Outre la partie de sexe endiablé, je me souviens peu à peu de Dylan. Ça doit remonter à six/sept mois, maintenant. À la différence des autres, on avait discuté en s'allumant et pas simplement draguer un peu avant de partir s'envoyer en l'air dans mon appartement, à quelques rues de là. On avait fréquenté le même lycée privé malgré qu'il avait deux ans de plus et on s'était trouvé des points communs dans nos vies de jeune riche débauché. Je me souviens aussi que cette nuit avec lui avait eu un goût différent des autres et qu'il avait témoigné un intérêt différent pour moi, ne me faisant pas sentir comme un moins que rien, comme un simple corps que l'on possède. Je sais que cette vie est mon choix mais je me remets en question de temps à autre. Je sais que me taper tout le monde ne fera pas de moi un saint mais qu'est-ce que ça peut faire ? Je suis comme ça. Le sexe est une échappatoire comme un autre.
- Et même si tu avais raison, qu'est-ce que ça peut bien faire ? Personne n'éveille mon intérêt au point de vouloir rester avec lui toute ma vie.
- Je ne te parle pas de rester toute ta vie avec la même personne mais te calmer pourrait te faire voir les choses différemment. Qu'est-ce que tu fais d'autres de ta vie ? Est-ce que tu sors dans la journée pour voir comment vit le commun des mortels ? Avant de trouver quelqu'un, tu dois te retrouver toi-même, Zachary.
- Arrête de m'appeler comme ça !
- Je sais, tu préfères Zack. Mais c'est le nom que ton paternel t'a donné et même si tu ne l'aimes pas, il fait partie de toi. Tu ne penses pas que tu as dû te perdre quelque part en chemin ?
Je sais depuis quand ma vie a commencé à dérailler et je n'ai certainement pas envie de m'en rappeler. Parce que la douleur qui en découle est toujours putain d'ancrer dans mon cœur au point de m'en retourner les tripes.
- Écoute, c'est bien mignon à toi de te mêler de mes histoires de cul mais ça ne te concerne pas. Retourne baiser ton mec et fous-moi la paix.
Je l'entends soupirer alors qu'il se retourne, appuyant le bas de son dos contre la barrière alors qu'il me regarde.
- Quand tu finiras par entendre raison, contacte-moi. Je suis certain que tu as conservé mon numéro.
- N'importe quoi.
Pourtant si, il est dans l'un des tiroirs de mon bureau. Pas parce que je comptais le rappeler pour une partie de jambe en l'air mais parce que je pensais que nous pourrions devenir amis, parce que j'espérais ne plus être seul. Sauf que le temps avait passé avant que je ne le rappelle et que c'était devenu trop tard pour ça. Il m'adresse un sourire amusé parce qu'il sait qu'il a raison avant de s'éloigner, me laissant seul à admirer le monde à mes pieds. Ce con a réussi à faire monter le doute dans mon esprit mais je n'en veux pas. Je veux simplement continuer à jouer comme je le fais, à envoyer se faire foutre les conventions de mon père. Je n'ai pas besoin qu'un mec qui m'a bien baisé me fasse la morale sur ma vie. Surtout en se sentant au-dessus de moi parce qu'il est parvenu à trouver une vie qui lui convient.
Et après ? Si j'abandonne cette vie, qu'est-ce que j'aurais ? Me lever le matin pour passer ma journée à ne rien faire ? Autant la passer à dormir pour profiter de ma nuit. Ce n'est pas comme si j'avais des gens à voir, des choses à faire. Je n'ai pas de travail et je n'ai aucune envie d'en trouver un. Même si mon père me coupait les vivres, j'ai un compte sur lequel j'ai suffisamment d'argent pour vivre aisément pendant un moment. Et je dois remercier ma mère pour ça. Mais ne sert-il pas à être dilapidé ? À quoi servirait-il d'autre qu'à me donner un bonheur factice ? Le dernier iPhone dans ma poche, la dernière paire de Converse que je veux ? Je peux obtenir tout ce que je veux d'un claquement de doigts alors pourquoi je devrais remettre ma vie en cause parce qu'un pauvre type me dit que j'ai tort ? Je fais partie de ces jeunes désabusés dont l'avenir est flou et dont rien ne les fait vibrer. Sauf qu'à la différence d'eux, je peux me permettre de vivre une vie de roi alors que je ne vais pas m'en priver.
Je n'arrive plus à penser distinctement alors que l'alcool se mêle à mon sang. Je ne sais plus à combien de verres je suis mais une chose est sûre, c'est que je suis heureux d'avoir un appartement proche de cette boîte à nuit. Et que je n'ai pas l'intention de rentrer tout seul, cette nuit. Je finis alors cul-sec mon verre sur la table. Ou était-ce celui de Sam ? Peu importe, il n'avait qu'à pas le laisser traîner. Je me lève en titubant légèrement et descends les escaliers pour rejoindre le rez-de-chaussée, me mêlant à la foule qui danse toujours. J'ai beau être passablement ivre, je suis encore assez lucide pour savoir qui m'a déjà baisé et qui je souhaite dans mon lit pour la nuit. Donc sûrement pas ce rouquin que j'ai eu du mal à virer de mon appartement et encore moins cette blonde plantureuse qui n'a sûrement pas ce qu'il faut pour combler mes envies. Les gens sont vraiment idiots de croire qu'ils pourront obtenir de moi ce qu'ils veulent en sachant tout de même qui je suis.
Oui, je suis une personne sans cœur qui se laisse baiser pour oublier cette solitude qui lui pèse. Oui, je suis un pauvre connard qui fout à la porte quelqu'un après avoir obtenu un orgasme, souvent pas à la hauteur de ses attentes. Oui, je suis un pauvre type qui en demande sûrement trop à tout le monde mais qui n'a rien à faire d'eux. Oui, je suis un idiot qui ruine sa vie en fonçant dans le mur au lieu de se trouver un but pour remonter la pente. Oui, je suis un sombre abruti qui ne veut pas qu'on l'aide pour avoir une bonne raison de se morfondre.
Mais après tout, qui serait là pour me tendre la main ? Sam et Adam sont bien trop heureux de pouvoir profiter de moi et de m'entraîner dans leurs déboires. Mon grand-frère est mon exact opposé et ne me supporte pas pour l'image que je donne de notre famille. Mon père préférerait sûrement me voir mort qu'en couverture d'un magazine à scandale pour un nouvel esclandre. Ma mère n'est plus là pour me dire ce qu'elle pense de moi mais ça ne serait sûrement pas plaisant à entendre. Alors à quoi bon chercher à changer ? Autant continuer à m'oublier dans cette vie qui ne me convient plus mais qui est la seule que je connais.
Un physique attirant, une réciprocité, une tension et je n'ai pas besoin de plus pour attirer ce brun à ma suite jusque dans mon appartement. Certains savent qui est mon père, d'autres l'ignorent. Mais ça ne change rien à la façon dont je les jetterai à la fin de cet instant de luxure. La porte est à peine passée que l'on commence déjà à retirer nos vêtements, mutuellement. Les règles sont déjà posées : tu ne cherches pas à m'embrasser et tu te barres dès qu'on a fini. Il semble bien les accepter et ça me convient, m'abandonnant peu à peu dans ses bras. Son sexe en moi achève de retirer le peu de raison qui me reste même s'il n'est pas le meilleur amant que j'ai eu. Je n'ai que ce besoin de me sentir vivant, encore et encore.
VOUS LISEZ
TROUBLE
Romance⟪Mon quotidien est devenu ce qu'il est parce que je n'avais pas de but et personne pour croire en moi. Mais peut-être que cette rencontre va me toucher plus que je ne le pensais, plus que je ne le voulais. ⟫ [BOYXBOY]