chapitre 3

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PDV FLY

Bon sang, pourquoi est-ce que j'ai l'impression que c'est un signe, qu'elle m'était prédestinée ?
Je ne peux pas m'imaginer un avenir avec elle, alors que je la connais seulement depuis hier et qu'elle, elle me connaît depuis ce matin seulement.

C'est absurde.
Tout ceci est absurde.
Ce gars, qui la trompe.
Elle, ivre dans le bar pour lequel je bosse.
La voir se réveiller dans mon lit.

Oh.
Merde.

- Est-ce que je peux...utiliser ta salle de bains ? demande-t-elle.

Elle tente de se cacher le mieux possible avec ma couette.
Ses cheveux lui collent aux joues et son mascara est dans un piteux état.
Ray a raison : l'amour rend beau.
N'importe qu'elle autre personne serait minable à sa place, mais elle, elle illumine la pièce, tout comme hier soir.
Son amour envahit les lieux, il est tenace, éblouissant.

Je lui désigne la salle de bain du menton en disant :

- Je t'emmène petit-déjeuner après.

- Oh non. Non ce n'est pas la peine, je vais...

- Tu n'as nulle part où aller, ne soit pas idiote : je vais me charger de toi le temps que tu te trouves un nouvel appart.

- Je peux me payer un hôtel.

- Oui, tu pourrais. Mais tu pourrais aussi profiter d'une maison en bord de plage, gratuite.

- Je suis okay pour le petit-déjeuner. Ta maison est vraiment en bord de plage ?! Je n'y crois pas, on est où au juste ? Et puis comment tu peux te payer une maison, tu es encore jeune...

- On en parlera en mangeant, je ris, d'accord ? Tu devrais aller prendre une douche.

Ses yeux m'implorent de partir.
Je décide que sa pudeur me plaît, et je la respecte en quittant ma chambre.

***

- Fly !

Je retrouve Sky, vêtue d'une de mes serviettes, debout sur le seuil de ma porte de chambre.

- Tu aurais des vêtements ? me demande-t-elle.

- Evidemment que j'en ai ! Je les porte.

- Fly...

- Je ne te promets rien, annonçai-je en quittant de nouveau la chambre.

Je me dirige vers la porte de chambre d'Arizona, Sky sur les talons.

- Vous êtes donc deux, ici ?

- Quatre. Si on te compte.

La chambre de ma sœur est un vrai souk : son lit n'est pas fait, des vêtements et des livres recouvrent la totalité du sol et des toiles sont amassées ici et là.

- Vous avez une artiste parmi vous ? veut savoir Sky.

- Elle dit que c'est trois fois rien, qu'elle fait plus ça par ennui que par passion, expliquai-je en cherchant des vêtements dans l'armoire.

Je trouve une petite jupe blanche et un débardeur noir, que je tends à Sky.

- Je ne pense pas qu'elle voit un inconvénient à prêter ses affaires.

- Il faudrait que tu me conduises au bar, j'ai ma valise dans le coffre de ma voiture.

- On ira cet après-midi. File te changer.

Elle rougit légèrement au souvenir de sa presque nudité, mais s'empresse de le cacher en tournant les talons vers ma chambre.

- Qui est l'autre personne qui vit dans cette maison ? demande-t-elle à travers la porte close.

J'aime son indiscrétion, surtout le fait qu'elle ne se rende même pas compte d'à quel point c'est indiscret.

- Mon ami, dis-je. Matthys. Il est...spécial.

- Spécial dans le sens "spécialement cool" ou "spécialement relou" ?

- Les deux ?

Il y a un long silence pendant lequel je l'entends remonter la fermeture de la jupe.
Elle ouvre la porte lentement, tout en demandant :

- Tu devrais te méfier. Un jour, ton pote pourrait avoir envie de se taper ta copine.

Je ne comprends pas de suite ce qu'elle me dit, parce que bon sang : ce que ces habits lui vont bien.
Tellement plus beaux sur elle que sur Ari...

- Ma copine ? demandai-je en la dévorant du regard.

- Oui, l'artiste.

Cette fois, je décroche mon regard de ses jambes et explose de rire.

- Arizona est ma sœur.

- C'est de famille les prénoms géniaux ?

- Et toi ?

Je l'invite à me suivre hors de la maison.

- Comment va ta gueule de bois ?

- Tu aurais des lunettes de soleil ? Mes yeux vont fondre.

Je lui tends les lunettes que j'avais déposées sur ma tête.

- Où est-ce que tu m'emmènes ? demande-t-elle alors que je ferme la maison à clef.

Elle se détourne seulement maintenant et ses yeux s'illuminent à la vue de l'eau, du sable.

- Merde...on est où ?

- Bienvenue dans le New Jersey, beauté.

- Un, ne m'appelle plus jamais "beauté". Deux, où allons-nous ?

- Un resto à cinq minutes de marche d'ici.

Elle me regarde comme si je venais de lui offrir le plus cadeau de l'univers.

- On va marcher dans le sable ?

- Hum...oui. Ma maison est en bord de plage, impossible d'esquiver le sable dans la bouche, dans les cheveux, sur les habits...c'est une vraie galère sur les vêtements !

- Fly ! C'est génial. Ma vie est géniale, je ne pouvais pas mieux tomber.

Si seulement, c'était moi qui rendais sa vie géniale...
Non, c'est le sable.
Je lui offrirais des déserts entiers riens que pour la voir sourire à grandes dents ainsi.

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