18.

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La nuit était pesante, mais bizarrement rassurante. Plus de stress, plus de chagrin, juste l'air apaisant d'être coincé entre ces barreaux, emprisonnée loin de ce cauchemar éveillé, juste comme étant protégée. Mon frère était en sécurité c'est ce qui m'apaisait, il n'y avait qu'un seul point noir sur ce décor parfait, mon père. C'est horrible a avoué, mais j'aurais préféré qu'il disparaisse, qu'il s'envole encore plus haut que ma mère. Dans cette cellule aux murs gris et sombres, au sol froid, aux bancs incommodes, des idées noires m'encerclent. Les effets apaisants et rassurants de l'alcool semble être dissipés. Il faut que je parte. Je me mis à frapper aux barreaux, toujours plus fort. Je ne me contrôle plus. J'ai besoin de sortir, de respirer, respirer sans être étouffée, ici je suis opprimée. Les gardiens mirent du temps à arriver, sûrement habitués à ce genre de situation.

- Laisse moi partir, et vite.

- Pas si vite ma jolie, tu ne sors pas d'ici tant que l'on ne l'a pas décidé.

            Je souris, et ris, amèrement et insolemment.

- De 1 je suis mineure, vous n'avez pas le droit de me garder plus longtemps, et de 2, ta jolie elle va vite t'encastrer dans ce p*tain de mur si tu continue.

Il perdit son sourire, et partit.

- Reviens et sort moi de là.

Il ne revenait pas. Personne ne semblait m'entendre, mes cris étaient comme étouffés. Alors je retapais sur les barreaux toujours plus fort, toujours plus vite. Les gouttes de sang tombaient par terre, en rythme, 1...2...1...2, réglées comme à l'armée. Je réveillais toute les cellules, les gens m'insultaient, d'autres faisaient comme moi ou m'encourageaient je ne sais plus. Des mains m'agrippèrent.

- Arrête. Tu me casses la tête.

         C'était l'autre drogué. Il semblait rire. Il me regardait avec ce sourire en coin.

- Ça te fait rire ?

- Ooh ouiii, c'est la première fois qu'une nuit dans une cellule est aussi plaisante.

- Ça sera la dernière aussi. Je ne compte pas revenir ici après.

- Dommage. Ça allait bien le style prison.

- Non, regarde le bordel que j'ai foutu.

        Les barreaux étaient tâchés de sang, des gouttes maculaient le sol, j'avais réveillé tout le monde et désormais il y avait un vacarme monstre entre ces cellules.

- J'aime bien, tu as le don de mettre l'ambiance à ce que je vois.

- Sûrement.

       L'euphorie redescendait peu à peu. Et le bruit aussi, tout semblait être replongé dans le silence et l'obscurité de la nuit. L'horloge indiquait 6h, dans moins de 2h je devais être au lycée. Et j'avais loupé assez de cours, j'ai besoin d'avoir mes examens à la fin de cette année sans ça, tout ce que j'avais prévu est foutu.

- Sors moi de là. Jt'en supplie.

- Okay, okay. J'peux bien faire ça pour celle qui a rendu, pour la première fois, une nuit ici, agréable.

       Et il me fit un clin d'œil. Ça me fit rire. Il était cool, sans prise de tête, et puis il semblait me comprendre. Je ne comprenais pas les mises en garde d'Aïden.

- Monsieur, elle est blessée. Il faut l'emmener à l'hôpital.

Je le regardais avec des grands yeux. C'était un plan pourri, je ne voulais pas aller à l'hôpital. Un agent débarqua, ce n'était pas le même qu'hier, dommage. J'aurais aimé voir sa tête de dégouté. Il regarda ma main à travers les barreaux. Puis un clic se fit entendre dans la serrure.

- Suis moi, je t'emmène à l'hôpital.

Je regardais une dernière fois derrière moi. Et du bout des lèvres je dis merci à celui qui m'avait soutenu cette nuit. Je traversais le long couloir de cellules, sans regarder sur les côtés, je ne voulais pas voir tout ces gens, c'est dur à dire mais je ne voulais pas être associé à eux. Je ne voulais pas voir mon père non plus.

- Mon frère il est où ?

- Je ne sais pas qui est votre frère, mais une femme est venue chercher un garçon dans la nuit. C'était la directrice de son école.

         Et merde. Un problème de plus, je règlerais tout ça plus tard, je n'ai pas le temps.

- Attendez, je peux passer en coup de fil avant d'aller à l'hôpital, pour prévenir ma famille ?

C'était risqué, s'il connaissait vraiment mon dossier, il devait savoir que je n'avais pas de famille, enfin, que je n'en avais plus.

- Oui on a le temps.

- Merci.

Je souriais, mon plan allait marcher, enfin j'espère. Je composais le numéro, le stress montait, pourvu qu'il réponde.

- Allô ?

- Alex ? J'te dérange pas ?

- Il est 6h du matin p*tain, mais vas-y explique.

              Honnêtement, je sais que je le fais chier mais je m'en fiche.

- Je suis au commissariat viens me chercher.

- Mais p*tain, Ana, t'as vu l'heure ?

- J'm'en fous tu viens, s'il te plaît j'ai besoin de toi pour me sortir de cette merde.

- Tu fais chier, Ana.

- Ça veut dire oui ?

- Bh oui.

- Merci, par contre faudra partir vite. Prépare toi.

- Dans quelle merde tu es encore ?

- J't'expliquerais plus tard.

That's why I love you, again.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant