Chapitre 13

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Le château est encore silencieux quand Oikawa se lève et rejoint la salle du conseil. Les célébrations ont duré toute la nuit, et l'aube se levait déjà quand les musiciens ont finalement pris congé ; tout le monde dort encore, à l'exception de quelques domestiques et des représentants des deux royaumes, qui doivent commencer les négociations le matin même.

Le jeune roi rejoint ses conseillers, déjà installés, tous du même côté de la longue table au centre de la pièce, et s'installe parmi eux. Après quelques instants, la délégation de Shiratorizawa arrive à son tour et occupe le côté opposé ; Ushijima prend place en face d'Oikawa, et Tendou, le sorcier, s'assied à droite de son roi.

-Bien. Ce matin, nous allons laisser la parole à Shiratorizawa, déclare un des conseillers. Les représentants d'Aoba seront donc libre de délibérer ensemble jusqu'à demain matin, où ils pourront confronter leurs vues avec celles de nos invités.

-Je n'ai donc rien à dire aujourd'hui ? demande Oikawa en fronçant les sourcils.

Cette méthode ne lui plaît guère. Encore une fois, c'est Shiratorizawa qui va s'imposer avant lui, et énoncer les conditions en premier ; Aoba n'aura qu'à s'ajuster à eux. Ce qui, malgré tout, lui laisse un jour de répit avant d'annoncer que le mariage ne peut pas avoir lieu, et aviser, selon les demandes énoncées, sur ce qu'il pourrait proposer à Ushijima en compensation.

-Nous répondrons demain, lui dit un de ses ministres, cherchant à l'apaiser.

Oikawa fait un bref signe de tête, et surprend les yeux écarquillés du sorcier fixés sur lui ; il se détourne aussitôt.

-Voici nos propositions, déclare Ushijima. Comme convenu, nous célébrerons le mariage ici. La question de l'héritier sera facilement réglée.

Il fait un signe de la main, et un enfant, qu'Oikawa estime ne pas avoir plus d'une dizaine d'années, s'avance timidement. Ushijima pose une main sur son épaule.

-Goshiki, dit-il. C'est un de mes lointains parents, qui, s'il n'est pas marié dans quelque grande famille, n'héritera que d'une place moyenne à la cour de Shiratorizawa. Il est encore jeune, et peut être formé aux coutumes de ce pays pour, plus tard, en prendre les rênes.

Oikawa cache de son mieux son incrédulité, mais est outré d'une telle proposition. Placer un héritier de Shiratorizawa sur le trône d'Aoba après lui ? Ushijima le croyait-il donc si stupide ? Aucun doute que la fusion des deux royaumes s'opérerait dans une cinquantaine d'années, si le garçon devenait roi. Et le peuple d'Aoba, qui plus est, n'accepterait jamais d'être gouverné par un étranger.

-En échange, Shiratorizawa construira de nouvelles routes entre nos deux royaumes, pour rendre le commerce encore plus prolifique. C'est également notre royaume qui fournira tout l'or nécessaire aux frais du mariage, et à l'éducation du futur prince. Nous enverrons donc nos meilleurs maîtres au château, que ce soit dans l'apprentissage de la culture ou des armes, et les gens d'Aoba seront bien sûr libres d'en disposer.

Ils deviendraient alors une véritable province, songe le roi. Sous couvert de cadeaux, Shiratorizawa les tiendrait dans la dépendance et leur imposerait leur propre culture.

-Aoba et Shiratori, bien sûrs, seront alors unis par une alliance inébranlable, termine Ushijima. Et si une guerre se préparait, nous serions sûrs d'en sortir victorieux.

-Mais à quel prix ? rétorque Oikawa, amer, en se remémorant les provinces cédées à Shiratorizawa cinquante ans plus tôt.

Ushijima dirige son regard vers lui, et répond sans faillir :

Memento AmariOù les histoires vivent. Découvrez maintenant