Je me réveillais mais restais couchée par terre de peur quand me relevant ma tête me terrasserait. Je regardais autour de moi. Il n'y avait que de la terre, de la paille, de la roche et une grosse ouverture en puits de lumière. Une grille coupait l'ouverture du plafond et celle de ma supposée cellule. Je me relevais à l'aide de mes bras, et encore à moitié couchée je regardais l'extérieur de la geôle. Je ne vis que le noir complet. Les rayons de soleil filtraient à travers la grille et je supposais que nous avions changé de jour. Je comptais le nombre de jour écoulé depuis la visite de Maxime. Un jour plus celui-ci. Deux. Demain soir, se sera le bal de retour de Maxime et je n'y serais surement pas. A moins que je ne m'échappe par je ne sais quel moyen. Un mouvement dans le fond de la cellule attira mon attention. Une femme, vieillit par l'âge mais extrêmement belle me regardait. Je voulus m'approcher d'elle mais une chose dure retint mon pied. Je regardais et vis une chaîne encercler ma cheville droite. Je me rassis et la regardait plus intensément. Au bout de deux, peut être trois, minutes je me tournais vers la grille et commençais à la secouer. Elle bougeait dans la pierre et je voulue par tout les moyens qu'elle en sorte. Rien à faire. Accrochée aux barreaux je hurlais jusqu'à m'éteindre la voix. Personne ne vint. Je m'assis de nouveau, contre les barreaux et regardait la femme. Ses profonds yeux bleus me rappelaient quelque chose. Elle s'approcha de moi. Ses mouvements semblaient s'amoindrir à chaque pas vers moi. Elle s'écroula sur le sol mais ne cessait de me regarder. Je la regardais sans rien pouvoir faire pour elle, malheureusement. Elle s'assit devant moi. Elle approcha une main de moi et j'eu un mouvement de recule. Elle s'arrêta aussitôt.
- Qui es-tu ?
Sa voix était rauque, par le manque d'hydratation je suppose, mais elle sonnait doucement, comme une caresse.
- Je suis... je suis... Nina d'Agria, duchesse. Et vous ?
- Cela n'a que peu d'importance. Comment es-tu arrivée ici ? Ce n'est pas un endroit pour les jolies filles comme toi.
Je relâchais la tête en arrière regardant le plafond et le ciel.
- Les gens qui m'on enfermé me recherche depuis je ne sais combien d'année. Et je pense qu'à cet instant ci, ils ont enfin réussi à m'atteindre. J'espère seulement que Ma... mon frère ne connaît pas le même sort. Et Benjamin et ma mère non plus.
Je sentis un mouvement de recule de sa part et reportait mon regard émeraude sur ses yeux saphir. Elle regardait dans le vague et son visage prit une très puissante expression de tristesse. Je ne comprenais pas. Elle regardait le vide, surement perdue dans ses pensées. Je continuais de la regarder alors qu'une larme coulait sur sa joue.
- De puis combien de temps êtes-vous ici ?
- Longtemps.
- Comment ça ?
- Depuis plus de dix ans.
- Pardon ?!
Je la regardais les yeux écarquillés. Un sourire timide éclaira son visage. Les quelques rides autour de son nez se prononcèrent. Elle me rappelait vraiment quelqu'un, mais qui ? Elle recommença à me regarder intensément. Malgré les rides qui striaient son visage et son cou, ses cheveux châtains étaient brillants et bouclés, sa peau était faiblement basanée, elle semblait petite, enfin à peu près la même taille que moi. Je remarquais ses mains abîmées par le temps et le magnifique diamant qu'elle portait à l'annulaire gauche. Qu'est ce que j'aimerais être mariée à cet instant même avec l'homme que j'aime. Elle suivit mon regard et commença à triturer la bague.
- Es-tu fiancée ? Tu dois être dans les âges si je ne m'abuse ?
- C'est... euh... C'est compliqué...
Elle fronça les sourcils comme si je venais de dire une bêtise.
- Quel est le problème ?
Je posais mes mains sur mon ventre un peu plus gonflé chaque jour.
- Je ne suis pas tombée amoureuse de la bonne personne.
- Comment ça ?
Elle commençait à m'énerver. Je n'allais pas lui raconter ma vie quand même. Et puis pourquoi ma vie l'intéressait tant ? Je fronçais les sourcils.
- Tu peux tout me dire, je ne risque pas de sortir de cette cellule de si tôt.
Elle avait raison. Moi non plus d'ailleurs. J'aimerais tellement que Maxime vienne me chercher. Il me manque terriblement.
- J'étais « pré-fiancée » à un homme mais je suis tombée amoureuse de mon...
Je ne savais pas comment elle allait réagir. Elle est peut-être de la noblesse, et aimer son valet est très mal vu.
- Ton ?
- Mon valet.
Elle baissa la tête, toujours triturant sa bague et se mit à sourire. Je me détendis aussitôt. Je remarquais alors que je serrais mon ventre fermement.
- On ne tombe pas souvent amoureux de la personne la plus facile à atteindre. c'est comme un challenge à relever.
-Vous avez raison. Il est tellement mieux d'aimer quelqu'un qu'on ne peut atteindre. C'est plus excitant et dangereux.
Nous sourîmes toute les deux dans le silence.
- Comment s'appelle-t-il ?
- Maxime. Il me ressemble beaucoup physiquement si on exclut la taille et l'âge. Et le sexe.
Je me mis à rire et elle me suivit mais je sentais qu'il y avait quelque chose qui l'a gênait.
- Quelque chose ne va pas ?
- Je... non... tu... me...euh... disais que votre ressemblance était frappante ?
- Oui... enfin à... à quelques détails près.
Me dîtes pas qu'elle a comprit ? Non elle ne peut pas, elle n'a jamais vu Maxime, elle ne peut pas savoir que nous sommes frère et sœur.
- As-tu des frères et sœurs ?
Qu'est ce que je réponds ? Et si elle se doutait de quelque chose ?
- Non. En fait, j'ai perdu six ans de ma vie. Je ne rappelle rien de mon passé avant mes six ans. Je ne sais donc pas si j'ai des frères et sœurs biologiques ou non.
- Tu ne vis pas avec tes parents ?
- Ils ont été tués aux alentours des mes six ans. Je ne me rappelle pas d'eux.
- Non !
Je me retournais vivement vers elle. Elle me regardait les yeux écarquillés, presque exorbités. Je ne comprenais pas sa réaction ? pourquoi avait-elle crié ? Elle se calma et baissa la tête. J'avais l'impression d'être devant une gamine. Je me rappelais alors que je ne connaissais pas son âge. Malgré les signes flagrants de l'âge inscrits sur sa peau, elle semblait très jeune. Je regardais le plafond et sentis les dernier rayons de soleil disparaître laissant place à la lune. Je décidais de me coucher près des grilles. Je regardais le ciel et mon petit ventre. Maxime prit alors place dans toutes mes pensées. Il me manquait tellement. Une main sous ma tête l'autre sur mon ventre, je fermais les yeux. Je les rouvris quelques minutes après n'arrivant pas à trouver le sommeil. Et si les cauchemars reprenaient ? Et si personne ne venait me chercher ? Et si Maxime ne sait pas que j'ai été enlevé ? Et s'il m'oubliait ? Les larmes roulèrent peu à peu sur mes joues. Je sentis une main caresser mes cheveux. J'ouvris de nouveau les yeux et regardait les deux saphir brillants aux lueurs de la lune. Elle posa sa main sur ma joue puis sur mon ventre. Je resserrais mon bras autour. Elle me certifia du regard qu'elle avait compris et que je pouvais lui faire confiance. J'eu du mal. J'avais peur. Peur pour ce petit être, peur pour nos vies. Peur de ne jamais ressortir de ces murs, de ne jamais revoir Maxime, de finir comme cette femme aux airs familiers. Je reposais ma tête sur mon bras. Morphée arriva alors beaucoup plus vite qu'il y a peu de temps. Je sombrais bercée par l'air familier fredonné par cette femme dont je ne connaissais même pas le nom et la fatigue.

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Le Prince D'Agrestia
RomanceVous êtes vous déjà dit, un jour, que sur terre chacun de nous est lié à une autre personne. Comme si le destin était tracé et que nous étions destinés à finir avec une seule et même personne. Vous êtes vous déjà dit que le nombre d'âme, ce qui fai...