chapitre 2

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PDV SKY

Je n'ai jamais eu aussi mal et à autant d'endroits à la fois, de ma vie.
J'ai mal à la tête, au ventre, aux seins, aux jambes...
Est-ce que j'ai déjà parlé de mon mal de crâne ?
Oh et mes paupières ne tiennent pas ouvertes plus de trois secondes !
Mon mal-être n'est pas en accord avec la douceur du matelas, des draps...
Je suis bien, tout en étant dans un piteux état.
Quel euphémisme !

J'essaie de me souvenir des jours qui ont suivi mon départ de chez moi.
Il me semble que ça remonte à un mois.
J'étais déjà ivre en partant.
Je ne sais pas pourquoi j'avais jeté mon dévolu sur l'alcool, je n'avais jamais bu avant.
J'imagine que je le prends pour coupable, Dan buvait sans arrêt, de jour comme de nuit.
Je prends tout ce qui passe pour coupable.
Je prends la vie pour coupable.
Je prends Layla pour coupable.
Je prends la colocation pour coupable.
Je prends l'appartement pour coupable.
Je prends la drogue, l'alcool, les bars, les soirées auxquelles Dan allait pour coupables.
Mais je ne prends pas le plus coupable pour coupable : Dan.
Je lui cherche encore des excuses, malgré ce qu'il m'a fait subir.

Je finis par réussir à ouvrir les yeux sans les refermer dans la seconde, au bout d'une bonne heure.
Je découvre avec stupeur que cette chambre est beaucoup trop personnelle pour être une chambre d'hôtel, que je ne suis ni chez moi, ni chez une amie.
Je m'assois un peu trop vite, manque de m'évanouir, respire.

Mon cerveau met un certain temps à analyser la situation : j'ai complètement merdée.
Mon but en fuyant Manhattan n'était en aucun cas de me retrouver dans le lit du premier trouvé.
Bien au contraire !
Je devais couper les ponts avec la gente masculine, même étant bourrée, je ne comprends pas comment j'ai pu dériver si vite.

La porte s'ouvre à la volée, je n'ai pas le temps de réagir qu'un garçon débarque.
Cheveux bruns, une paire de lunettes recouvrant ses yeux noisette.
Pour seul vêtement, il porte un boxer.

A ma vue, il se stoppe net dans son mouvement.

- Oh, je ne m'attendais pas à ce que tu te réveilles si tôt. Je venais juste me chercher des fringues.

Je fronce les sourcils tandis qu'il se passe une main dans les cheveux.
Comment est-ce que j'ai pu me laisser avoir par ce crétin ?
Ce crétin ultra sexy...
Oh la la, j'ai une énorme gueule de bois.

Il vient s'asseoir au bord du lit.
Je me rends compte à ce même moment que je ne porte pas mes vêtements.
Je ne suis vêtue que d'une chemise blanche et de ma culote.
Je n'ai même plus de soutien-gorge !
Sentant mon désarroi, le garçon se racle la gorge et explique :

- Ce n'est pas aussi pervers que ça en a l'air. Tu t'es vomi dessus hier soir et...

- Et ça te donne le droit de me déshabiller ?!

- On était dans le noir, je n'ai rien vu. Je t'assure qu'à aucun moment j'en ai profité !

- C'est censé me rassurer ?

Je me passe les mains sur le visage.

- J'ai une migraine d'enfer.

Il se retient de rire.

- Quoi ?

- Rien.

- Mais si, vas-y ! Dis-moi, que je me marre aussi.

- Tu étais vraiment défoncée hier soir...

Il éclate franchement de rire cette fois.
Ça me fait froid dans le dos.

- Attend, soufflai-je, est-ce qu'on a...

- Quoi ?

Devant mon air abattu, il ne peut s'empêcher de rire encore plus fort.

- Est-ce qu'on a joué au scrabble ? Non. Tu peux dessaouler tranquille.

- T'es qu'un...

- Abruti ? Tu me l'as répété pas mal de fois hier soir...

- J'ai horreur qu'on me...

- Coupe la parole ? Je sais, ça aussi tu me l'as dit.

J'enfonce la tête dans le coussin le plus proche et crie de toutes mes forces.
Pas bonne idée : ma tête va littéralement exploser.

- D'accord, d'accord. Qu'est-ce qu'il s'est passé hier ?

- Tu m'as pris pour un autre.

- Ah ?

- Un gars qui t'a trompé...

- Oh, bon sang.

Il tente de prendre ma main dans la sienne, mais je m'écarte vivement.
Tellement vivement que mon crâne cogne la tête de lit.

- Je suis vraiment quelqu'un d'horrible, dis-je.

- Mais non...

- Je suis certaine que je t'ai craché plein d'insanités au visage...

- Mais ces insanités ne m'étaient pas destinées, alors qu'importe.

- Vous n'étiez pas obligé de faire tout ça pour moi.

- Vous ? On retourne au vouvoiement ?

- C'est trop bizarre de vous tutoyer alors que je ne vous connais pas.

- On a passé la soirée ensembles !

Cette situation est digne des plus honteuses.
Je ne me suis jamais sentie aussi humilié.
J'ai confondu le plus gros des connards avec un gars qui ramène une fille chez lui, uniquement pour la faire dormir et dessaouler.
Je ne sais même pas où je me situe sur la carte.
Je ne sais pas le nom de cet homme, ni où se trouve ma voiture.
Et je voulais de l'indépendance en quittant mon domicile ?
Ça commence super bien !

- Comment est-ce que vous...tu...t'appelles ?

- Fly.

Je hausse les sourcils.

- Je sais, c'est assez immense comme prénom. C'est bizarre de s'appeler "voler", mais je le porte plutôt bien. Enfin, je fais avec.

- On n'a pas d'autres choix que de faire avec quand on a un prénom unique. Si on en a honte, il perd tout son sens.

- Je suis sûre que tu t'appelles Léa, ou Sofie. Je suis certain que tu n'as pas un prénom hors du commun à te coltiner, ce qui expliquerait ton résonnement, parce que tu n'y connais absolument rien. Tu n'as jamais eu affaire aux moqueries, aux blagues en tous genres, du style : " a believe a can Fly. "

- Oh non, j'ai plutôt eu le droit aux blagues du style : " i believe i can touch the Sky. "

- Ne me dis pas que tu t'appelles...

- Je m'appelle Sky. Comme ciel, oui.

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