Épilogue

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C'est le grand départ. Je ne suis pas vraiment sereine mais Romane m'a convaincue que ça ne peut pas être pire. Dans le bus, je décide de poser ma tête contre la vitre qui est étonnement froide malgré les températures élevées de ce mois de juillet. La main de Lund, qui est assis à côté de moi, vient rencontrer la mienne mais mon regard reste rivé sur le paysage. Ce petit voyage « éducatif » a été programmé par notre cher et tendre psychologue que nous consultons à cause de ce qui s'est passé.

À cause du Jeu.

Nous sommes trente-quatre à participer à cette semaine de camping en pleine nature. En accompagnant, il y a la femme de monsieur Verum car ce dernier n'a pas pu être disponible (ou n'a pas voulu), notre cher psychologue et mes parents qui ont été volontaire car il a manqué deux adultes pour que l'éducation nationale accepte ce voyage. Même si on n'a été que quatre survivants, nous nous retrouvons à trente élèves dans ce bus tout simplement parce que pour qu'un voyage scolaire puisse se faire, il faut un minimum de personne pour y participer. Il y a eu donc vingt-six élèves assez timbrées pour participer à une thérapie de groupe camouflée par du camping en forêt. D'après notre psychologue, être isolé de tout le monde extérieur est un bon moyen d'aller de l'avant.

La route est longue car la forêt la plus proche se trouve à presque cinq cent kilomètres de notre ville. Ça vaut le coup, d'après notre psychologue, puisque la nature est le meilleur moyen de se vider la tête. J'ai bien essayé de proposer de faire ça, un après-midi dans le parc d'à côté, mais personne n'a pris mon idée au sérieux.

_ Un parc ce n'est pas une forêt, a rétorqué ce jour-là notre psychologue avant d'ajouter, peut-être devriez vous prendre des séances individuelles si votre niveau de distinction est aussi restrein.

_ Plutôt mourir, lui ai-je alors répliqué tout en le fusillant du regard ce qui a semblé beaucoup l'amuser.

Nous avons fait un arrêt à une première station service où j'ai pu aller me dégourdir les jambes et surtout me soulager. J'en ai aussi profité pour acheter quelques cochonneries.

Nous avons fait un deuxième arrêt dans une station service qui m'a semblé assez précaire avec un vendeur assez âgé qui a été complètement à l'ouest. Au vu de l'état de leur toilette, je n'ai pas préféré y aller. Il serait bête d'avoir survécu au plus grand massacre jamais connu dans notre ville et être morte par un truc chopé dans des toilettes. J'ai été la dernière à sortir de la station car, même si elle fait flipper, la climatisation a été un avantage qui n'a pas eu besoin de plus pour me retenir. Les autres ont préféré profiter du beau temps.

Personnellement, je déteste la chaleur de l'été. Au moment de sortir, car les personnes ont commencé à entrer dans le car, le vieil homme qui tient la boutique m'a interpellé :

_ Jeune fille, faites attention à vous.

J'ai froncé les sourcils avant de jeter un œil au bus. Comme plus de la moitié des gens sont encore à l'extérieur, j'ai décidé d'en savoir plus. Peut-être que cet homme n'est qu'un pauvre fou, mais j'aime donner la chance à tout le monde et, honnêtement, après ce que j'ai vécu, je suis prête à prendre tous les avis en considération.

_ Comment ça ?

_ Les choses ne semblent pas toujours être ce qu'elles sont, se contente-t-il de répondre.

_ C'est-à-dire ? j'insiste car je vois dans ces yeux une sincérité qui me bouleverse.

_ Vous êtes en de très mauvaises mains et surtout, vous êtes en danger, explique-t-il avant de regarder à gauche et à droite. Votre intelligence et notamment votre clairvoyance vont vous être très précieux croyez moi.

Le JeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant