Chapitre 17

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Je montais mollement les dizaines d'escaliers de ce château jusqu'à ma chambre. Je regardais le lit avec envie. Après mettre débarrassée de cette maudite robe, je me glissais sous les couvertures. Je regardais le ciel à travers la baie-vitrée. Je repensais aux paroles du roi « Pas de vague ce soir », adressées à Maxime. Je me posais la question. Pas de vague avec moi ou avec ces pouffiasses ? Quoi qu'il arrive, j'étais maintenant au courant et je n'avais pas la moindre envie d'assister à ce bal. Je fermais les yeux.

Des coups sur la porte me réveillèrent. Le roi rentra sans retenu en refermant derrière lui. Il avait toujours son air supérieur collé au visage, mais je n'avais pas envie de faire la bonne princesse sage et docile. Il s'arrêta droit comme un i près du lit. Je restais couchée les yeux rivés aux siens bleus azur. Physiquement le roi était très imposant, inspirant la crainte, mais les signes de l'âge comme les cheveux grisonnants ou la peau ridée, commençaient à marquer durement son corps.

- Vous devez vous préparer.

- Je me sens faible. Surement un effet de la grossesse. Je ne sens pas la force d'assister à ce bal.

- Si vous le dites. Le bal ne sera pourtant pas repoussé. Si jamais votre état s'améliore pendant la soirée, vous n'aurez qu'à faire entrer votre Servante attitrée qui restera devant votre porte.

Sur ce, il sortit de la chambre. Je l'entendis glisser quelques mots à la servante. J'entendis ensuite la voix de Maxime qui se demandait ce qu'il se passait. Le roi lui expliqua et ils s'éloignèrent. J'attendis quelques minutes avant de sauter de mon lit et d'ouvrir à la pauvre jeune fille condamné au poste de garde pour la soirée. Je me recouchais dans les draps et l'invita à s'assoir sur le lit. La jeune fille hésita puis s'exécuta. Elle était de mon âge, blonde clair avec de magnifique yeux bleus gris. Sa peau était très pâle, comme de la porcelaine. Elle me faisait penser aux poupées parfaites que l'on offre aux petites filles.

- Vous sentez-vous bien votre altesse ?

- Je t'en pris, nous avons le même âge, ne m'appelle pas altesse.

- Princesse ?

- C'est mieux. Comment t'appelles-tu ?

- Marie, princesse.

- C'est très joli.

- Princesse, puis-je vous poser une question ?

- Bien-sûr.

- Je vois très bien que vous n'êtes pas indisposée. Vous êtes même rayonnante. Alors pourquoi n'allez-vous pas à ce bal en votre honneur ?

- Il est organisé pour Maxime, mon frère et mon fiancé. Mais j'ai assisté, cet après-midi même à une entrevue qui m'a profondément blessée.

- Vous parlez des harpies qui tournent autour du prince ?

- Tu es au courant ?

- Oui, princesse. J'ai surpris sans le vouloir une discussion entre monsieur son altesse royale et le prince lui-même. Le roi voulait que monsieur votre fiancé s'éloigne de vous pour trouver une « vraie » princesse à épouser.

- Pourquoi donc ?

- Il trouve mal vu que votre frère et vous soyez amant.

- Qu'à répondu Maxime ?

- Il a bien sûr refusé. Votre fiancé vous aime profondément. Ça se voit dans la façon qu'il a de vous dévorer du regard mais aussi dans les paroles qu'il emploi pour parler de vous. Mais le roi n'a rien voulu entendre et il a promit de mauvaise chose à votre égard si le prince ne se rapprochait pas d'une autre femme.

Le Prince D'AgrestiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant