CHAPITRE 5

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De ma place, je ne vois que sa carrure fortement agréable et ses cheveux blonds cendrés éclairés par les spots lumineux rouges. Je suis incapable de dire la couleur de ses yeux mais je suis certain qu'il doit avoir un regard intense. Et je sais que c'est lui que je veux pour finir ma nuit. Ni une, ni deux, je quitte l'espace VIP pour traverser la foule qui se trouve sur la piste de danse et rejoins les tables à l'écart où il est installé. Je ne suis pas du genre à reculer devant un obstacle donc je vais clairement aller lui faire part de mes attentions. Et je ne tolérerais aucun refus. En m'approchant, son corps me fait un peu plus saliver. Son torse et ses bras musclés sont moulés dans un tee-shirt noir, en dévoilant trop pour ma santé mentale. Je suis en train de me mordre la lèvre quand je me plante devant sa table, récoltant des regards surpris et interrogateurs. À cette distance, je peux enfin apercevoir ses yeux et je peux affirmer qu'ils sont verts. D'un vert si intense qu'on croirait y voir une forêt de sapins. Comme celle où j'aime parfois me réfugier.

- Danse avec moi.

Mon regard est ancré dans le sien alors que j'attaque directement. Ma proie hausse un sourcil alors que l'un de ses compagnons éclate de rire, affirmant que je n'ai pas froid aux yeux de venir aborder son ami ainsi. Mais je me fiche de son avis, je veux simplement que ce blond m'accompagne sur la piste de danse et dans mon lit. Il ne détache pas son regard de moi alors qu'il ouvre la bouche pour parler, d'une voix grave et rauque qui me fait frissonner d'envie. Ce type a décidément tout pour lui.

- Ce n'est pas la politesse qui t'étouffe, toi.

- Il y a autre chose qui pourrait m'étouffer mais je ne suis pas du genre à le faire en public.

Je lui lance un regard suggestif alors que son ami continue de rire. Quant à lui, il fronce les sourcils avant de soupirer.

- Passe ton chemin, gamin. Je ne suis pas de ce genre-là.

- Oh, vraiment ? Ne me fais pas croire que tu ne serais pas ravi de remplir mon cul. N'importe qui voudrait être à ta place.

- Bien, je constate que tu as du franc-parler mais je m'en fiche comme de mon premier calbut'. Je suis occupé et je n'ai aucune envie de passer le reste de la soirée avec toi. Tu n'auras apparemment aucun mal à trouver quelqu'un d'autre. Donc, je répète, passe ton chemin.

- Pourquoi pas ?

- « Parce que » me semble une justification suffisante pour un gamin un peu lourd.

- Je ne suis pas un gamin, comme tu dis.

- Et tu as quel âge ? Tu dois être à peine majeur.

- J'ai vingt-deux ans alors maintenant que tu es ravi de savoir ça, on peut aller ailleurs ?

- Mais tu ne pensais tout de même pas m'emmener dans ton lit si facilement en venant m'aborder comme ça, si ?

- Généralement, je n'ai besoin que d'un regard pour que la personne me suive.

- Je suis ravi de le savoir mais ça ne sera pas mon cas.

- Et il faudrait quoi pour que tu me suives ?

- Sûrement pas une proposition de sexe si indécente. Maintenant, je vais te demander de nous laisser tranquille sinon je vais devoir appeler la sécurité.

- Tu ne le feras pas.

- Tu crois ça ?

Sauf qu'il a beau être incroyablement canon, il semble aussi parfaitement sérieux. Et son refus ne me plaît pas du tout. Personne ne m'a jamais dit non jusqu'à présent. Au contraire, ils sont plutôt toujours ravis de me suivre comme des petits chiens pour avoir le plaisir de fanfaronner après sur la nuit que l'on aura passé ensemble. Alors pourquoi ce si bel homme refuse mes avances ?

- Tu es peut-être un hétéro pur et dur mais je suis certain de parvenir à te faire changer d'avis pour une nuit.

- Tu ne lâcheras donc pas l'affaire ?

- Ce n'est pas prévu.

- Je suis sérieux, gamin. Je n'ai pas l'intention de te suivre pour une séance de galipettes sans lendemain. J'ai passé l'âge pour ces conneries. Alors je vais te le demander à nouveau gentiment et pour l'ultime fois : passe ton chemin.

Il insiste sur chacun de ses derniers mots alors que je croise les bras en un signe dédaigneux, continuant de le dévisager. Il ne veut peut-être pas mais c'est ce que moi je souhaite alors pourquoi est-il si... Chiant ? Je soupire finalement en passant une main dans mes cheveux, me relâchant légèrement.

- Donc tu ne me suivras pas.

- Exactement.

- Soit.

Un ultime espoir m'animant, je lui lance un dernier regard mais son visage est fermé et je ne peux rien lire en lui. Je secoue alors légèrement la tête pour remettre mes idées en place et fais alors volte-face après avoir lâché un pathétique « bonne soirée ». Pourquoi je me sens comme ça ? Aussi inutile et insignifiant ? Ce n'est pourtant pas mon genre de ressentir ce genre d'émotions. Ce soir, j'avais vraiment besoin de quelqu'un d'autre. De quelqu'un de différent. Il semblait être parfaitement ce que je voulais mais je ne pourrais pas l'avoir. Et je me sens si sale et si misérable en cet instant.

Alors que j'aperçois Adam et Sam me faire des signes dans ma vision périphérique, je les snobe royalement pour sortir du Zeppelin, ayant le sentiment d'étouffer et d'être oppressé. Je m'éloigne alors un peu de l'entrée pour fuir le bruit qui s'échappe de la porte ouverte et m'appuie contre le mur, portant ma cigarette fraîchement allumée à mes lèvres. Le froid de la nuit me fait frissonner en traversant le tissu fin de ma chemise. J'étais venu ici pour passer l'agacement et la frustration que m'a provoqué mon cher frère et je me retrouve ramené une fois de plus à mon rang véritable : un moins que rien. Il n'y a toujours eu que Maman pour croire en moi. Personne ne l'a plus fait depuis qu'elle est partie et personne ne le fera probablement plus. Surtout pas cet homme magnifique qui a refusé mes avances comme si j'étais une mouche insignifiante venant le déranger en tournant autour de lui. Pourquoi donc est ce que je ressens cette émotion si douloureuse au fond de moi ? Je le voulais. C'est donc ce que ressent un gamin capricieux quand on lui dit non ? Ce n'est certainement pas agréable.

TROUBLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant