Chapitre 29 : Addiction

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Unster ne resta pas plus longtemps en compagnie de Games. A peine lui avait-il donné l'argent qu'il tourna les talons pour se diriger vers son cours de philosophie. Les épreuves du baccalauréat approchaient dangereusement et le jeune homme redoutait ce moment si important dans sa scolarité. Cela marquerait un tournant dans sa vie, il le savait. Quitter le lycée, une grande partie de ses amis, sa ville, sa famille pour aller faire ses études allait s'avérer bien compliqué. Mais plus que tout cela, quitter NT l'effrayait. Il ne le connaissait que très peu en réalité, et pourtant, il en était devenu dépendant. Dépendant de son corps, de sa voix, de son odeur. Il le voyait chaque nuit dans ses rêves, et cette addiction s'était d'autant plus renforcée depuis qu'ils ne se parlaient plus. Moins il le voyait, et plus il en avait besoin. Et il ne pouvait s'empêcher de se demander si NT ressentait la même chose, le même manque.

     -Bonjour à tous !

     Son professeur ouvrit la porte de la salle, coupant cours aux pensées du jeune homme. Les élèves prirent leurs places habituelles, et Unster s'assit confortablement dans un pouf bleu turquoise qui s'adapta parfaitement à sa morphologie. L'enseignant quant à lui, se laissa tomber dans son fauteuil en cuir rouge habituel.

-Aujourd'hui, nous avons cours en demi-groupe, commença-t-il.

Ses élèves sourirent. Ils savaient tous ce que cela signifiaient et ils avaient hâte d'entendre la suite.

-Nous allons donc organiser un débat. Quelqu'un a-t-il un sujet à proposer ?

     -Le harcèlement, lança Alice, une petite brune aux yeux noisettes.

Unster sentit Pauline se crisper à côté de lui. Non, ils ne pouvaient pas débattre sur ce sujet, encore trop sensible pour l'adolescente. Il devait trouver une autre idée pour aider son amie.

-Le sexisme ! s'écria une autre fille avant qu'il n'ait pu ouvrir la bouche.

-Le sexisme, très bien, acquiesça le professeur. Alors d'après vous, qu'est-ce que le sexisme ?

-C'est les hommes qui ne respectent pas les femmes, monsieur, répondit Amélie du tac au tac.

-Ou des femmes qui ne respectent pas les hommes, ajouta Victor.

-Ça n'existe pas ça ! soupira Alice.

-Bien sûr que si ! s'exclama Siph. Ça marche dans les deux sens.

-C'est quand même plus souvent les hommes par rapport aux femmes, affirma Blondie.

-C'est parce que vous êtes clairement inférieures. Sinon vous vous laisseriez pas faire, lança Corentin.

-Tu veux voir si je me laisse faire ? s'écria furieusement Clémence en se levant.

Siph et Arm la forcèrent à se rassoir. Le professeur fronça les sourcils.

-Du calme ! Vous connaissez les règles des débats, et c'est bien la première fois que vous vous comportez de la sorte.

Le silence refit surface dans la salle de classe, mais la tension resta malgré tout palpable. Corentin et Blondie échangeaient des regards furibonds mais ne firent aucun commentaires.

-Moi je pense surtout que les femmes n'ont pas d'humour, annonça Victor.

-Ça justement, c'est sexiste, dit Grim.

-Bah non, c'est réel. Tu leur dis juste "retourne dans ta cuisine" et elles se mettent dans des états pas possibles. Faut comprendre que c'est de l'humour les filles.

-En quoi c'est drôle ? répliqua Pauline qui n'avait rien dit jusque là. Je vais venir te traiter de gros tous les jours. On verra bien si ça te fait rire.

-Mais ça n'a rien à voir ! C'est une attaque physique ça. Et c'est même pas vrai.

-Parce que dire que les femmes sont inférieures c'est vrai peut-être ? s'énerva Games.

-Pourquoi un homme aurait-il le droit de se promener torse nu et les filles, à peine on met un short, on se fait insulter ? s'enquit Alice.

-Parce que vous faites ça pour qu'on vous mate, répondit Corentin.

-N'importe quoi ! s'insurgea Blondie. On s'habille pour nous plaire à nous, sûrement pas aux autres.

-Tu vas pas me dire qu'une fille en mini-short c'est pas aguicheur ?

-Pas plus qu'un garçon torse nu !

Unster n'entendit pas la réponse de Corentin, ni même la suite du débat. Il n'avait pas participé cette fois-ci, comme beaucoup d'autres élèves. Il n'en avait pas eu besoin, Clémence se défendait parfaitement bien toute seule. Encore une fois, les pensées d'Unster tournaient autour d'NT. Il ne supportait plus cette distance qu'il avait mis entre eux depuis l'accident de son oncle et de sa tante. Il avait besoin d'être avec lui. Cela le rendait malade.

Quand la sonnerie annonçant la fin du cours retentit, Unster n'avait pas écouté la moitié du débat. Il jeta son sac sur son épaule et sortit en premier de la salle. Il descendit les escaliers du bâtiment en courant et traversa la cours à toute vitesse. Il ne savait pas réellement ce qu'il faisait. Il agissait sans réfléchir. Il entra en trombe dans le bâtiment artistique et s'arrêta devant la salle d'NT. Il écouta à la porte. Pas un bruit. Les élèves n'étaient plus à l'intérieur. Il frappa deux coups à la porte et n'attendit pas de réponse pour entrer. NT, assis à son bureau, écarquilla les yeux.

-Qu'est-ce que tu fais là ?

L'adolescent ne répondit pas. Il prit soin de fermer la porte puis jeta son sac dans un coin de la salle. NT se leva et, sans prévenir, Unster scella leurs lèvres. Le musicien de figea quelques secondes avant de se laisser aller. Il prit son élève par la taille pendant que celui-ci passait ses mains dans ses cheveux. Sébastien ne réfléchissait plus. Il oublia où ils se trouvait, il oublia les interdictions, les règles, les lois. Il voulait juste l'embrasser comme si c'était la première fois, sans penser aux conséquences. Pourtant, au fond de lui, il savait que cette histoire finirait mal.

Qu'étaient-ils en train de faire ?

[Unstiteuf] Ça reste entre nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant