Deux semaines ont passé depuis la proposition du roi. Il a revu Tobio plusieurs fois depuis, mais n'a pas osé lui reparler d'une officialisation de leur mariage, ni, en conséquence, de la possibilité de concevoir un héritier. Il n'a que trop vu le doute sur son visage, et pour de multiples raisons ; aussi prend-il son mal en patience.
Il en a fait part à Iwaizumi, comme de tout. Si le chevalier a, la plupart du temps, considéré ses décisions comme irréfléchies et s'est opposé à plusieurs d'entre elles, il ne semble pas trouver absurdes les derniers projets du roi –il y voit un aboutissement logique, une progression inévitable au vu des événements récents.
D'autres soucis pèsent sur Oikawa. Si la situation politique est calme –il a envoyé des représentants aux funérailles d'Ushijima, et l'on en reparle plus- pour l'instant, sa santé ne lui laisse aucun répit. Les douleurs à la tête, qu'il ressentait comme subites et passagères, sont à présent constantes. Plusieurs fois, il a été consulter les guérisseurs, qui ne trouvent aucune explication rationnelle à ce phénomène, sinon les conséquences d'une semaine de surmenage ; ou peut-être d'un choc émotionnel, hypothèse d'autant plus suggérée par la cicatrice toujours inexpliquée sur la joue du roi.
Ces migraines lui vrillent le crâne, et il est parfois obligé de s'isoler en attendant qu'elles passent. Les douleurs sont variables ; tantôt elles lui traversent la tête de part en part comme une barre de fer, tantôt elles tombent sur ses yeux, et il est alors incapable de supporter une luminosité trop vive. Mais lorsqu'il cherche à savoir si sa vue est affectée par ces douleurs, on lui répond que son acuité visuelle est toujours aussi bonne, et le mystère reste complet.
Pour ne pas se laisser abattre et demeurer présent dans les affaires du royaume, Oikawa continue à se rendre aux réunions et conseils, pour faire le point sur la situation géopolitique et proposer diverses réformes visant à améliorer le quotidien de son peuple. Il a l'impression d'y être plus sensible depuis les commencements de son histoire avec l'archer, bien que Tobio lui parle très rarement de sa famille et de son enfance. Peut-être, s'il devenait prince consort, pourra-t-il s'impliquer lors de ces conseils et mieux orienter la politique des ministres, qui ont, eux, toujours vécu au château et n'ont du peuple que des connaissances purement théoriques.
La salle du conseil est froide en ces matinées d'hiver ; les torches brûlent désormais jour et nuit, projettent leurs lueurs orangées contre les murs de pierre claire, mais demeurent insuffisantes pour réchauffer l'atmosphère du château. Oikawa prend place, et ses yeux, par automatisme, se tournent vers le pan de mur où Ushijima l'a agressé –ce que tous ignorent autour de la table. Il soupire, passe une main sur ses yeux fatigués, se demandant pour la énième fois ce qui lui arrive.
La séance débute à peine, lorsqu'un messager en provenance du royaume d'Inarizaki est introduit dans la salle. Tout en lui témoigne l'urgence : ses bottes couvertes de boue séchée et sa cape poussiéreuse, signes qu'il n'a pas pris la peine de se changer avant de se rendre au conseil, sûrement descend-il tout juste de cheval. Il s'incline profondément devant les membres présents, repère Oikawa à sa couronne et ses vêtements royaux, et déclare alors d'une voix forte :
-Le roi Kita est mort.
Des hochements de tête consternés accueillent cette nouvelle. Le roi Kita était connu pour être un roi juste et sage, qui avait toujours œuvré pour conserver la paix au sein de son royaume et des autres. Il était âgé, et la nouvelle ne suscite pas une aussi grande surprise que celle de la mort d'Ushijima.
-Nous le regretterons, répondit Oikawa.
Ses conseillers se joignent à lui pour les condoléances. Le messager les reçoit, puis poursuit, en venant aux motifs qui l'ont poussé à rejoindre Aoba avec tant de hâte :

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Memento Amari
FanficOikawa est le roi du puissant royaume d'Aoba Johsai. Cependant, peu après son accession au pouvoir, il s'éprend d'un simple archer. Cet amour lui est défendu: son devoir l'appelle à épouser non pas un simple soldat, mais un bien un prince étranger.