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Je quitta ses pensées aussi vite que la pièce. Mon esprit aujourd'hui était d'humeur beaucoup trop vagabonde, et je sentais les recoins sombres et ténébreux de mon cerveau se réveiller bien top tôt.

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La semaine était passée comme une autre, je continuais à ranger et nettoyer les chambres de l'hôtel de l'après-midi au soir. Femme de ménage pouvait paraître comme un métier dégradant, or je ne le trouvais plus. A l'hôtel, il y avait des femmes qui étaient là depuis plus de 20 ans, et j'admirais leur courage. Au delà de ce que l'on pouvait penser, le métier était dur et épuisant, et la force de ses femmes m'impressionnait.
J'étais épuisée, mais au moins, lorsque je rentrais chez moi, je savais que mon frère avait mangé, qu'il y avait de l'eau chaude, de l'électricité. Je me disais qu'une partie de la galère était derrière moi, que petit à petit je rattrapais mes erreurs. Une partie de moi restait frustrée, je voulais offrir une vie plus normale et plus riche à mon frère, mais même si mon envie de travailler plus pour gagner plus, je devais rester en cours et avoir mon bac, pour garder espoir d'avoir un meilleur travail, mieux payé et plus sûr. Il ne me restait plus beaucoup de temps avant d'avoir 18 ans, et jusqu'à cette fatidique date, il fallait que notre famille reste inaperçue, s'oublie du monde. Lorsque j'aurais cet âge, je demanderais à devenir la tutrice légale de mon frère. Techniquement, mon père était encore celui de mon frère, je ne voulais pas lui enlever ça en le dénonçant, cependant je me doutais bien qu'à un moment ses agissements ne se tapiraient plus dans l'ombre. Il fallait donc que ce mois de juillet arrive au plus vite.

Aujourd'hui, nous étions donc samedi. Mon frère était parti au foot, un des parents de ses copains étaient venus le chercher. Il revenait aux alentours de 18 heures, et je ne savais toujours pas comment faire pour ce soir. Je ne voulais pas demander l'aide d'Alex une fois de plus, je me servirais de mon frère comme excuse et annulerait ce que Cameron avait prévu.

Aïden allait bientôt arriver, je pensais qu'il aurait abandonner cette idée, mais apparemment ma réussite scolaire lui tenait à cœur. J'avais vu plusieurs fois mon père cette semaine, il y avait des hauts et des très bas. Nos relatons s'étaient pourtant améliorées, je faisais un effort pour ne pas m'énerver, pour ne plus poser de questions, je lui préparais toujours une assiette le soir, et lui préparait un sandwich pour le lendemain. Ce n'était pas quelque chose qui me déplaisait, je me disais qu'il méritait bien ça. Quand parfois, j'entendais ses larmes couler sur son visage, je venais le réconforter, ce n'était pas habituel pour nous deux ce genre d'affection, nous n'étions déjà pas très câlin avant, même si nous étions proches. Seulement, il y avait des moments où l'appel de l'alcool était plus fort, et il sombrait. Hier soir, il est rentré ivre, je ne lui en veux pas, même si il a trouvé judicieux de déverser sa colère sur moi, je le méritait. C'était moi qui avait causé son état.

Mon regard descendis sur mes poignets encore rougis, ils me faisaient mal, mais j'ignorais cette douleur, elle n'était pas comparable à celle qui je lui avais causé. Quelqu'un frappa, c'était Aïden. Je lui ouvris.

- T'es vraiment venu ? Rigolais-je

- Tu croyais quoi ? J'veux que t'ai ton bac moi, dit-il en tentant de prendre un air sérieux.

- Bon, entre du coup, dis-je en ouvrant la porte en grand.

Je ferma la porte une fois qu'il eut posé ses deux pieds dans la maison. Je me dirigea vers l'escalier, prête à monter à ma chambre, quand je m'aperçus qu'il ne me suivait pas.

- Tu as peur ? Je ne cherche pas à te mettre dans mon lit hein, c'est juste que mes affaires et mon bureau sont en haut, dis-je en observant son air gêné.

That's why I love you, again.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant