CHAPITRE 22

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C'est perdu et perplexe que je me réveille, songeant toujours à la veille au soir. Je n'ai pas osé répondre à son message, ne sachant absolument pas quoi dire, et je suis allé me coucher pour ne pas trop y penser. Sauf que ça m'a tracassé toute la nuit et que j'ai assez mal dormi. Qu'est ce qui lui a pris de m'envoyer ça ? Je ne peux pas nier que j'ai cru qu'il le ferait, que je voulais qu'il le fasse et que je suis ravi de le savoir mais... Je dois faire quoi, maintenant ? Est-ce que je dois m'attendre à ce qu'il m'en parle ou au contraire, qu'il fasse comme si rien n'avait été dit ? Est-ce qu'il se moquait de moi ? Est-ce que si j'avais répondu, il m'aurait dit que c'était une blague ? Tant de questions mais aucune réponse. Et je deviens dingue.

Décidé à me changer les idées, je prends une bonne douche et m'habille, prêt à sortir. J'ai envie d'aérer mon esprit et pour ce, j'ai envie d'aller voir des mignonnes bouilles d'animaux. Alors ni une, ni deux, me voici en route pour le refuge où j'ai fait le don. Et je prends conscience que mon père ne m'a pas appelé pour me parler de cette somme d'argent. Croit-il que je me suis rangé et que c'était caritatif ? S'il me voyait, que penserait-il de ce que je suis devenu ? Secouant la tête, je me concentre à nouveau sur la route pour ne plus penser à lui. Je me fiche bien de ce qu'il peut penser et dire. Même si une petite voix me susurre que je me mens à moi-même.

Me garant sur le parking, je reste un instant dans la voiture, en prenant conscience d'un détail. De quand date ma dernière cigarette ? Quand est-ce que j'ai fumé pour la dernière fois ? Et je n'ai même pas envie d'en sortir à cet instant. Surpris mais plutôt content de m'en être passé, peut-être que pour un temps, je quitte l'habitacle pour rejoindre la porte principale.

- Bonjour et bienvenue au refuge... Oh, Monsieur Thomson ! Comment allez-vous aujourd'hui ? Merci beaucoup pour votre don de la dernière fois. Il nous a été très utile et nous avons pu nous occuper d'Ollie qui avait une patte cassée. Il gambade déjà comme si ne rien n'était. Que puis-je faire pour vous, aujourd'hui ?

La jeune propriétaire, que je me souviens être Lana, semble toujours aussi dynamique que la dernière fois que je l'ai vu. Et ça me fait sourire inconsciemment. Cette femme est un anti-dépresseur vivant. Me rapprochant du comptoir derrière lequel elle se trouve, je prends finalement la parole après sa longue tirade.

- Je suis ravi que cet argent est pu aider autant que je le souhaitais. Et pour tout vous dire, je n'ai pas vraiment le moral et je venais prendre une dose de bonne humeur avec vos amours sur pattes.

Elle échappe un rire avant de passer de mon côté.

- Vous avez également succombé à leur charme, je suppose. Venez avec moi. Al', je te laisse l'accueil.

Une jeune rousse passe alors derrière l'accueil pendant que Lana m'entraîne par la même porte que la semaine précédente.

- Alors, vous voudriez en emporter un avec vous, cette fois ?

- Je ne m'en sens toujours pas capable mais... Je ne sais pas. J'ai envie de venir plus souvent ici. De contribuer véritablement à cet endroit. Je me rends compte qu'il m'apaise et me fait de bien. C'est peut-être bizarre... Désolé.

Je lui adresse une petite grimace alors qu'elle continue de sourire. Cette femme doit avoir sacrément mal aux zygomatiques !

- Ce lieu est ma raison de vivre donc, croyez-moi, je vous comprends parfaitement. Et ça me fait toujours plaisir d'entendre des étrangers dire ce genre de choses. Après tout, les gens qui viennent ici ne sont souvent que de passage. Ils viennent une fois, voire deux. Une première pour un repérage et une deuxième pour l'adoption. Mais vous savez, si cela vous intéresse, je pourrais vous proposer un emploi. Ce lieu est grand et il y a toujours de quoi faire. Je n'ai que deux employées actuellement, Jessica et Alison. Mais je ne serai pas contre deux bras de plus, si vous le voulez. Ce ne serait pas un plein-temps mais si ça peut vous plaire.

À ces mots, je me fige dans le couloir. Est-elle seulement un minimum sérieuse ?

- M'engager ? Mais... Je n'ai aucune qualification, ni aucune expérience avec les animaux.

- Mais vous les aimez et ça se voit. Je n'ai besoin que de ça. Après une formation, vous pourrez être tout aussi opérationnel que les filles qui travaillent ici. Ça vous intéresse ?

- Mais... Mais...

Pas le temps de réfléchir, de peser le pour et le contre. Je m'en fiche.

- Oui.

Je me reprends, échappant un petit rire de gêne.

- Oui, ce serait avec grand plaisir. Je serai ravi de travailler ici, avec vous.

- Parfait. Alors, première règle, on va laisser tomber le tutoiement.

Elle se place face à moi et, souriant toujours, elle me tend une main déterminée.

- Enchanté, moi, c'est Lana.

- Et moi, Zack. De même.

- Parfait, tu commences demain !

Un silence et elle reprend.

- Ouais. En fait, non. Je vais avoir besoin de quelques infos et de faire des papiers. Ce serait possible pour la semaine prochaine ?

À nouveau au volant de ma voiture, je n'arrive pas à réaliser ce qu'il vient de se passer. J'étais venu chercher du réconfort avec des boules de poils et je me retrouve à avoir un emploi. Je n'en reviens pas ! Quelqu'un me fait confiance. Elle ne semble pas savoir qui je suis. Ou alors, elle s'en fiche éperdument. Dans un cas comme dans l'autre, je ne compte pas la décevoir. L'envie d'annoncer la bonne nouvelle à Andrew me dévore mais je ne peux pas. Lui envoyer un message reviendrait à lui dire que j'ai bien lu le précédent. Et je ne suis toujours pas en capacité de comprendre ou de vouloir une réponse. Si elle était négative, ça me briserait le cœur. Et si elle était positive.... Je ne sais pas. Mais je ne crois pas être tout à fait prêt pour une relation. J'ai la sensation que j'ai encore beaucoup de choses à vivre et apprendre avant de pouvoir l'aimer et l'accepter pleinement.

Roulant vers mon immeuble, chantant à tue-tête la chanson qui passe à la radio, je m'interromps en recevant un message. Le lisant, je m'empresse de répondre par la positive. Dylan me propose de le rejoindre dans un café pour discuter de tout ce qui a bien pu se passer depuis notre dernière entrevue. Et je pense que ce rendez-vous tombe à pic. Il pourra sûrement m'aider à faire le point et trouver une réponse acceptable au message que j'ai reçu hier soir. Il pourra m'apporter le soutien dont j'ai besoin dans cette épreuve et être un ami à mes côtés. Ce qu'il me manque cruellement. Je le sais. Je le sens. Alors, tentons cette nouvelle expérience. Les retombées ne pourraient, de toute façon, qu'être positives.

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