mal. Pourtant je ne regrettais pas. Non. J'étais même heureuse. Un sourire niait étirait mes lèvres.

J'avais passé presque trois heures chez Mélina. Trois heures que je n'avais pas vu défiler. Cette fille m'avait surprise. Agréablement surprise. Je n'aurais tout d'abord jamais pensé la recroiser un jour, et je n'aurais encore moins imaginé qu'elle puisse me reconnaitre et se souvenir de mon prénom.

Son regard m'avait perturbé. La fille prétentieuse que j'avais rencontré la dernière fois et qui m'étais restée en mémoire s'était rapidement effacée, cédant sa place à une demoiselle fragile, perdue et complétement brisée. Son regard m'avait perturbé car j'avais lu en elle un désespoir immense, un désespoir que j'avais moi-même connu. Son histoire m'étais tristement familière. Elle avait réveillé en moi une colère et une souffrance que je croyais avoir profondément enfoui.

Je me souvenais encore de ses mots, de son souffle, de ses paroles effrayées. Elle avait eu peur, elle avait tremblé. L'hésitation et le doute semblait s'être emparés de son corps. La méfiance et elle ne semblait faire qu'une. Pourtant, malgré tout cela, elle m'avait fait confiance. Elle m'avait parlé. Je n'étais assurément pas la meilleure en ce qui concerne les rapports sociaux, mais j'avais essayé de l'aider du mieux que je pouvais. J'ai essayé de la protéger, de la faire rire. Elle m'avait d'ailleurs quitté avec un sourire radieux. Son œil était cerclé d'un bleu mauve inquiétant et sa lèvre était enflée, mais malgré la douleur elle m'avait souris. D'un sourire éclatant, magnifique. Un sourire qui m'avais fait sourire moi aussi. J'avais, du moins en apparence, l'impression d'avoir réussi la mission que je m'étais confiée.

Il faisait chaud. Malgré ma casquette qui était toujours vissée sur ma tête, quelques rayons de soleil venaient me brûler les yeux. Mon front était en sueur. Je me réfugiai sous le toit de plastique qui ornait l'arrêt de bus. Un peu de fraicheur, par pitié ! Mon regard glissa vers le panneau d'affichage. La prochaine navette serrait là dans un quart d'heure. Niquel. J'étirai un pan de mon t-shirt pour m'éventer. Cette toile immonde qui me recouvrait retenais contre mon corps toute la chaleur et la sueur qu'il émanait. J'avais littéralement l'impression d'étouffer. Trois couches de vêtement, en plein été ! Tsss. On aura tout vu... !

En soupirant, je m'affalai contre la parois. Enfin, je pu retirer ma casquette. J'étais en nage. Une faible brise vint délicatement ébouriffer mes cheveux. Je passai une main sur mon crâne pour les aérer. Je sentais le vent frais lécher mon visage. Je pouvais respirer.

Je posai mon regard sur mon pitoyable couvre-chef. Bon. Peut-être que je m'étais un tout petit peu emporté. Non seulement je ne lui avait toujours pas dit que j'étais une fille, mais en plus je l'avais baratiné comme un mec minable l'aurais fait. Je passai une main sur mon visage. Pourquoi avais-je agis de manière aussi pitoyable et ridicule ? Ce n'étais pas pour gâcher mon petit plaisir mais sur ce coup-là il fallait quand même avouer que j'avais un peu gaffé. Même carrément. Parce qu'après avoir passé trois heure à lui faire croire que j'étais un homme, revenir et lui avouer la vérité... ben cela ne le faisait pas trop... Le peu de confiance qu'elle m'avait accordé s'envolerait rapidement, c'était une certitude. Mais bon, en y réfléchissant bien, lui dire dans l'état où je l'ai trouvé que je lui avait menti sur toute la ligne n'aurais sûrement pas été la meilleure des idées... et également le cadet de mes soucis. Donc je n'avais pas si mal agis... Si ?

Je poussai un grognement. Avec tout cela, j'en avais complétement oublié Tommy et sa foutu bande sonore. Je n'imagine même pas le sorts qu'il me réservait... Non que ce gringalet me fasse peur, mais un peu quand même. Enfin, disons que je redoutais surtout sa colère. Parce qu'on ne dirait pas comme cela, mais Tom-Tom... ben il envoi de la gomme !

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