Le soleil d'été, lorsqu'il se lève pour éclairer le royaume, apparaît derrière les rocs escarpés des montagnes. Tout doucement, il forme son cercle, commence à rayonner ; alors qu'il entame sa course vers le zénith, il allume l'or des blés, sème des diamants dans les ruisseaux, et les feuilles gorgées de lumière sont autant d'émeraudes qui garnissent les branches.
Au château, tout est encore endormi ; seuls quelques boulangers sont à l'œuvre dans les cuisines, affairés autour d'un four rougeoyant creusé à même la roche. Dans leur aile du château, les courtisans rêvent de fortune et de puissance dans leurs lits à baldaquins ; plus loin et moins confortablement, les soldats rêvent aussi, de leur famille, de leur province d'origine, de la gloire aussi. Dans les écuries, quelques chevaux commencent à ébrouer leurs crinières ; à la volière, les faucons secouent leurs plumes.
Dans la chambre royale, les lourdes tentures qui cachent les fenêtres ne laissent passer qu'un pâle rayon de lumière ; les particules de poussière y tournoient dans un ballet incessant. C'est, pour l'instant, le seul mouvement qui trouble l'atmosphère paisible de la chambre ; mais bientôt, dans le lit massif, les soieries frémissent.
Un jeune homme s'extirpe des lourdes couvertures ; ses pieds nus se posent sur un tapis soyeux. Ombre à peine dans la semi-obscurité de la chambre, il tâtonne un peu pour trouver sa chemise, qu'il enfile. Ainsi, sans autre bruit que les froissements des étoffes qu'il revêt, il s'habille ; mais lorsqu'il s'assied au bord du lit pour enfiler ses bottes, une voix s'élève doucement :
-Tu t'en vas déjà ?
Doucement émerge des draps un visage ensommeillé ; sous les cils, deux pupilles brunes apparaissent, déjà pleines de chaleur.
-Le jour se lève, répond le jeune homme à regret.
-Déjà ? Les nuits sont trop courtes à tes côtés, soupire le roi.
-Mais les nuits reviennent, lui fait remarquer son amant avec un demi-sourire.
Le jour est de toute beauté dans un royaume aussi riche que celui d'Aoba ; mais c'est à la faveur de la nuit qu'Oikawa et Tobio se rencontrent pour vivre leur amour interdit. La lune et les étoiles sont devenues les témoins muets et lumineux de leur passion ; et tout le jour ils se languissent en attendant de se retrouver.
Oikawa est d'humeur euphorique quand ses matins commencent ainsi. Il descend, comme d'habitude, prendre le premier repas de la journée et rencontrer sa cour, puis il discute avec ses ministres dans la salle du conseil. Dans un couloir l'accueille le portrait de sa mère ; il lui jette un long regard de biais, toujours incertain de ce qu'il ressent maintenant qu'elle n'est plus là. Cela fait quelques semaines à présent qu'elle est partie rejoindre ses ancêtres, des suites d'une maladie incurable.
Les cérémonies ont été grandioses à travers tout le royaume ; le deuil national a été décrété. Pour Oikawa, malgré la perte, cela n'avait pas vraiment été une souffrance. Elle ne l'avait pas élevé, après tout ; elle l'avait simplement guidé sur le chemin de la royauté après le décès de son père. Jamais elle ne lui avait montré d'affection particulière, puisque fondamentalement c'était son rôle d'avoir des enfants, et bien qu'il ait été le seul, cela n'avait pas créé de lien affectif fort entre eux. A présent, le trône est tout entier à lui, et s'il affecte encore des airs tourmentés de circonstance, il se délecte intérieurement d'avoir les pleins pouvoirs.
Cependant, sa joie est de courte durée. Les mines des hommes d'Etat sont graves lorsqu'il s'assied au bout de la table de chêne et déclare le conseil commencé. Les jeux de regard ne lui échappent pas, et il sent que ses conseillers se renvoient mutuellement la tâche de lui parler.
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Memento Amari
FanfictionOikawa est le roi du puissant royaume d'Aoba Johsai. Cependant, peu après son accession au pouvoir, il s'éprend d'un simple archer. Cet amour lui est défendu: son devoir l'appelle à épouser non pas un simple soldat, mais un bien un prince étranger.