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- Ta gueule et avance, fis-je.

    Il s'arrêta soudain, mais garda toujours ma main entre la sienne. Il cherchait à établir un contact visuel avec moi, chose que je ne voulais pour rien au monde. Et, comme moi précédemment, il s'approcha de mon visage, et plus particulièrement de mon cou, où, délicatement, il pris la parole.

- J'aime quand tu me parles comme ça, rigola-t-il.

    Une fois de plus il avait tenté de me mettre mal à l'aise, c'était notre jeu, certes, mais une partie de moi n'avait plus joué à ce moment. Mon corps s'était comme bloqué, ne répondant plus à mon cerveau, même mon coeur ne répondait : il n'avait plus cessé de cogner contre ma poitrine lorsqu'il avait approcher ses lèvres de moi. Ce n'était qu'un jeu, mais je sentais une part de moi sombrer, sombrer dans quoi ? Personne ne pouvait le savoir. J'étais en train de perdre à ce jeu, notre jeu.

    Nous étions désormais dehors, le froid avait bel et bien gagner la ville. Et même si l'été luttait encore contre l'automne, la nuit s'était allié à cette saison approchante pour permettre à la fraîcheur de s'installer. J'eus un frisson. Aïden l'eus vus. Mais il n'en dit rien, du moins il ne parlait de ce genre de tremblements.

- Tu sais Ana, j'suis content d'un truc aujourd'hui...

- Ah ouais ? Et, pourquoi ? J'suppose que c'était la réponse que t'attendait non ? Plaisantais-je.

    Il voulait en dire plus c'était évident. Personne ne commence une phrase comme celle-ci pour la laisser en suspend.

- Peut-être...

    Je lui lança un regard qui voulait dire « Arrête de mentir ». Il le comprit très vite.

- Bon sûrement même, mais tu m'a cassé mon truc là, j'ai plus envie de te le dire, fit-il avec un grand sourire avant de repartir.

    C'est quand il reprit la marche et que je fus bousculer par des passants bourrés que je me rendis compte que nous nous étions arrêtés pour discuter. Et il me laissait là, avec sa débile de phrase en suspend.

- T'es sérieux Aïden ? Criais-je en le voyant s'éloigner.

- Très sérieux chérie, disait-il en marchant face à moi à reculons, haussant les épaules.

- Ok, je me casse alors, dis-je en faisant semblant de partir dans l'autre sens de la rue.

- Ça marche pas ton coup de pression Ana, disait-il de plus en plus fort avec cette distance qui s'accentuait entre nous.

- Et pourquoi ?

- Parce que tu n'as nul part où aller, et que accessoirement j'ai ça, disait-il en secouant quelque chose du bout des doigts.

    J'ai du plisser les yeux et m'approcher de quelques centimètres, discrètement, pour voir ce qu'il arborait au bout de sa main. Mes clés. Quel connard. Je jura un peu fort, si bien qu'à ce moment je remarqua que nous étions le spectacle de bon nombre de passants. Mais je m'en fichais, ils allaient me servir.

- Rends  moi ça tout de suite, hurlais-je

- Sinon quoi ?

- Sinon je... Je... Je hurle que tu m'as violé et volé mes clés, lui fis-je fière.

- Étant donné que tout le monde t'as entendu maintenant, ton excuse tombe à l'eau princesse, rigola-t-il.

    Merde. Il avait raison.

- J'vais te tuer, hurlais-je tout en étant amusé de la situation.

- Avant faudra m'attraper, dit-il en repartant en courant.

That's why I love you, again.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant