Epilogue

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-Un peu de silence ! Réclame le professeur à sa classe. Sortez une feuille double.

Un cri de protestation envahit la classe de cinquième. Les élèves sortent malgré tout une feuille en maugréant. Il fait très chaud et les jeunes sont d'une humeur massacrante. Ils soupirent en notant leur prénom dans la marge. Certains le soulignent soigneusement en rouge tandis que d'autres notent tout juste leur numéro de classe en haut à droite.

Au fond à droite, dans l'angle de la pièce, une jeune fille nonchalante regarde sa montre avec soucis... Sa meilleure amie n'est jamais en retard et la place d'à côté est toujours vide. La sonnerie a pourtant sonné depuis belle lurette.

-J'ai une nouvelle pour vous avant de commencer votre contrôle, annonce la professeur en se levant, les contrôles à la main. C'est au sujet de Sonia.

Son amie se redresse subitement sur sa chaise.

-Elle est très malade et ne reviendra pas pour l'instant en cours.J'aurais aimé que nous lui écrivions une carte de soutien avant mon départ.

En effet la femme, remplaçante depuis quelques mois a finit sa mission.

-Vous êtes d'accord ? demande-t-elle.

Les élèves acquiescent le stylo à la main, prêt à dégainer. Alors leur professeur soupire et commence à distribuer les sujets. Elle retourne après s'asseoir et ouvre son journal. Un article l'intrigue et elle ouvre la page correspondante. Le titre lui arrache un sourire.

L'Alzheimer précoce, une maladie féroce.

Depuis plusieurs décennies, les scientifiques ont accompli des progrès incroyables dans le domaine de la médecine. Mais certaines maladies demeurent un mystère et une énigme même pour les meilleurs d'entre eux.

C'est le cas de l'Alzheimer. Un mal qui ronge depuis quelques temps les vétérans comme les collégiens. En effet cette maladie, qui se caractérise par un effacement progressif de la mémoire, affecte aussi bien les jeunes. Il y a 23 ans, le premier cas d'Alzheimer précoce a été identifié. Un adolescent de 13 ans a du jour au lendemain oublié son prénom, sa date de naissance et au fur et à mesure des jours l'identité de ses parents ou de ses amis les plus proches.

Puis d'autres cas ont été détectés dans le pays. Tandis que le virus s'étendait comme une épidémie, on a dénombré parmi les victimes de cette maladie un taux d'hallucinations, de troubles du sommeil et de suicides anormalement élevé. Certains ont laissé derrière eux des témoignages pour le moins troublants.

« Tout cela n'est pas anodin, » écrit un jeune dans une lettre « je ne suis pas tombé malade ! C'est une manipulation,! Je ne suis pas seul dans ce cas ! Regardez autour de vous ! »

«Si je vous disais ce qu'il m'est arrivé vous ne me croiriez pas. Mais rien n'est arrivé par hasard. Ce n'est pas non plus une question d'anatomie, de génétique, scientifique ou physique. Quelqu'un est derrière tout ça. » confie un autre .

Maladie du cerveau ou bien complot monté ?

Le temps passe cependant et malgré les appels à l'aide des victimes qui durent depuis 2054, leur cri de prévention, rien n'y fait. Une structure médicale a ouvert ses portes il y a quatre mois sans résultat notable.

Ces personnes hospitalisées crient à l'injustice, au crime. Elles accusent mais n'ont ni prénom, ni nom à citer, et pas de visage à désigner. Cependant, moi, Margot, je les crois.

Et je suis convaincue que tous ces enfants, ces jeunes, ces adultes et ces vieillards ont raison. Pourquoi ? Parce que je suis une fille sans souvenirs. Je suis comme tous ces patients retenus dans cette clinique. Comme toutes ces femmes et ces hommes qui oublient. Ou du moins je l'étais.

Mais s'il y a une chose que je n'ai pas oubliée c'est toi, qui lit peut être ces lignes, toi que citent toutes ces victimes, qui n'a ni visage ni prénom, qui torture dans le silence des innocents comme ma fille.

Quelqu'un, si ce n'est pas moi, te trouvera.

Ceci était un appel à témoin, si vous avez une information sur le meneur de ce complot, merci de m'appeler au...

La professeur stoppe sa lecture ici, elle remonte ses lunettes le long de son nez,et ricane.

-Margot, tu ne manques pas de cran, chuchote-t-elle en essuyant les larmes de rire qui perlent à ses yeux vairons. 

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