BLUES

chapitre 16

PDV SKY

J'ai trouvé l'appart vide.
Plus aucun vêtement à moi par terre, plus de télé, plus de micro-onde et encore moins de lit.

Layla a bougé elle aussi et je me demande si elle s'est installée avec Dan, j'espère.
J'espère que Dan ne m'a pas trompée pour un coup d'un soir, qu'il va mieux agir avec Layla.
J'ai encore envie de croire en lui, en sa faculté à aimer...

Quand j'ai ouvert ma chambre, j'ai pensé y trouver un vide infernal, étouffant.
Comme tout cet appartement.
Mais non, tout y était intact.
Mon lit était fait, mes meubles étaient tous en places et mon bureau n'attendait que moi.

Layla avait déménagé, mais elle me laissait les clefs.

Alors je me suis assise sur mon lit, ma valise à mes pieds et je n'ai plus bougé.
Mon téléphone sonne, chaque jour, chaque nuit.
Et je n'ai pas besoin de regarder l'écran pour savoir qui s'est, je n'ai pas besoin de décrocher pour savoir ce qu'il a à me dire.
Alors j'ai fini par l'éteindre, me rouler en boule dans ma couette et je ne bouge plus d'un poil.

J'ai rejeté la seule personne encore capable de m'aimer.
Je n'ai pas de père, mon copain m'a trompé, ma meilleure amie m'a lâché et ma mère n'est au courant de rien.
Elle n'a pas donné signe de vie depuis plus de trois mois et je sais pertinemment que si je ne l'appelle pas, elle ne le fera jamais.

Parfois, quand j'ai un peu de temps, je me pose certaines questions :

Qu'est-ce qui cloche chez toi ?
Réponse : tout.

Qu'est-ce qui te perturbe autant ?
Réponse : Fly.

Quel est ton problème avec l'amour ?
Réponse : Dan.

Est-ce que tu regrettes, est-ce que tu voudrais retourner auprès de Fly et lui avouer qu'il te plaît ?
Réponse : joker.

Et ainsi de suite...

Avec toujours cette même conclusion : j'ai clairement merdé.

                               ***

Quelqu'un sonne à la porte.
Je me mets de suite à m'imaginer un tas de choses.

"Et si c'était le propriétaire ? ", "Et si c'était Layla qui changeait finalement d'avis et revenait vivre ici ? ", "Et si c'était Fly, qu'il m'avait retrouvé ? "
Et si, et si, et si...

Mais quand j'ouvre, c'est Dan.
Dan dans toute sa grandeur, toute sa beauté, toute sa...
Bon sang, j'ai Dan face à moi.

Je regrette de ne rien avoir avalé depuis plus de trois jours, parce que je sens que je vais m'effondrer.
Je me sens beaucoup trop faible face à lui, trop vulnérable, c'est trop tôt, beaucoup trop tôt.
Je n'étais pas préparé à le revoir un jour.

A l'extérieur je suis pétrifiée, je n'ose faire un mouvement, ma bouche refuse de s'ouvrir.
Mais à l'intérieur, je hurle, je hurle ma souffrance, ma peur, mon envie de le serrer dans mes bras.
Je ne bouge pas et je ne compte pas bouger.
Il va se lasser, tourner les talons et ne plus jamais revenir.

Pourtant, il finit par rompre le silence, un peu sur ses gardes :

- Sky ?

Ses sourcils n'ont jamais été aussi froncés, sa voix aussi inquiète, son visage aussi expressif.
Il n'a jamais été aussi peu sûr de lui.

- Dan...

C'est un simple chuchotement, un souffle, un murmure.
Comme pour être certaine qu'il est bien là, bien réel et que je sache encore parler.
Mais il ne lui en faut pas plus pour dépasser le seuil, claquer la porte derrière lui et me prendre dans ses bras.