TROUBLE

CHAPITRE 21

C'est quelque peu ébranlé que j'étais rentré chez moi, la veille, me repassant en boucle les mots d'Andy dans mon esprit. Depuis notre rencontre, il m'a apporté beaucoup. Beaucoup plus que ce que j'avais imaginé en premier. Que je n'aurais jamais pu imaginer. Et je ne m'en plains pas, loin de là. Il m'aide à avancer, pas à pas. Petit à petit. Pour le remercier, je l'ai convié à dîner. Il sera là, ce soir, dans mon appartement, à goûter mes plats. Je ne suis tout à coup plus aussi certain que ce soit une bonne idée. Et évidemment, ce n'est pas le prétexte que je lui ai donné. Je l'ai simplement convié à dîner. Sauf que je ne suis certainement pas un cuisinier à sa hauteur. Je me débrouille, simplement. Alors, après avoir trouvé le menu que je juge parfait sur le net, je me suis empressé de faire les courses et de commencer à faire mijoter tout ça. Je ne voudrais pas être en retard, tout de même. Ce serait vraiment faire mauvais genre. Ce qui est très loin de ce que je souhaite.

Le plat est dans le four alors que je pars prendre une douche, cherchant à me détendre au maximum. Il ne comprendrait sûrement pas s'il me voyait tout tendu, sans mauvais jeu de mot. Je n'ai aucune intention de lui sauter dessus. Et je ne veux pas qu'il croit que c'est ce que je souhaite, que c'est ce que j'attends de ce dîner. Nos débuts ont été chaotiques et je ne veux vraiment pas que ça redevienne ainsi. J'ai obtenu quelque chose qui me tient à cœur et je n'ai pas l'intention de la perdre. L'eau chaude coulant sur ma peau me détend, me faisant échapper un soupir d'aise. Tout va bien aller, tout va bien se passer. Il n'y a aucune raison que ce soit l'inverse. Sortant de la cabine, je me sèche correctement avant d'enfiler un jean quelque peu serré et un tee-shirt noir en col V. Simple mais relativement efficace. Je pense que ma tenue me met en valeur sans hurler "regarde comme je suis sexy". Un dernier coup d'œil au miroir avant de quitter la pièce. Tout ira bien.

La table est mise et le repas presque prêt quand la sonnerie de l'interphone retentit. Après une grande inspiration, je lui réponds et déverrouille la porte pour qu'il puisse monter, l'attendant dans la cuisine alors que je laisse la porte légèrement ouverte pour l'inviter à entrer. Vérifiant une dernière fois que tout est prêt, je le rejoins dans l'entrée alors qu'il entre, hésitant. En m'apercevant, un sourire né sur ses lèvres et il avance plus franchement.

- Hé, Zachary.

- Hé, Andy.

Les mots sont simples mais son regard est empli d'une grande tendresse. Il est si beau. Me reprenant bien vite, je l'invite à me donner son manteau pour le ranger dans la penderie puis l'accompagne jusqu'au séjour. Alors qu'il prend place sur le canapé, je file en cuisine pour récupérer la bouteille de vin et deux verres à pied que je ramène. Assis à ses côtés, je remplis les verres avant de lui en tendre un en souriant.

- À nous ?

Sa proposition semble aussi tendre que son regard et je fonds intérieurement, me retenant de lâcher un cri hystérique. Je ne suis pas certain de survivre à la soirée, à ce rythme-là

- À nous.

Nos verres émettent un petit tintement en se rencontrant et nous commençons nos verres dans une parfaite synchronisation. Je le vois découvrir mon appartement, le sonder et l'analyser, en profitant pour admirer son propre visage avant qu'il ne reporte son attention sur moi.

- Tu as vraiment un appartement magnifique. Ta mère l'a bien choisi. Et, j'aime beaucoup son agencement et ce que tu en as fait

Jetant un coup d'œil circulaire, je ne peux retirer le sourire qui né sur mes lèvres.

- Je ne peux pas te contredire. J'adore ce qu'il est devenu Je pense que ma mère l'aurait adoré.

Jusqu'à présent, parler de ma mère a toujours été difficile mais en parler avec Andy remet tout en question. Pour lui qui a côtoyé la mort, il comprend ce que je ressens. Et la douleur de parler d'elle s'estompe, la rendant plus vivante que jamais. J'ai appris à vivre avec sa mort pendant tant d'années que la rendre vivante à nouveau est un véritable bonheur.