Chapitre 13

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Mélina

J'éteignis mon téléphone portable et le jetai sur la table basse du salon. La pauvre était en piteux état. Sébastien ne l'avait pas raté elle non plus... J'avais réussi à recoller quelques morceaux mais les pieds restaient malgré tout affreusement bancals et une fissure traversait le verre central. J'étais décidément une pitoyable bricoleuse... Enfin, en même temps je n'en avais jamais vraiment douté.

Les rayons du soleil filtraient à travers les rideaux du salon. Il faisait chaud, trop chaud pour un après-midi d'été. Et je m'ennuyais terriblement.

Sébastien m'avait assailli sous les appels et les messages. Le salaud. S'il croyait que j'allais répondre après ce qu'il m'avait fait ! J'étais assurément une cruche mais ma débilité avait tout de même ses limites. Je m'étais d'ailleurs empressée de le bloquer. Je ne voulais ni le voir, ni l'entendre. Des explications... Tsss... Quel enfoiré ! Il n'y avait aucune explication à son geste. Aucune !

Je saisi la télécommande et allumai l'écran plat accroché au mur face à moi. Un soupire s'échappa de mes lèvres. A cette heure-là, il n'y avait que des émissions stupides ainsi que des feuilletons américains débiles et coulants... Rien de mieux pour s'abrutir l'esprit en somme. Mais bon, mon cerveau était déjà bien atteint, et je ne savais franchement pas ce qui pouvait l'endommager d'avantage...

Mon regard se posa une nouvelle fois sur mon téléphone. Je n'avais pas eu de nouvelles de Gady non plus. Rien. Cela faisait deux jours. Deux jours... Mais je le comprenais, le triste spectacle que je lui avais offert avait dû le dégouter. J'avais déjà l'air naturellement pitoyable mais là... Je doutais fort le revoir un jour... Pourtant il avait été si gentil. Peut-être même trop gentil pour être sincère... Tsss... J'étais stupide de m'attacher ainsi aux gens. Je n'apprendrais donc jamais de mes erreurs ! Je passai une main sur mon front. Tu es vraiment trop naze ma pauvre Mélina. Naze.

En poussant un nouveau soupir, je m'enfonçai dans le canapé. Jennifer, mascara dégoulinant et décolleté ravageur, était en train d'avouer en larme à un Brandon blanchi au Colgate que, même si elle était la fille ainée par alliance de son cousin germain autrichien et bouddhiste, elle ne pouvait lutter contre cet amour ô combien fort qu'elle éprouvait si douloureusement à son égard et qu'elle lutterait, quitte à sacrifier son énorme paire de seins siliconés, pour rester à ses côtés. Et tout cela sous une pluie torrentielle. Wow... Cela aurait été vraiment trop dommage que je rate cette perle unique et spectaculaire du septième art. Surtout avec les talents de ces deux fantastiques acteurs photoshopés... Arrrh.... Je m'enfonçais un peu plus dans les coussins. Quelle journée pourrie. Mon âme était à la limite de s'effondrer de désespoir devant cette désolante démonstration de la bêtise humaine.

Alors que Brandon embrassait langoureusement Jennifer, toujours sous une pluie décidément spectaculaire, un ding-dong insupportable se mit à retentir dans l'appartement. J'haussai un sourcil. Mon père ne devait rentrer que dans deux jours. La sonnerie s'intensifia. Je me redressai du canapé, interloquée et agacée. Qui était cet imbécile qui s'acharnait ainsi sur la sonnette ?! Le bruit envahit l'appartement et vint bourdonner dans mes oreilles. Raah... ! Je poussai un grognement en me levant, puis allai appuyer sur l'interphone.

- Oui ?!

- Mélina ?! Ah ! Ravie de voir que tu es toujours en vie depuis la dernière fois ! s'exclama une voix à travers le haut-parleur, je peux entrer ? J'ai un truc à te montrer !

Je plissai les yeux. Cette voix me rappelait quelqu'un, mais qui ?

- Euh... Moi je veux bien mais tu es qui ?

- Quoi ?! Mais tu ne reconnais pas la voix douce et délicate de ton prince charmant ?! Ah ! Mon cœur saigne de douleur et de honte... !

- Gady ?!

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