chapitre 26

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PDV MATTHYS


Je me suis toujours débrouillé pour garder les pieds sur Terre et rire de cette Terre de merde, de ce monde de merde.
Mais là, avec Sky à l'autre bout de la maison, c'est impossible.
Elle me rend fou sans que je sache trop pourquoi.

Elle est un peu comme le soleil et ses planètes qui lui tournent autour.
Sans le faire exprès, Sky nous attire tous : Fly, Ari, moi...
Et je suis bien placé pour dire que c'est contre notre grès.

Elle est tellement brisée qu'on ne peut risquer de la rabaisser encore plus, elle est déjà tellement bas, tellement mal.
J'ai essayé de la détruire plus qu'elle ne l'est, tout ce que ça a donné, c'est un regard dégoûté.
Je suppose que je voulais simplement la réveiller, lui prouver qu'elle peut être encore plus mal si elle ne fait pas d'efforts.
Mais ça n'a jamais marché, sa tristesse restait intacte et mes insultes ne l'atteignaient pas comme je l'espérais...

J'ai été vraiment quelqu'un d'affreux avec elle.
J'ai vu dans ses yeux du dégout et j'ai de suite su qu'elle me comparait à un autre, je commence à connaître les femmes et leurs expressions cachées.
Je savais alors pertinemment que c'était un salaud qui l'avait détruite et je ne voulais plus qu'elle perde son temps à se morfondre pour lui.
Alors je me suis débrouillée pour que chaque jour, à chaque fois qu'elle me croise, elle pense à lui, au mal qu'il lui a fait, pour qu'elle arrête de l'aimer, de lui porter un quelconque attachement.
J'ai fait le con, j'ai été mal poli.
Mais au fond, c'était par envie d'aider.
Parce qu'elle est ce genre de fille, le genre de fille qu'on veut désespérément sauver, faire sourire...

Et quand elle est partie...
Ça a été une claque pour moi aussi, je dois bien me l'avouer.

- Matthys ?

J'en recrache mon café.
Je ne l'ai même pas entendu débarquer dans la cuisine.

Je laisse mes yeux parcourir son corps, deux secondes.
Elle ne porte qu'une culotte et un long tee-shirt à Fly.
Elle veut ma mort.
Et d'abord, pourquoi est-ce que Fly met autant de temps à revenir ?!

Je me lève d'un bon, me prends la jambe dans la table et quitte la pièce.
Elle me suit.
Je lève les yeux au ciel.
Evidemment qu'elle me suit !

- Pourquoi tu ne m'aimes pas ? demande-t-elle alors qu'on atteint le salon.

Alors ses premiers mots après tout ce temps seront ceux-là ?
Elle croit que je la déteste, ce n'est pas nouveau, mais je n'aime pas l'idée qu'elle se fait de moi.
Je n'aime pas qu'elle me considère comme le gars qui la déteste et pas plus que ça.
Sa relation avec moi s'arrête à de la haine.
Et j'en attends tellement plus d'elle.

- Ce n'est pas ça, je finis par lui souffler.

Elle fronce les sourcils, me dit :

- Mais si, c'est tout à fait ça. Tu me détestais avant et tu me déteste encore plus après ce que j'ai fait à ton ami, tu dois même être sacrément dégoûté de ne pas m'avoir viré d'un coup de pied au cul.

- Quoi ? Sky, je...

Elle me tourne le dos, je sais qu'elle écarte quelques larmes du creux de ses paupières.
Elle me cache sa peine parce qu'elle croit que je vais m'en servir contre elle...

Je touche son épaule en disant :

- Je t'aime bien Sky, je ne vois pas ce que je pourrai avoir contre toi. Tu ne m'as rien fait.

- Mais tu es si...

- Grognon ?

Elle rit.

- Ne me coupe pas la parole ! J'allais dire " direct ", " insolant ".

- Je ne fais pas exprès.

Elle hausse les sourcils.

- Enfin..., je corrige, la plupart du temps.

Elle a un sourire en coin quand la porte d'entrée s'ouvre à la volée et que Fly cri :

- Sky, dehors !

Elle a l'air horrifiée.

- Je crois que cette fois, tu viens de te faire virer définitivement de chez nous.

Elle me donne un coup de coude et j'explose de rire, ce qui semble l'apaiser un peu.

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