chapitre 24

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PDV SKY

Mon cœur se fend en deux afin que le regard de Fly puisse mettre du miel à l'intérieur.
Je ne sais pas trop comment interpréter ce regard, alors je détourne les yeux.
Et je demande :

- Je peux avoir ce qu'on m'a servi la dernière fois ?

Les derniers évènements me fatiguent et je ne veux plus y penser le temps d'un instant.
Je sais que je le regretterais demain matin, mais qu'importe.
J'ai besoin d'un dérivatif.

Alors je m'installe à une table et fais signe à Fly de m'apporter quelque chose, il hésite, regarde le bar que je lui désigne, puis moi.
Il secoue la tête plusieurs fois, il est clair qu'il est épris par un profond duel intérieur.

- Je vais devoir aller me coucher, dit Ray, je dois me lever tôt demain pour le boulot.

Sans nous laisser le temps de réagir, il quitte le bar.
Je suis certaine qu'il l'a fait exprès pour me laisser seule avec Fly, il croit que je vais oublier Dan si facilement...

- Voilà ta tequila, me dit Fly en posant un verre sur ma table.

Il est distant et froid, je suppose qu'à sa place, je lui balancerais le verre à la figure.
Alors je ne dis rien jusqu'à mon troisième verre :

- Tu...

- Est-ce que tu comptes me dire que tu me hais ?

- Quoi ?

- La seule fois où tu es venue ici, tu m'as traité de connard et tu as dit que tu me haïssais, moi et mes conneries...

Je lève les yeux au ciel.

- Tu sais très bien que ces insultes n'étaient pas pour toi.

- Oui, je le sais. Et je ne comprends pas comment tu as pu retourner à ses côtés, après m'avoir ainsi crié dessus par sa faute.

Ray a dû lui dire que j'étais avec un gars quand je le cherchais et Fly à recollé les morceaux tout seul.
Il sait que j'ai retrouvé Dan, il se doute que je l'aie embrassé et que je me suis laissée envoûter à nouveau.
Encore...
Toujours.

- Tu as conscience que ce gars est un parfait connard, hein ? Que tout ce qu'il t'a dit, ce n'est que du vent, des paroles en l'air. D'ailleurs, il est où ? Il n'a plus voulu de toi à la seconde où il a su qu'il ne t'aurait pas dans son lit et toi tu...

- Contente-toi de faire ton boulot, je crache en commençant une nouvelle tequila.

Il souffle, tire une chaise et s'assoit face à moi.
Quand il essaie de prendre mes mains, je les retire vivement, comme si je m'étais brûlée.

- Je n'ai pas envie d'en rabaisser un autre pour te le faire comprendre, mais je suis le plus prompt à t'aimer Sky. Ce n'est pas pour te vexer, encore moins pour me venter, mais personne ne pourra jamais t'aimer comme je t'aime.

- Tu ne m'aimes pas.

- Je t'aime.

- C'est faux !

Je me lève et titube jusqu'aux toilettes.
Fly qui m'a suivi me regarde perdre pied, me tirer les cheveux, pleurer, vomir et me passer de l'eau sur le visage.
Il ne dit rien, ne se moque pas, se contentant de tenir mes cheveux quand je vomis et sécher mes larmes quand je pleure.
J'ai envie de leur exploser la tête contre le mur, lui et sa bonté.

Quand je me mouche, il m'observe du coin de l'œil, regrettant sûrement ma venue, regrettant sûrement de m'avoir un jour rencontré...

- Tu es tellement belle, souffle-t-il pourtant, ton amour est tellement beau.

- Je ne t'aime pas.

- Je ne parlais malheureusement pas de moi.

Je jette mon mouchoir et lui jette un regard mauvais.
Il retient mon coude au moment où je veux sortir, me plaquant contre le mur.

- Lâche-moi Fly...

Il me redresse le menton, me forçant à le regarder droit dans les yeux.
C'est de la torture.

- Tu trembles sous mon toucher, comment peux-tu nier ce que je te fais ? Comment peux-tu continuer à me repousser, fuir... alors que tout est là !

Il désigne mon corps parcouru de frissons.

- Ce gars ne vaut rien, reprend-il, tout ce qu'il te fera, c'est de la peine. Oh peut-être qu'il est bon au pieu, mais je peux t'offrir tellement plus Sky.

Je me retire brusquement, ne pouvant pas sortir un seul mot quand il me touche ainsi :

- Pourquoi tu te permets de te mêler de ma vie ?!

- Je...

- Pourquoi est-ce qu'il faut toujours que tu apparaisses quand je suis au plus bas et que tu me fasses la morale ?

- Sky...

- Pourquoi est-ce que tu passes ton temps à t'interposer, pourquoi tu...

- Parce que tu me plais, dit-il haletant, tu me plais, c'est vrai. Tu me plais et je t'aime. Je t'aimais avant même de te rencontrer, de te voir...

Je quitte les toilettes en criant :

- Tu es un grand malade !

Bien évidemment, il me retrouve dans la salle de réception et me hurle en retour :

- Tu ne prendras pas ta voiture dans cet état !

- Ce n'est pas toi qui m'en empêcheras.

- J'ai bien peur que... si.

Sur ces jolis mots, il lève la main et me montre mon sac.
Merde !
J'ai dû l'oublier dans les toilettes, mes clefs sont dedans, mon portable est dedans.
J'ai besoin de ce sac...

- Fly, dis-je d'un ton sévère.

- Tu n'as nulle part où dormir, je suppose ?

- Je ne reviendrais pas chez toi, tes colocs vont me faire la peau... !

Il a un petit rire.

- Tu t'inquiètes de ce que mes colocs pensent de toi, pas de ce que je vais te faire ?

- Tu ne me feras rien, j'affirme.

- Très bien, souffle-t-il. Ma sœur est repartie et Mat', bah c'est Mat', il te détestait déjà avant...

Il ne dit pas avant quoi, parce qu'on sait déjà tous les deux de quoi il parle, on sait tous les deux que mon absence l'a chamboulé.
Je ne sais pas si c'est l'alcool ou si c'est Fly, mais j'ai soudain très envie de le suivre.

- D'accord.

Je lui fais cadeau de ces lettres et quitte le bâtiment, direction sa voiture, sa maison, sa vie...

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