22.

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J'étais partie sans un mot, sans pour une fois me retournée. Aïden était resté muet, et ses pas s'étaient rapidement éloignés derrière moi.
                             **************

            Les clés dans la serrure, je m'apprêtais à rentrer dans cette lugubre maison, mon frère était sûrement déjà rentré, mon père, lui, je ne sais pas où il pouvait être. Honnêtement je m'en fichais, j'ai désormais compris qu'il ne faisait plus partis de ma vie, j'étais seule avec mon frère dorénavant, et il était tout ce qui me restait. Il fallait que je prenne soin de lui, que je le protège, comme moi j'avais été protégée à son âge. Je repensais au lycée, il y'a quelques semaines, juste après l'été, il représentait pour moi une lueur d'espoir, comme si j'allais pouvoir m'échapper, mais c'était faux. Le lycée n'allait pas payer les factures ni la nourriture, et il ne cessait de me faire du mal, de me rappeler que ce n'était plus moi. Mais maintenant c'est fini, il faut se rendre à l'évidence et faire le deuil de mon ancienne vie, de prendre la nouvelle en main.

- Noam, tu es là ? Criais-je dans la maison à moitié dans le noir.

- Ouiii, je suis là Ana.

      Mon frère me bondit dans les bras.

- Ouh là je t'ai tant manqué que ça ?

- Oui, papa était bizarre hier soir, il a dit des mots pas beaux aux autres gens dans le stade, puis dans la rue et bh....

Mon frère se coupa net, il détourna le regard sur le sol, qui jusque là était fixé dans mes yeux. Il ne voulait pas me dire, mon père avait dû une fois de plus comparer toute les filles de la terre à moi, les insultant, leur hurlant dessus qu'elles n'étaient qu'horreur et dégoût. Ou alors, avait-il reconnu ma mère dans la rue, une mère qui en fait n'existe plus et qui n'était qu'une autre femme, une femme qui elle n'avait rien demandé et subissait la douleur de notre famille.

- C'est bon Noam, tu n'es pas obligé de me le dire... Sinon qu'est ce qu'elle t'a dit la dame ce matin en t'emmenant à l'école ?

- Euh, elle m'a demandé si papa était souvent à la maison, et si je n'étais pas seul...

- Et tu lui as répondu quoi chou ?

J'essayais de rester normale pour ne pas l'inquiéter, pour ne pas éveiller en lui un sentiment d'insécurité qui ne devrait toucher aucun être de cet âge.

- Que papa était souvent là et qu'il m'emmenait même au foot, et j'ai aussi dis que tu t'occupais aussi bien de moi que maman.

Je ne comprenais pas pourquoi il mentait, mon regard noir semblait l'avertir puisqu'il s'expliqua.

- Oui j'ai mentis, dit-il

La connexion entre nous était plus que forte.

- J'ai juste mentis pour papa, je voulais pas qu'on l'arrête une fois de plus et qu'il disparaisse comme maman..

J'étais comme choquée, choquée dont la maturité qu'il faisait preuve, choquée qu'il puisse comprendre tout ce qu'il se passait autour de lui, et choquée que malgré tout ce qu'il arrive il restait accroché à notre père. Il était sur ce point sûrement plus intelligent que moi, un point que j'allais devoir améliorer, pour mon bien et surtout celui de mon frère. Ne plus me mettre en victime et conflit avec mon père devait être une des priorités de mon quotidien maintenant.

- Aller vas te mettre en pyjama, j'essaye de faire à manger.

Je me rendis à la cuisine et ouvrit le frigo qui en réalité était vide et était coupé d'électricité. Je fouilla dans tout les placards et ne trouvait que des chips et un fond de pâte. Cela ferra l'affaire pour mon frère, moi cela faisait presque 24h que je n'avais pas mangé mais cette boule constante qu'il me restait dans le ventre m'empêchait d'avaler quoi que ce soit ou même d'imaginer de manger quoi que ce soit.

That's why I love you, again.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant