chapitre 22

1.4K 184 9
                                    


PDV SKY


Le trajet du retour s'est fait dans le plus grand des silences, Dan regardait par la fenêtre et je me concentrais sur la route, sur mon père dans le New Jersey...

Quand je suis montée rejoindre mon appart, je n'ai pas hésité : j'ai pris ma valise déjà faite, mes clefs de voiture et mon téléphone.
Quand j'ai dévalé les escaliers, Dan sur les talons, je me suis demandée si je le voulais vraiment à mes côtés là-bas.
La réponse m'est vite parvenue : oui.
Oui, je le voulais partout.
Mais il n'avait plus pipé mot depuis l'appel et je ne savais pas vraiment s'il comptait me suivre.

J'ai ouvert ma voiture côté passager, ouvrant ma portière de l'intérieur et quand j'ai fait le tour pour rejoindre ma place, Dan m'a lancé :

- Tu reviendras ?

Alors ainsi, il ne voulait pas me suivre.
Bien.

- Comme toujours.

Puis j'ai démarré en me traitant d'idiote.
Je n'étais qu'une pauvre imbécile à continuer de croire que Dan m'aimera un jour, me portera l'intention dont j'ai besoin...
La réalité, c'est que je suis revenue dans sa vie pour une nuit et qu'il en a été ravi, mais qu'il en trouvera une autre ce soir.
Je ne suis pas importante à ses yeux et je dois arrêter de penser le contraire.

Me voilà à présent au volant de ma voiture, sur l'autoroute, musique à fond.
Le temps pourrait s'arrêter, s'accélérer, je ne m'en rendrais même pas compte.
Parce que là, tout de suite, je ne pense ni à Dan, ni au fait que je vais retrouver Fly, ni à mon père.
Je pense à la musique qui transperce mes oreilles et à ma voiture qui file, toujours plus rapide.

                                  ***

Certes, retourner chez Fly après toutes ces péripéties n'est pas l'idée du siècle.
Mais mon père veut me retrouver à son bar.
Impossible de ne pas rencontrer Fly, il y travaille le soir et il est... 00h00 !

Quand je gare ma voiture face au bar, je perds toute notion du temps et tout mon self-control.
Je vais revoir Fly.
Et je me rends alors compte que c'est le fait de voir Fly qui me met dans tous mes états et non pas l'idée d'enfin rencontrer mon père.

La porte tinte quand je pénètre à l'intérieur de la brasserie.
Le barman est de dos, lavant les verres qui ont étaient salis au cours de la journée, il ne m'a pas entendu entrer et j'hésite franchement à faire demi-tour quand une main se pose sur mon épaule.
J'en pousse presque un cri de stupeur.

- Sky ?

C'est un homme, la trentaine.
Cheveux blonds, longs et yeux verts.

- Je...hum.

Ces cheveux que je déteste tant sur moi... mais qui lui vont tellement bien à lui.

- Tu es revenu ?

Qu'est-ce qu'il entend par là ?
Il n'est pas censé savoir que...

- Et...vous êtes ? je demande sur mes gardes.

Peut-être que je me suis trompé de personne.

- Raymond Blake, un... on peut dire ami de Fly. Il m'a beaucoup parlé de toi, mais... je croyais que tu étais parti !

Je suis prise au dépourvu.
Non seulement je suis à présent certaine qu'il est mon père et lui, ne s'en doute pas une seule seconde, mais en plus il a un lien avec Fly.
Pourquoi est-ce que toute mon existence se ramène à Fly ?!

- J'imagine que tu es revenue pour lui, s'extasie-t-il.

Je jette un petit coup d'œil par-dessus mon épaule, Fly se serre un verre d'eau et ne nous prête pas la moindre importance.

- En fait, n...

- Ray ! Tu veux que je te serve autre chose en l'attendant ? cri soudain Fly à travers tout le bar.

Le trentenaire à l'air confus, son regard passe de mes yeux à mes cheveux tout à coup, comme s'il se rendait soudain compte de quelque chose.

- Attends une seconde, murmure-t-il pour lui tout seul en m'observant de haut en bas.

Je suis persuadée que mon cœur a cessé de battre, parce que mon père me regarde, vraiment.
Pour la première moi.
Je ne suis peut-être pas à mon avantage, à vrai dire je ne sais pas comment on est censé se tenir face à un père.
Alors je croise et décroise les doigts en observant le plafond.

- Sky Emily Blake ?

J'abaisse la tête, à peine.
Je fixe ses yeux trop verts et il fixe les miens.
Et je sens que tout l'univers s'est stoppé pour de bon, parce qu'il met un temps fou à comprendre, à me prendre dans ses bras et caresser mes cheveux.

- Je crois que c'est bon, dit-il à Fly, je crois qu'elle est enfin là... oh bon sang Sky, Sky, Sky.

Et il répète mon nom à l'infini, tandis que je ne suis plus qu'un tas de larmes et de gémissements dans ses bras.
Il me serre de toutes ses forces, me murmure :

- Tu sens incroyablement bon.

Et je rétorque :

- Je dois tenir ça de toi.

Il semble apprécier ma répartie, parce qu'il me serre encore plus fort ensuite.

Les gens ont tendance à oublier l'importance d'un parent dans la vie d'un enfant.
Une caresse de papa ne voudra jamais toutes les autres caresses au monde.
Un bisou de maman ne voudra jamais tous les autres bisous de l'univers.

Je me sens tellement bien en cet instant que j'en perds les mots, j'oublie comment lui parler, lui dire que j'attends ce moment depuis ma naissance.
J'oublie comment bouger, mes muscles sont inexistants, je suis certaines qu'ils ont fondus sous ma peau.

Des pas dans mon dos me ramènent à la réalité, parce que je sais que c'est Fly qui se dirige vers nous, pour rencontrer la fille de son ami.
Je sais qu'il va me reconnaître, qu'il va être blessé plus que jamais de mon retour et je suis terrifiée à l'idée de voir ses yeux tristes.

Je m'écarte vivement de mon père.

- Sky ?

Pas besoin de me retourner, à l'intonation de sa voix, je sais pertinemment qu'il m'a reconnu.

BLUESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant