CHAPITRE 27

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Pourquoi ? Pourquoi, alors que le bonheur m'apparaît enfin comme je l'ai tant voulu, ça me tombe dessus ? Pourquoi est-ce que je dois encore subir les caprices du destin alors que je pense seulement à me couler dans les bras d'Andrew pour oublier le passé ? Pourquoi dois-je encore apprendre de telles nouvelles après tout ce que j'ai enduré ? Merde, pourquoi moi ?!

- Monsieur Thomson, vous êtes toujours là ?

- Oui, désolé. Vous disiez ?

- Je comprends. Je sais que ça fait toujours un choc quand on reçoit ce genre d'appel. Surtout dans de telles circonstances. Votre frère va avoir besoin de vous dans ces moments difficiles. Mais comme je vous le disais, il faut faire des tests de compatibilité. Êtes-vous d'accord pour les faire ? Les subir n'implique pas ensuite l'opération. Si vous êtes compatible, vous pouvez tout de même refuser la greffe. Tout est bien clair pour vous ?

- Oui, docteur.

- Bien, quand pensez-vous passer ?

Allongé sur mon canapé, j'attends. Je ne suis pas certain de quoi mais une chose est certaine, j'attends. Mon téléphone a déjà sonné trois fois, vibrant sur la table basse mais je n'ai pas décroché. Je ne sais pas qui a appelé et je ne suis pas certain de le vouloir. C'est peut-être Andy, qui veut me rappeler qu'hier soir était incroyable. C'est peut-être Christopher, qui veut me supplier de l'aider. C'est peut-être mon père, qui veut m'ordonner de faire cette greffe. Dans le meilleur des cas, c'est Andy. Dans le pire... Mais je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas quoi penser. J'ai fait des recherches sur le net et je sais qu'il me faudra minimum quarante-huit heures d'hospitalisation. Sauf que j'ignore quand Lana souhaite que je commence au refuge. Je ne peux pas la planter avant même d'avoir commencé. Je me doute bien qu'elle fera preuve de compréhension mais... Suis-je vraiment certain de vouloir le faire ? Christopher mérite-t-il sincèrement que je lui vienne ainsi en aide ? Il reste mon frère ! Cependant, il m'a fait tant de mal... Pour autant, l'un ne contrebalance pas l'autre. Sa vie risque de se briser. D'éclater en mille morceaux. Suis-je cruel au point de ne rien faire ?

Pour le moment, la prise de sang est faite. Le choix n'est pas encore entre mes mains. Je dois attendre au maximum une semaine avant les résultats. J'ai le temps d'y penser et de voir venir. Un soupir et je me redresse, attrapant mon téléphone portable. Deux appels de Chris. Un de mon père. Je n'ai aucunement besoin de les rappeler. Ni l'un, ni l'autre. Il en est hors de question. Je ne leur dois rien : ni réponse, ni explication. Je refuse qu'ils influencent mon choix. Et je ne crois pas qu'Andy le devrait non plus. Ce n'est peut-être pas la meilleure idée que je peux avoir mais je ne veux pas lui en parler. Je refuse de l'inquiéter outre-mesure. Je ne suis pas certain que ça nous aiderait à avancer s'il savait. Et je préfère le préserver.

Trois jours. C'est long. Trois jours sans le voir. Trois jours sans avoir réellement de contact autre que quelques messages. Mais des messages qui m'avaient fait sourire à chaque réception. Évidemment, je n'ai pas abordé le sujet de la greffe. Et je ne compte pas plus le faire cet après-midi, pendant notre cours d'auto-défense. C'est un sujet que je garderai secret jusqu'à ce que ça arrive. Je ne veux pas en parler. Ni à Andy, ni à Dylan. Ce serait une perte de temps. Ça ne les concerne pas. Je suis le seul concerné. Qu'est-ce que leur aide pourrait m'apporter d'autres que de la confusion ? Probablement rien.

Mais cette aide aurait également pu éviter la dispute qui a éclaté entre Andrew et moi. Tout ça parce qu'une pensée mal gérée m'a empêché d'esquiver le coup. Andy m'a blessé et moi, je me suis énervé quand il s'est inquiété. Mais quel idiot ! J'ai bien vu son regard blessé quand je suis parti, agacé. Alors qu'il n'y était pour rien. J'aurai dû me calmer, lui expliquer mais non. Putain de fierté. Vidant mon verre cul-sec, j'en demande un autre au serveur. La musique du Zeppelin est toujours aussi assourdissante qu'avant mais elle ne surpasse pas mes pensées qui tournent en boucle. Et l'auto-flagellation ne doit pas aider. Je devrais lui envoyer un message. Je devrais lui demander pardon. Mais je n'y arrive pas. Parce que je devrais lui expliquer. Et que je ne sais toujours pas quoi faire.

TROUBLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant