4/ Partez!

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Le sang chaud, le sang bouillonnant, le sang en fusion. Voilà comme je ressentais ce liquide rouge qui parcourait mon corps entier à cet instant.

Cependant il faisait froid, si froid que mes muscles semblaient anesthésiés. Je n'étais restée que trente secondes immobile pourtant. Mais tandis que déroulait le chrono, toute une vie défilait pour moi. Ma vie. Avec les souvenirs qu'il me restaient, ainsi que cette rage de survivre. De se battre. De gagner.

Plus que vingt secondes.

Les deux autres participants s'étaient positionnés, une jambe en arrière, l'autre en avant. Les bras de la même manière. Je les avais imités. Un vent soufflait si fort qu'il en avait déplacé une voiture sur la place. Mais de l'intérieur de mon cylindre, je ne sentais rien. Des nuages noirs s'accumulaient au-dessus du champ de bataille au loin. Et une fine ligne noire que je venais d'apercevoir nous séparait de ce lieu où le combat faisait rage. J'allais bien vite apprendre de quoi il s'agissait.

Plus que dix secondes.

Dans moins de dix secondes j'allais partir en avance. Je ne devais pas louper cette occasion. En jetant un coup d'œil à Juliette, je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter. Elle paraissait si sûre d'elle que c'en devenait effrayant.

Plus que cinq secondes.

J'avais détourné le regard de la fille au corps d'athlète pour me concentrer sur le terrain. Mais à peine avais-je eu le temps d'élaborer un itinéraire que le chrono arrivait à sa fin, accompagné d'un coup de feu.

La vitre du cylindre avait disparu et je m'étais élancée sans une hésitation dans ce paysage infernal.

***

Le vent fouettait mon visage, ma respiration s'accélérait, et mes pieds frappaient avec force le sol en béton.

J'avais d'assez bonnes notes en endurance au lycée, j'étais même de loin l'une des meilleures. Mais faisais-je le poids face à une adulte expérimentée ? Tandis que j'y réfléchissais, j'entendis un second coup de feu. Je jetai un regard derrière moi.

Juliette partait telle une fusée et allait bientôt me rattraper, cela ne faisait aucun doute. Le petit Kevin, quant à lui, avait l'air dérouté.

Je regardai de nouveau la ligne jaune qui m'indiquait le chemin, mais celle ci déviait sur la droite au lieu d'aller tout droit. Pas le temps de se questionner, je suivis la route qu'elle m'indiquait. Celle ci m'amena dans un hangar. Je n'en crus pas mes yeux lorsque je vis ce qu'il contenait.

Des centaines de barres verticales, horizontales, ou en diagonale formaient une immense "toile d'araignée". Le fil doré s'arrêtait devant le nœud de lacets d'acier et réapparaissait de l'autre côté. Incidemment, pensai-je. Ça aurait été trop simple.

Je m'aventurai alors dans cette jungle mystérieuse. Alors que j'étais au centre du labyrinthe, j'entendis des frottements indiquant que Juliette était arrivée dans le hangar et se faufilait dans la toile. Déjà ?

Affolée je me précipitai, m'emmêlai, et tombai comme une masse au sol, me cognant la tête au passage contre une barre. Je sentis ce sang chaud me dégouliner le long du front. Et lorsque je me relevai, j'aperçus avec panique que Juliette était à mon niveau. Je fermai les yeux et soufflai. Me recentrer. Je devais me recentrer. Qu'est-ce que j'aurais aimé être dotée d'une agilité incroyable et d'un calme aussi olympien que celui des sportifs ! Je le désirais si fort ! Si fort, que, en rouvrant les yeux, mon vœux fut comme exaucé. Une force survenue de nul part -ou peut-être de la peur- m'envahit. J'avais déjà les mains posées sur une barre, et sautait par-dessus avec une souplesse hors du commun. Et lorsque j'atterris de l'autre côté, j'étais déjà en train de me glisser en dessous de la suivante. Rapidement je pris une légère avance sur Juliette qui maugréait et jurait.

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