Chapitre 15

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Oikawa s'est assis sur son lit, le livre posé sur la couverture à côté de lui. Avant de l'ouvrir, il essaie de se concentrer sur les visions qu'il a eues à travers Tendou. Il revoit, dans son esprit, les images fugaces mais d'une incroyable netteté.

L'armée, oui, il peut tout à fait se figurer qu'il s'agit de la sienne lorsque la guerre sera déclarée, avançant vers le château de Karasuno. Le projet d'invasion refait surface dans son esprit, et, nerveux, il songe au moment où il devra l'annoncer à Iwaizumi.

La flèche ? Il aurait pu penser qu'il s'agissait d'un autre élément lié à la guerre, mais les empennages d'Aoba ne sont pas noirs, ils sont bleus. En règle générale, les plumes qui ornent les flèches sont aux couleurs du royaume de l'archer ; Oikawa a appris les emblèmes des royaumes, cela fait partie de son éducation de prince, mais plusieurs peuvent prétendre à ces plumes noires, notamment Inarizaki et Karasuno. Karasuno lui paraît, compte tenu de la situation, l'option la plus probable.

Il se souvient surtout de la couronne dorée, posée sur des cheveux sombres et soyeux qui, Oikawa n'en doute pas un instant, sont ceux de Tobio. Il s'accroche à cette vision, qui représente enfin un de ses espoirs comblés : celui de voir Tobio monter sur le trône à ses côtés. A nouveau, il ressent le manque de son mari, qui devrait être là, avec lui, et se tourne par réflexe vers la fenêtre, se demandant s'il serait capable de grimper jusque là.

La dernière vision vient vite obscurcir ces quelques espoirs. Il revoit son visage, si semblable et pourtant si différent que celui que lui renvoie le miroir. Outre les yeux d'un rouge violent, semblables à ceux que possède Tendou, il lui a semblé qu'il était plus pâle, plus mince ; mais ce n'était que des yeux, un nez, une bouche, le reste vague, perdu dans le néant. Et pourtant, il est certain qu'il s'agit de lui-même. Mais dans quel futur ?

Il se décide à se saisir de l'ouvrage sur la magie, déterminé à y trouver des éclaircissements. C'est un volume lourd, et dont les feuilles jaunies sont couvertes d'une écriture fine et serrée. Sur certaines pages, des illustrations à l'encre noire ornementent les descriptions. Il tourne les pages avec précaution, découvre une richesse inouïe dans cet ouvrage : non seulement il détaille les créatures surnaturelles qui peuplent leur continent, mais aussi recense tous ceux qui ont vécu à travers les âges.

Il parcoure avidement les pages, cherchant ce qui l'intéresse. Enfin, ses yeux s'arrêtent sur le mot « sorcier » et il commence sa lecture.

« Les sorciers et les mages sont présents sur le continent depuis sa création.

Leurs pouvoirs sont innés dans les deux cas, mais procèdent d'une force maléfique pour les sorciers, tandis que ceux des mages résultent d'une force bienveillante. Leurs yeux, qui sont un de leurs signes distinctifs, sont de couleur rouge (pour les sorciers) ou dorée (pour les mages).

L'un comme l'autre sont en communion avec les forces surnaturelles et peuvent donc sentir tout lien relevant du sacré ou de l'hérédité. Certains peuvent également prendre conscience du passé et de l'avenir des personnes qu'ils côtoient. Cette omniscience se renforce, comme le reste de leurs pouvoirs, en fonction de leur âge.

Ils peuvent acquérir la capacité d'influer sur le réel en agissant à distance sur les personnes et les objets. Leur pouvoir ultime est leur droit de vie et de mort sur les individus, mais ce pouvoir, comme tous les autres, doit conserver l'équilibre du monde. Ainsi le sorcier ou le mage peut-il ramener un défunt à la vie en échange d'un sacrifice, et tuer lorsqu'ils sont à l'origine d'une naissance.

L'équilibre doit toujours être conservé. Les sorciers sont en charge de punir et les mages de récompenser. Ainsi, une action extrêmement grave (telle qu'un meurtre) peut être châtiée d'une malédiction par un sorcier, malédiction dont il a seul la clef. Au contraire, une action favorable au bien de l'humanité, un comportement héroïque (tel que l'action de sauver une vie), peut conduire un mage à apposer sa bénédiction sur la personne. »

Memento AmariOù les histoires vivent. Découvrez maintenant