BLUES

chapitre 28

PDV FLY

Je vois dans le regard de Sky que tout va mal, mais qu'en même temps, elle n'échangerait sa place pour rien au monde.
Et c'est cet effet-là que je veux lui faire, toujours.
Je veux qu'elle soit euphorique, que son sourire éblouisse les lieux.
Je ne veux plus de larmes, je les chasse à coup de musique, à coup de guitare.
Je lui joue du Metallica et avant même de commencer, je sais qu'elle va adorer.

« Si proches, malgré la distance. Plus près du cœur serait difficile. Toujours croire en ce que nous sommes et rien d'autre ne m'importe »

Trouver ce groupe n'a pas été une mince affaire, mais le soir où Ray est venu me parler de sa fille, je savais que je voulais jouer dans un groupe, pour ramener Sky, pour la sauver des bras de Trompeur.
Ils ont de suite accepté, je leur ai dit de patienter.
Et aujourd'hui ils sont là, connaissant absolument tout de mon histoire avec Sky, de mes sentiments pour elle...
Et aujourd'hui ils jouent, pas forcément juste, pas forcément ensemble, mais ils s'amusent, ils profitent de leur moment de gloire.

« Je ne m'étais jamais dévoilé ainsi. C'est notre vie, et on l'a choisie comme ça. Ce ne sont pas des paroles en l'air et rien d'autre ne m'importe. »

Sky pleure de joie, pleure de paix, de soulagement, d'envie d'y croire, d'envie de vivre.
Elle observe ma guitare comme si c'était un ange tombé du ciel, comme si l'univers se décidait enfin à la rassurer, à l'encourager, à lui venir en aide.
Elle observe mes doigts s'agiter sur les cordes en se mordant les lèvres, imaginant je ne sais quoi.
Elle observe mes yeux et ma bouche d'un œil nouveau, presque amoureux, presque envieux.

Elle a encore du chemin à faire, de la confiance à reconquérir et un cœur à reconstruire.
Mais je sais que je peux le faire, je peux la prendre dans mes bras et lui suffire amplement.

« Tu es tout ce que je cherchais. Chaque jour, on évolue ensemble. L'esprit ouvert à un autre point de vue et rien d'autre ne m'importe »

Et là, elle se laisse complètement aller à son bonheur.
Elle rit de toutes ses forces quand je joue mon solo, elle se vide de toute son eau, elle tombe à genoux et sa bouche murmure des choses que je ne peux entendre.
Son amour est beau, plus éclatant que jamais.
Parce que cette fois, ce n'est pas un amour triste et mort de l'intérieur.
C'est un amour tout neuf, qui revit de ses cendres et qui explose au grand jour.
C'est le genre d'amour qui dure, qui reste même quand on le blesse.
Parce qu'elle, elle ne fait pas semblant lorsqu'il s'agit d'aimer, elle ne comprend pas l'idée qu'on puisse se lasser un jour de cette sensation, elle veut vivre, aimer et être en paix.
C'est tout ce qu'elle a toujours demandé et aujourd'hui, elle prouve qu'elle n'en voulait pas plus, pas moins.
Elle est parfaite, sublime.

Et quand je pose ma guitare, elle ne me laisse pas une seconde pour me redresser, elle arrive en courant et me prend dans ses bras, disant à tout-va :

- Tu avais raison, depuis le début. Je ne sais pas comment j'ai pu passer outre mes sentiments pour toi, c'était tellement mis en évidence ! Mais j'étais naïve, aveuglais par Dan, trop bête pour me rendre compte qu'en fait, c'était toi depuis le début. C'était toi quand je pleurais Dan, c'était toi quand je pensais à Dan, c'était toi quand...

Je la coupe, une fois encore et je sais qu'elle va détester ça.
Mais cette fois, c'est pour la bonne cause.

Je plaque mes lèvres sur les siennes et l'embrasse, vraiment.
Je me sens grimper, rejoindre les bisounours et je sens ses mains qui agrippent mes cheveux.
Je sens son gémissement contre mes lèvres.
Je sens son corps contre le mien, bouillant de désir.
Et je sens son amour, son cœur qui bat trop vite, trop fort.

Quand je prends sa main et fais signe à Matthys de s'occuper du groupe, elle rougit.
Quand elle finit allongée sur mon lit, elle pleure encore, elle tremble, parcourue de frissons.
Quand je l'embrasse à nouveau, c'est certain, elle prend enfin conscience que tout ira bien.

Et nous nous laissons aller au plaisir de sentir l'autre, tout entier, sans barrière, sans tissu de vêtement.
Plus rien ne peut venir faire barrage à cet amour, il n'y a plus rien qui puisse nous séparer.
Et on se retrouve l'un dans l'autre, et on s'aime et mon cœur pourrait exploser, ma vie pourrait se terminer, je pourrais au moins me venter d'avoir connu la paix infinie.

Certes, je serais à jamais cet enfant abandonné par ses parents, qui a recueilli sa petite sœur chez lui.
Certes, je serais à jamais cet orphelin, vagabond, paumé.
Certes, mais je commence à me faire à l'idée.

Parce que les bras de Sky m'entourent et je n'en veux pas plus.
Parce qu'elle, elle a su m'aimer, alors que même mes parents n'ont pas voulu de moi.

Et je l'aime d'autant plus...