PDV SKYParfois, quand je me sens triste, je pense à mon père, à ce qu'il me dirait s'il était là.
Je sais qu'où qu'il soit, il pense à moi, il m'aime autant que je l'aime.Peut-être qu'il vit loin, peut-être qu'il est tout proche...
Peut-être que je l'ai déjà croisé dans la rue.C'est aussi simple que ça : je pense à lui et mon cœur s'emplit de bonheur.
Je n'ose imaginer mon état d'âme si je le rencontrais, si je le prenais dans mes bras, s'il me murmurait "je t'aime".Mais il y a des jours où je pense à lui d'une façon bien plus obscure.
Je me dis qu'il m'a abandonné après tout, il n'a jamais désiré me voir grandir.
Je devrais le voir chaque jour de mon existence et pourtant, il n'est pas là.J'ai des tas d'émotions contraires qui se font la guerre dans mon corps.
Je bouillonne et je suis certaine qu'un jour, j'exploserais et j'en mourrais.
Je mourrais du manque de mon père.- Hé...
Je n'avais même pas entendu Fly entrer.
Pourtant, il est bien là, impeccable, sur le seuil de sa propre chambre.
Je croise les bras sur mes genoux, assise sur le lit.- Je dérange ?
Je me sens un peu honteuse.
Il a laissé tomber sa soirée, ses retrouvailles avec sa sœur.
Pour quoi ?
Pour se retrouver avec une pauvre fille qui pense à son père et à un gars qui l'a trompée il y a plus d'un mois maintenant.Il avance lentement jusqu'au lit pour s'y asseoir.
Quand sa main se pose sur mon épaule droite, j'en sursaute presque.
Il me tire à lui, me prend dans ses bras et me chuchote à l'oreille :- Tu penses à Trompeur ?
Non.
Non, ça fait une semaine que ça s'estompe.
Une semaine que je me sens un peu plus libre, sans pour autant le haïr, sans pour autant cesser de l'aimer pleinement, sincèrement, intensément.Non.
Je pense au fait que je suis indépendante, que je peux décider du jour au lendemain de partir.
Je peux remercier Fly, prendre ma voiture et retrouver mon père.Je resserre un peu l'emprise de mes bras sur mes jambes.
Je suis parcourue de petits frissons.
La main de Fly descend le long de ma colonne vertébrale.Il prend mon silence pour un oui et demande :
- Tu veux savoir pourquoi tu as autant de mal à l'oublier ?
Je fronce les sourcils, mais il ne peut pas le voir, parce que ma tête est à présent tout contre son torse.
Je hausse les épaules, l'air décontracté.- Parce que tu l'as laissé traverser toutes tes barrières, installer sa petite touche personnelle à ton quotidien, tu l'as laissé entrer dans ton cœur et partager ta vie, à tel point que tu en as oublié comment fonctionner sans lui, tu es complètement paumée et tu ne sais plus vraiment à quoi est-ce que tu sers au juste sur cette Terre. Tu ne peux pas l'oublier, pour la simple et bonne raison qu'il est partout. Partout en toi.
Je crois que je me suis mise à pleurer, parce que mon cœur n'existe plus.
Je ne le sens plus dans ma poitrine et je suis persuadée qu'il est venu s'étaler sur le tee-shirt de Fly, en même temps que mes larmes.
Il a le chic de savoir placer des mots sur ce que je ressens.
Il est l'écrivain et moi, la fille qui avance et se fait démolir par la vie.Il s'écarte doucement, en me tirant par les épaules.
Quand il voit mes yeux, son expression désinvolte change du tout au tout pour la peine, pure et simple.
Il essuie une larme au creux de mes paupières et se lève vivement.« Ces blessures ne semblent pas guérir... cette douleur est si réelle... il y a trop de choses que le temps ne peut pas effacer... »
Instantanément, mon corps se fige.
A chaque fois, j'ai l'impression qu'il le fait exprès.
Exprès de mettre ce genre de musique, à laquelle je me compare.
J'ai l'impression que ça lui plaît de me voir pleurer, de me voir m'effondrer sous son regard amusé.
Peut-être que c'est sa façon à lui de vérifier où j'en suis émotionnellement.Si je pleure : j'ai encore du chemin à faire.
Si je ne réagis pas : je suis en voie de guérison.
Si je chante : je vais bien.Il me rejoint sur le lit et prend ma main dans la sienne.
Je le laisse faire, tout en contractant chaque passerelle de mon cerveau et de mon cœur pour ne pas craquer cette fois.« Tu as eu l'habitude de me captiver par ta lumière résonnante... »
Je cesse d'écouter pendant un quart de seconde, parce que j'ai l'impression que cette phrase à fait réagir Fly bien plus que moi.
« ... Mais maintenant je suis liée par la vie que tu as laissée derrière... »
-Fly..., je grogne en me bouchant les oreilles.
Il se penche, comme pour embrasser mon front, puis s'abstient au dernier moment.
Il se lève, éteint la musique et quitte la pièce sans un mot.
Je.
Suis.
Pétrifiée.Le lit me semble tout à coup trop inconfortable et je m'en extirpe d'un bon.
Je me retrouve les fesses à terre, me demandant : "Qu'est-ce qui vient de se passer au juste ? "Fly allait m'embrasser le front.
Ou la joue.
Ou la tempe.
Ou...Peu importe, il a fait machine arrière.
Suis-je repoussante à ce point ?
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BLUES
RomanceQuand Fly rencontre Sky, elle est ivre, triste et son cœur semble brisé à jamais. Mais malgré sa peine immense, elle reste la plus jolie femme qu'il n'ait jamais vue. Il lui propose alors son aide et à partir de là, les deux jeunes adultes vont app...