Paris

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-Arrivée à destination dans cinq minutes, chantonna la voix préenregistrée du train.

Nous étions silencieux. Tendus et impatients. Mais l'air était lourd entre nous deux. Un mur s'était érigé en une nuit. Mur si haut et si lisse qu'il me semblait impossible de le franchir.

-Tu m'en veux toujours ? questionnai-je.

Gabriel resta aussi immobile et inexpressif qu'une statue. Je soupirai alors.

-Ecoute je sais que j'aurais pu gagner mais...

- PU ? Beugla-t-il. Tu aurais du gagner oui Margot, reprit il plus doucement.  J'aurais rêvé être à ta place mais au lieu de cela j'ai lamentablement perdu ! et toi, tu as sacrifié une carte pour avoir des infos sur qui est le joker et au final qu'est ce qu'on a ? RIEN !

Effectivement, une fois la dernière carte tombée, j'aurais du gagner la manche et ainsi la partie. Le visage de mon principal adversaire était passé par toutes les couleurs possibles. Du vert canard au jaune moutarde en passant par le rose bonbon.

-Alors ? Avais-je susurré. J'attends.

La rage qui s'était dessinée sur son visage s'était transformée en un amusement comique.

- Donc tout ce que tu veux ce sont des infos sur l'endroit où j'ai été hospitalisé ? Demanda-t-il.

-C'est ça. Sur les personnes que vous y avez rencontrées et sur leurs particularités. Ainsi que sur la raison de votre venue dans cette clinique. Et si je suis satisfaite, je me coucherai.

-Comment te croire ? avait il craché.

-Vous n'avez pas le choix.

Soupirant, il avait finalement fini par me dévoiler tout sur ce passé dont il avait honte. Et j'avais terminé ma partie sur un forfait.

***

-Et crois moi ou non mais je suis sur une piste, rassurai-je mon acolyte de voyage.

-Et bien dis moi tout ! Qui sait ? Peut être que demain tu l'aura oubliée ! Que le joker te l'aura ôtée de ton esprit ! Il faut qu'on se bouge on a plus que six nuit !

Cette remarque me fit l'effet d'un coup de pistolet. Oui c'est vrai. Plus que six nuits. Et si nous n'avions pas démasqué le joker dans le temps imparti, le sort qui nous attendrait serait inéluctablement la mort. 

-Je crois que le point commun entre tous les joueurs est d'ordre médical. Je pense que c'est une maladie et pas une personne.

-Comment cela ? demanda mon compagnon en plissant les yeux.

-Je pense que ce rêve n'est rien d'autre qu'une maladie du cerveau. Maladie qui proviendrait, non pas d'une personne, mais de n'importe quel traumatisme, comme un accident de vélo ou de voiture, et qui aurait des symptômes tout à fait aléatoire comme la dépression où un problème d'ossature, musculaire, cardiaque ou pulmonaire ! 

-Et qu'est ce qu'il te faire dire ça ? rétorqua presque violemment Gabriel. 

-L'homme au cigare. Celui-ci, expliquai-je après une courte pause, m'a révélé qu'il avait eu un accident de bus  qui avait été fatal pour tous les autres passagers sauf lui et qu'il avait du se remettre d'aplomb dans une clinique. Peu de temps après il avait des problèmes de respiration !

-Evidemment il fume ! répliqua-t-il. 

-Ecoute si tu as une meilleure proposition je suis toute ouïe ! 

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