PDV FLY
Elle est belle tout le temps.
Quand elle est ivre dans un bar, quand elle sourit en voyant sa voiture, quand elle rit à l'une de mes blagues, quand elle est mélancolique en écoutant une musique...Elle.
Est.
Sublime.Si Arizona la peignait, là, en cet instant, on pourrait y voir de la vie, de l'amour.
On pourrait y voir le monde à travers ses yeux et la galaxie dans le reflet de ses dents quand elle rit aux éclats.
Mais il n'y en aurait jamais assez dans une peinture, ou encore dans une photographie.
Parce qu'il y a toujours plus que les mots, les représentations et les schémas.
Il y a son corps qui s'allonge sans un bruit sur mon lit, il y a son souffle qui fait voler ses cheveux, il y a une larme rebelle qui quitte son œil droit, il y a le bruit de la plage dehors, les oiseaux qui sifflotent et moi qui la regarde.
Il y a Doc et sa delorean qui vont vers le futur, il y a la nuit qui tombe, le vent qui souffle contre les vitres et le monde qui ne cesse de tourner.Et il y a Sky, au milieu de tout ça.
Sky qui sert de pilier, qui permet au monde de continuer, de ne rien lâcher.
Sky qui a tout perdu : son copain, sa coloc, son appart, son bonheur et son indépendance.
Mais qui pourtant est bien là, bien vivante et qui continue de se battre.
Parce qu'il ne lui reste que ça : sa force, son envie d'avancer.- Désolé, dit-elle en se redressant.
Je m'assois à ses côtés et lui dit :
- Tu sais...je commence à avoir l'habitude de voir des gens tristes.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Disons que...je n'ai pas eu une enfance bien tranquille, dans une famille bien précise et que des personnes détruites, j'en ai vues passer !
- Tu es orphelin ?
Je ne sais pas si c'est le bon mot, je n'ai jamais su.
On est orphelin si nos parents sont morts, hors les miens, je ne sais pas ce qu'ils sont.
Alors je suis peut-être juste abandonné, ou tout simplement rejeté, pas aimé.- Je préfère utiliser le terme : "vagabond". C'est plus vaste.
Elle n'ose plus me répondre, alors je lui dis :
- Tu devrais peut-être dormir.
Elle se lève et commence à se diriger vers la porte.
- Toi, tu dors ici, dis-je. Je prends le canapé.
- Non, Fly. Je peux très bien dormir dans le salon, ça ne va pas me tuer. Et puis mon lit à Manhattan n'était pas des plus confortables, je suis habituée !
Je lève les yeux au ciel et ouvre la porte en disant :
- Raison de plus pour que tu profites d'un bon matelas. On commence l'écriture des partitions demain, tu dois être au meilleur de ta forme.
Elle souffle de mécontentement.
- Ou sinon, je peux tout aussi bien dormir avec toi sur ce lit, je la taquine.
Elle se fige.
Et je comprends alors qu'il est trop tôt pour la drague, même de la fausse drague.
Elle n'est pas prête à accueillir un homme dans son lit, encore moins dans sa vie et dans son cœur.
Ça saute aux yeux et moi, je mets les pieds en plein dedans !- Ou sinon, je reprends, tu peux dormir sur mon lit et je prends la chambre d'Ari. Elle n'y verra aucun inconvénient, je suis son frère.
Ses épaules s'abaissent un peu et je peux de nouveau sourire sans risquer de passer pour un malade mental.
- Oh et...tu peux écouter des cassettes pour t'endormir si tu veux.
- Ecouter de la musique, pour m'endormir ? Tu t'endors avec du bruit ?
Je hoche la tête.
- Tu es fascinant.
- Merci.
- Ce n'était pas un compliment. Plutôt...un constat.
- Et que déclare ton constat ?
- Tu n'es pas humain, je ne vois rien d'autre.
Je ri de bon cœur.
- Je me suis toujours demandé si je n'étais pas un robot. Voilà pourquoi je n'ai pas de parents ! Je suis fait de fer et de vis.
- Mmmh, ça expliquerait pas mal de chose, en effet.
Elle va de nouveau s'asseoir au bord du lit et semble sur le point de me virer quand elle murmure :
- Je suis vraiment fascinée par le fait que tu arrives à t'endormir avec de la musique.
- Quand j'étais plus jeune, les foyers qui m'accueillaient ne respectaient pas forcément mon sommeil et faisaient beaucoup de bruit. Ma petite sœur n'était encore qu'un bébé et pleurait sans arrêt. Je n'avais pas le choix, il fallait que je me fasse au bruit et que j'arrive à dormir avec.
Elle se tripote les mains, je poursuis :
- Je crois qu'on peut se faire à tout. On peut se faire à l'idée qu'une personne est morte, ça s'appelle un deuil. On peut se faire à l'idée qu'une personne nous a lâchée, nous a abandonnée, ça s'appelle de l'acceptation. On peut se faire à un tas de choses et un jour, ces choses, on y repense et on en rigole.
- Difficile de rire d'une personne morte, dit-elle.
- On peut toujours essayer, ça rend les choses vachement plus gaies !
Elle me sourit en retour et dit :
- Je vais finir par me faire à l'idée que je ne suis plus avec Dan et ce jour-là, je serai libre. Libre de vivre, libre d'aimer, libre de rire.
Dan.
Ainsi, le Trompeur s'appelle Dan.- Je trouve que pour l'instant, tu t'en sors plutôt bien, je lui avoue. N'importe qui serai effondré à ta place et ça ne serai absolument pas déplacé.
Elle se laisse tomber sur le dos en soufflant :
- Merci, Fly. Pour tout.
J'ouvre la porte en grand et annonce :
- Je vais travailler. Si tu as besoin de quelque chose, demande à Mat'. Il n'est pas si horrible qu'il en a l'air.
Sky hoche simplement la tête, en me remerciant de nouveau du bout des lèvres.
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BLUES
RomanceQuand Fly rencontre Sky, elle est ivre, triste et son cœur semble brisé à jamais. Mais malgré sa peine immense, elle reste la plus jolie femme qu'il n'ait jamais vue. Il lui propose alors son aide et à partir de là, les deux jeunes adultes vont app...