Mon corps se cambre alors que ma tête part en arrière sous la vague de plaisir qui me submerge. L'anneau vibrant autour de mon membre m'empêche de venir alors que je suis aux portes de la jouissance. Mon corps est parcouru de longs tremblements et mes yeux se ferment alors que je continue de chevaucher l'inconnu dans mon lit. Je ne me souviens même pas de son prénom et peu m'importe, ce n'est pas un détail qui a une quelconque importance à mes yeux. Ce n'est même pas comme si je comptais le gémir, de toute façon. Finalement, il glisse sa main jusqu'à mon sexe dressé pour en retirer l'anneau, venant en même temps dans la protection en un gémissement et je le suis avec un grognement étouffé. Comme à chaque fois, je ne m'attarde pas en batifolages et me redresse pour qu'il quitte mon corps, m'allongeant à ses côtés alors qu'il reprend un souffle correct. Une fois que c'est chose faite, je lui indique la sortie et il se rhabille en un soupir avant de quitter ma chambre, me laissant seul dans mes draps sales et j'entends la porte claquer. Je ferme mes yeux un instant, bloquant quelque chose en moi avant de récupérer mon paquet de cigarettes sur la table de chevet pour en allumer une que je porte à mes lèvres. Je laisse alors les pensées m'envahir et divaguer pendant que la nicotine remplit mes poumons, conservant encore un peu mon état post-orgasme même si je reviens lentement me fracasser contre la réalité.
Voilà de quoi est fait mon quotidien : dormir le jour, sortir la nuit et ramener toujours un homme différent chez moi pour un moment de luxure qui me fera oublier pendant un instant cette vie. Aucune attache, aucune promesse, simplement le jeu et le sexe. Évidemment, ce n'est pas mon père qui va approuver mon quotidien mais cela m'importe peu. Après tout, mes choix n'ont jamais été en adéquation avec ses envies : ni mes piercings, ni mon tatouage, ni mes cheveux colorés et encore moins mon homosexualité. Mais ce n'est pas comme si ça avait une quelconque importance. Il n'a jamais pensé une seule seconde à me laisser l'entreprise familiale donc je n'ai pas à me couler dans le moule qu'il voulait. Elle ira à mon frère aîné comme cela a toujours été prévu et je continuerai la vie de débauché que je mène. Après tout, je n'ai jamais voulu de cette entreprise. Me retrouver entouré d'hommes coincés à faire un boulot qui ne me convient pas dans un costume trop serré pour respirer ? Très peu pour moi. Je préfère encore –et de loin– mes jeans déchirés et mes chemises à carreaux. Je sais bien que cette vie n'est pas celle que ma mère souhaitait pour moi mais elle n'est plus là pour me dire que je fais le mauvais choix.
Le soleil est déjà bien haut dans le ciel lorsque je quitte le royaume de Morphée. J'ai un goût âcre dans la bouche et je me sens quelque peu vaseux, j'ai encore trop bu hier soir. Un soupir m'échappe alors que je quitte mes draps, constatant mon triste état au réveil : nu et couvert de semence. Une petite grimace se dessine sur mes lèvres alors que je rejoins la salle de bain, me glissant rapidement dans ma douche italienne. L'eau coule sur mon corps, effaçant les dernières traces de mon plaisir de la veille alors que je bascule ma tête en arrière pour laisser mon visage sous le jet. La chaleur dans la cabine détend mes muscles alors que je relâche toute la tension dans mon corps. La douche a toujours été mon instant privé, celui où je me laisse complètement aller, dévoilant mes failles à la solitude. Mais je finis par éteindre le robinet à regret, quittant la chaleur rassurante pour enfiler un boxer noir alors que ma peau est toujours humide. Je m'essuie grossièrement avant d'enfiler un jean dévoilant mes genoux et un gros pull bien confortable. Un bandeau glissé dans mes cheveux retient ma mèche en arrière, mes lunettes présentes sur mon nez. Je rejoins alors ma chambre, ouvrant en grand l'une des fenêtres pour aérer la pièce, embarquant ensuite les draps sales jusqu'à la buanderie pour une bonne lessive bien mérité. J'enchaîne avec la préparation d'un café pendant que je range mes chaussures et mon manteau, abandonné dans l'entrée. Une fois ma tasse remplie dans les mains, je me pose sur le canapé, allumant la télé pour regarder une série au hasard, histoire de m'occuper l'esprit.
Je sais que je renvoie toujours l'image d'un homme sexy et sûr de lui mais je suis le seul à déceler mes failles. Celles que personne ne voit, que personne ne soupçonne. Je sais pertinemment que mon mode de vie n'est pas parfait, loin de là, mais c'est un quotidien auquel je me suis fait. Comme je me suis fait à mon nom et à ma place dans la société. Que puis-je y faire, après tout ? À vingt-deux ans, je n'ai fait aucune étude depuis la fin du lycée et rien ne me donne envie de m'y jeter corps et âme. Je passe mon temps avec mes deux potes qui ne sont avec moi que pour mon nom et je le sais pertinemment. Mais je me refuse à la solitude que les laisser me donnerait. Je crois que j'en crèverais si je venais à finir seul. De toute façon, je ne crois pas que quelque chose puisse à ce point me bouleverser pour me donner envie d'un autre mode de vie.
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TROUBLE
Romance⟪Mon quotidien est devenu ce qu'il est parce que je n'avais pas de but et personne pour croire en moi. Mais peut-être que cette rencontre va me toucher plus que je ne le pensais, plus que je ne le voulais. ⟫ [BOYXBOY]