Chapitre 2

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Le noir. Pour certain, le noir est synonymes de malchance, de peur, de cauchemar, d'angoisse, de fin. Mais pour moi le noir s'accorde avec le renouveau, l'apaisement, la nuit, le sommeil, l'apparition du plus bel astre qui soit, les souvenirs, les rêves. Le noir à quand même du bon. Aujourd'hui et peut être demain, on accorde souvent, très souvent, les couleurs froides avec ce qui nous fait peur, alors qu'on pourrait tout simplement leur donner de belles significations. Le noir est quand même une belle couleur.

Il faisait noir, comme si je ne pouvais pas ouvrir les yeux. Puis soudain la chaleur d'une pression sur le front ainsi que celle d'une flamme. Et puis la lumière passant à travers les paupières. Et enfin, la vue. Je suis dans ma chambre. Ce n'était qu'un cauchemar, presque réaliste, mais un cauchemar. Une interrogation me vint aussitôt en tête « d'où vient cette main ? ». Je me relevais encore un peu angoissée et regardait le garçon inquiet à mes côtés. Je remontais alors la couverture pudiquement. Je l'observais avec un air mêlé d'amertume et d'interrogation. Il me regardait toujours comme un petit chien, quand il comprit son erreur. Il posa la bougie et recula si brusquement qu'il tomba avec la chaise sur laquelle il était assis. Je ricanais. Il se releva, releva la chaise et se prosterna au pied du lit en me présentant ses plus sincères excuses. Je le regardai puis ajoutai sur un ton des plus durs :

« Que fait tu dans ma chambre ?

- Je vous ais entendu crier dans votre sommeil. Comme ma chambre est à côté de la vôtre je me suis déplacé pour voir si vous alliez bien. Ne m'en voulez pas, maitresse, je vous en pris.

- Ce n'était qu'un cauchemar, pas besoin de rester veiller à mon chevet.

- Oui, mademoiselle, mais vous pleuriez.

Je posais ma main sur ma joue et sentis une légère sensation d'humidité. Les murs craquèrent, le vent s'engouffra dans la maison, puis un déchirement coupa le silence pour finir par un claquement énormément fort. Benjamin et moi nous regardons surpris.

- Restez ici, mademoiselle. Je vais voir ce qu'il ce passe.

Il disparu. Je restais là, assise dans mon lit, tenant toujours la couverture entre mes bras. Perdu dans mes pensées, je fronçais les sourcils. Je ne veux pas rester ici, je veux savoir ce qu'il se passe. Je sortis de mon lit enfilant les pantoufles au sol en passant autour de moi une couverture en laine, laissant mes bras libre de leurs mouvements. Je m'avançais jusqu'à la porte et jetais un coup d'œil de chaque coté du couloir. Je descendis vers les portes d'entrées quand je croisais Benjamin tout affolé. Il m'expliqua qu'un garçon était inconscient sur le sol et qu'il ne savait pas quoi en faire. Je le pris par les épaules pour qu'il se calme et qu'il me regarde.

- Je vais aller voir ce jeune garçon pendant que tu vas aller chercher de l'aide.

- Mais duchesse, il est peut-être dangereux. Je ne peux pas vous laisser seul avec cet inconnu.

- Je ne risque rien s'il n'est pas conscient. Et plus vite tu iras trouver de l'aide, moins de temps je resterais seule avec cette personne. Comprends-tu ?

- Oui, mademoiselle. J'y cours tout de suite.

Il partit en trottinant dans le couloir pendant que je continuais mon avancé dans la maison. Des bougies avaient été allumées dans les escaliers menant à la porte et autour du garçon. Je m'arrêtais soudain, la peur au ventre. Puis prenant tout ce qu'il me restait de courage, je descendis lentement les escaliers et m'approchai du garçon. Il était grand, plus que moi et Benjamin en tout cas. Ses cheveux coupés cours étaient plaqués sur son front trempés, comme l'ensemble de son corps, par la pluie que l'on entendait à l'extérieur. Il portait une chemise bleue et un pantalon un peu trop grand pour lui. Je m'agenouillais près de sa tête en la prenant pour la poser sur mes genoux. J'observais les trais de son visage, réguliers, doux, angéliques avec un simple grain de beauté sur la joue gauche. Son cou était lui aussi bien dessiné, comme ses épaules, son torse, ses mains et son bassin. Je me pris à le dessiner dans ma tête et sentis une chaleur envahir mes joues. Sa main se crispa ainsi que son visage. Puis il redevint calme jusqu'à ce que ses yeux s'ouvrent. Il me regarda profondément, comme s'il me dessinait lui aussi dans son esprit. Honteuse, je ne cessais d'admirer ses grands yeux aussi verts que les miens. Il ne me lâchait pas du regard. Puis il souleva son bras et mit sa main sur ma joue « un ange...». Il reperdit connaissance laissant sa main s'écraser sur le sol. Je me sentis rougir. Je me sentais aussi honteuse de vouloir embrasser cet homme, je ne le connaissais pas. Mais ses lèvres étaient simplement extrêmement belles. Benjamin et quelques autres personnes arrivèrent et toute l'excitation retomba aussitôt. Ils me demandèrent s'il avait dit quelque chose. Ne sachant quoi dire, je leurs expliquai qu'il devait avoir de la fièvre, et qu'il délirait surement. Ils le portèrent jusqu'à une chambre et Benjamin me raccompagna à la mienne.

Le Prince D'AgrestiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant