In Media Fabula

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Le soleil décline. L'horizon, sous la coupe immense d'un bleu nuit, se barbouille au loin d'or, d'azur, de lueurs pâles, contre lesquelles se découpe l'ombre immense d'un haut château. L'air est encore embaumé des parfums du printemps ; sur les côtés de la route de terre, les hautes herbes d'un vert tendre oscillent sous la brise tiède. Les oiseaux chantent encore, nichés dans les feuillages, et s'envolent lorsque les chevaux passent sous les arbres, faisant trembler la terre sous leurs sabots.

Trois cavaliers chevauchent à vive allure, tous trois vêtus de noir, leurs visages dissimulés sous de larges capuchons. Leurs mains gantées tiennent fermement les rênes, mais la poussière qui couvre leurs capes et la boue séchée autour de leurs bottes trahissent qu'ils font route depuis longtemps déjà.

Ils ne s'arrêtent que lorsqu'ils atteignent le château. Des douves encerclent les murs de pierre, larges et profondes, et l'eau scintille encore des derniers éclats de lumière diurne ; le pont-levis est relevé, large pièce de bois au milieu de la pierre. Le château demeure fermé, muet ; tout hérissé de tours, c'est une apparence hostile qu'il présente aux cavaliers.

-Que fait-on, commandant ?

L'un d'eux met pied à terre, lève les yeux sur la muraille.

-Nous devrions trouver une auberge pour ce soir, et demain...

-Silence, coupe celui qui semble être le commandant.

Des yeux sombres brillent sous le capuchon. D'un geste, il désigne la silhouette d'un soldat sur le rempart, à peine visible entre les créneaux. Un long regard semble s'échanger entre le soldat et les trois hommes, comme s'ils se jaugeaient mutuellement ; et finalement, une voix s'élève :

-Qui êtes-vous ?

-Nous sommes originaires du royaume d'Inarizaki, répond gravement le commandant. Nous devons parler au roi Oikawa de toute urgence.

-Cela ne peut-il pas attendre demain ?

-Non. Nous avons chevauché sans relâche depuis des semaines pour arriver ici.

Le soldat hésite un instant, puis disparaît. Après quelques minutes, des grincements se font entendre ; les chaînes rivées au mur de pierre se détendent, laissent s'incliner le pont-levis. L'énorme planche s'écrase finalement sur le sol dans un nuage de poussière, et dégage l'accès au château. D'un signe, le commandant intime aux deux autres cavaliers de le suivre, et s'engage sur la voie ouverte.

Ils retrouvent le soldat dans une cour déserte. Un palefrenier vient récupérer leurs chevaux, les mène dans une écurie ; les trois hommes gardent leurs visages couverts alors qu'ils regardent le soldat, aidé par un pair, s'affairer à remonter le pont-levis. Les chaînes s'enroulent autour de deux bobines alors qu'ils tournent les roues du mécanisme, et le claquement satisfaisant du bois s'encastrant dans la pierre résonne finalement.

-Je m'en occupe, Kunimi, déclare l'un des soldats à l'autre.

Un éclair de soulagement passe sur les traits demeurés impassibles du soldat, et il remonte le long d'un escalier pratiqué dans la pierre pour reprendre sa place sur la muraille. Le second soldat se tourne vers les nouveaux venus, s'incline légèrement devant eux pour les saluer. Il est jeune, a tout au plus vingt ans ; une stature haute, mais élancée, des cheveux noirs, quelque chose en lui qui évoque une bonne volonté encore infantile.

-Nous venons voir le roi, annonce à nouveau le commandant.

-Le roi est dans son bureau, avec le chef des armées.

Memento AmariOù les histoires vivent. Découvrez maintenant