Le noir transperçait l'espace. Le faible éclat de la lune essayait désespérément de scier le couloir, pour éclairer ma route. Je ne percevais que des fins éléments du décor qui m'entourait. J'avançais sur le long tapis rouge divisé par une ligne centrale de losanges jaunes ou peut-être marron. Les murs de marbre blanc refroidissaient la pièce autant que l'air lugubre qui s'engouffrait par les vitrains blancs qui filtrait les rayons de la lune.
Plantée au milieu du couloir plongé progressivement dans l'obscurité sans fin, j'étais pétrifiée sur place. Ne sachant que faire, je tournais la tête vers les tableaux noirs sur le mur de gauche. Bizarrement, je me sentais plus petite que d'habitude même en approchant des tableaux. Sur le plus proche de moi, était peinte une jeune femme blanche tenant un nourrisson dans ses bras. On ne distinguait aucun trait de son visage mais elle portait une longue robe blanche en dentelle et ses longs cheveux châtains étaient simplement attachés à l'aide d'une tresse sur son coté droit. Le nourrisson, lui était tranquillement endormi avec la couronne de ce qui me semblait être d'un prince, sur sa minuscule tête. J'en déduisis que la jeune femme était la reine et que cette demeure un palais royal. Je replongeais mon regard dans l'infinité noire puis m'approchai du second tableau pour m'empêcher de penser à la peur que naissait au creux de mon ventre. Quand je posais alors les yeux sur le tableau, l'étonnement déforma mon visage. Le tableau était exactement le même, la même femme tenant le même bébé au détail près, que le visage de la jeune femme commençait à s'éclaircir. Un bruit sourd, peut-être de métal frottant le sol en continu, se fit entendre. Mon corps se glaça. En une fraction de seconde le bruit s'arrêta. Reprenant mon sang froid, je m'avançais sur le prochain tableau lui-même éclaircit. Le même bruit de ferraille vint jusqu'à moi mais cette fois comme si il tombait sur le sol. Je sursautai, me frottant les bras pour me rassurer. J'accélérais la cadence, en oubliant quelques uns, pour échapper à l'angoisse du noir, observant tout de même les tableaux, qui au bout du vingtième, laissait apparaître le visage de la jeune femme. Je m'arrêtais devant le plus claire ; elle était étonnement belle. Je jetais un coup d'œil derrière moi puis m'avançais pour mieux voir étant donné ma petite taille. A par ses magnifiques yeux bleus saphirs, je me reconnaissais en elle. Les mêmes joues rebondies, les mêmes cheveux soyeux, la même peau basanée, les mêmes lèvres pulpeuses, les mêmes yeux fins, à l'exception que les miens sont verts émeraude, et le même sourire angélique.
Tout d'un coup, la lumière lunaire disparue, laissant place à l'ondulation des flammes et à des cris désespérés. La fumée s'engouffrait dans le couloir. Je commençais à suffoquer. Les cris redoublèrent et je perdis le contrôle de mon corps. Assis sur le sol les pensées dans ma tête se bousculèrent « Que se passe-t-il ? » « L'enfer est là ? » « Où es-tu, Maxime ? ». Mais à qui pouvait bien appartenir ces pensées ? Quelqu'un courrait. L'on pouvait entendre et sentir les pas contre le sol. Ma vue commençait à se brouiller, je sentais le corps perdre ses forces. Je toussais. La femme sur le tableau avait maintenant les yeux rouges. Le portrait sortit du tableau, on aurait dit un monstre. Comme une sorcière avec une langue de serpent, la jeune femme n'était plus elle. La peur m'envahis et je reculais contre l'autre mur. Les larmes brulaient mes joues avant de s'évaporer sous la chaleur. Puis un homme en noir, encapuchonné par un long manteau sans manche sur lequel était brodé un cercle dans un autre cercle, tout deux rouges, au niveau du torse, s'approcha de moi. Mes larmes redoublèrent, les pas que je ressentais étaient de plus en plus proches. Ils s'arrêtèrent quand une épée fendit l'air et se planta directement dans le cœur de mon assaillant qui eu juste le temps de dire « rejoins nous...». Le sang se rependit sur le sol, le corps dans lequel j'étais prisonnière ne bougeait plus, pétrifié par l'effroi. Depuis le couloir, la voix d'un jeune garçon surgit « Nina ! ». La vue de la jeune fille était embuée et je ne pouvais pas le voir. Mais pourquoi m'appelle-t-il ? Je le voyais arrivé sans le distinguer. Il se jeta sur le sol et me prit dans ses bras, la tête sur sa poitrine « Nina ...»
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Le Prince D'Agrestia
RomanceVous êtes vous déjà dit, un jour, que sur terre chacun de nous est lié à une autre personne. Comme si le destin était tracé et que nous étions destinés à finir avec une seule et même personne. Vous êtes vous déjà dit que le nombre d'âme, ce qui fai...