CHAPITRE 1

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Une nouvelle fois, je suis là, dans la chaleur étouffante du Zeppelin, en compagnie d'Adam et de Sam. Un slim rouge déchiré un peu partout met mes jambes en valeur pendant que mon torse est passablement visible avec mon débardeur Nirvana échancré sur les côtés, dévoilant la phrase tatouée le long de l'intérieur de mon biceps gauche. Mes cheveux décolorés sont ramenés en arrière pour dégager mon visage alors que j'ai troqué mes lunettes pour mes lentilles, mettant en avant mes yeux chocolat. Comme à chacune de mes sorties, j'ai tout misé sur mon physique pour trouver quelqu'un pour la nuit. Et même si cette boite n'est pas officiellement gay, je sais qu'un bon nombre de la population homosexuelle de New-York s'y retrouve souvent, me laissant le choix dans mes proies. Installé à la rambarde du salon VIP, mon regard glisse sur la foule compacte qui bouge en rythme en contrebas. Comme d'habitude, la soirée bat son plein et la musique est assourdissante, recouvrant la petite voix qui me susurre que je devrais passer une nuit convenable, pour une fois. Je reconnais déjà quelques anciennes conquêtes qui sont souvent en charmante compagnie, me faisant échapper un léger rire quand j'en vois certaines ensemble. Ce n'est peut-être pas très moral mais avec toutes les nuits que j'ai pu passer ici, je commence à connaître pratiquement tous les habitués homosexuels assez... Intimement. J'en vois même deux qui m'ont aperçu et cherchent à attirer mon attention, semblant avoir oublié que je ne récupère jamais deux fois la même personne dans mon lit.

Je passe pour un connard aux yeux de certains, pour une pute aux yeux des autres. Mais j'ai appris à faire fi de ce qu'ils peuvent bien penser pour mener simplement ma vie comme je l'entends. Bien sûr que les remarques ne me font jamais plaisir, elles m'enfoncent simplement un peu plus dans les bras des démons qui m'animent. Je sombre un peu plus à chaque parole dans les ténèbres mais à quoi bon lutter ? Mon père a déjà eu vent de ma vie nocturne, cherchant à me remettre à ma place sans y parvenir. Me menacer de me couper les vivres et de me reprendre mon appartement ne fera jamais de moi un fils obéissant. Qu'il fasse de moi un SDF m'importe peu, je finirai là où beaucoup pense qu'est ma place. Je sais que ma mère aurait honte de moi si elle me voyait ainsi, de voir ce que son petit garçon est devenu. Et tout ça ne m'aide pas à garder la tête hors de l'eau, à chercher à changer pour les rendre fier.

Quelqu'un vient finalement s'appuyer à la barrière à côté de moi, une bière à la main et une deuxième entrant dans mon champ de vision. Un sourire en coin naît sur mon visage alors que j'attrape la boisson, appréciant l'initiative que certains prennent pour chercher à obtenir mon attention.

- Tu cherches à qui briser le cœur cette nuit pendant qu'il te brisera le cul ?

Sauf que ce ne sont définitivement pas les paroles qu'un dragueur me sortirait pour m'attirer dans ses bras, ou dans mes draps. Je fronce alors les sourcils et tourne ma tête pour dévisager l'homme à mes côtés et dont la voix me semble familière. À peine plus grand que moi et un peu plus musclé, des yeux hazel et une tignasse brune. Je sais que je le connais, que j'ai eu affaire à ses doigts de fée actuellement autour de la bouteille autour de mon membre mais impossible de me souvenir de son prénom. J'ai beau le fixer sans aucune honte pendant qu'il regarde la piste, ça ne veut définitivement pas revenir. Damien ? Devon ? Derek ?

- Dylan. Si c'est mon nom que tu cherches comme ça, il n'est pas écrit sur mon front.

Voilà, c'est ça, Dylan. Si je ne me souviens pas de son nom, je me souviens pourtant du fabuleux orgasme qu'il a su me donner.

- Je ne me souvenais pas de ton prénom, certes. Mais je me rappelle que tu es l'un des meilleurs coups que j'ai pu trouver ici.

- Ce n'est pas pour autant que tu m'aurais rappelé.

- Il me semble pourtant que je suis clair avant d'allumer quelqu'un.

- Ça n'empêche pas l'espoir de naître. Regarde ceux qui continuent de se pavaner sous tes yeux en espérant pouvoir à nouveau te posséder.

- Ce qui n'arrivera pas.

- Ça, je le sais, Zachary.

- Si tu es là pour me faire la morale, sache que je me fiche éperdument de ce que tu peux me dire.

- Je suis certain que ce n'est pas complètement vrai mais je vais faire semblant de te croire.

Il ne me regarde toujours pas et je soupire, reportant mon attention sur la bière qu'il m'a offerte, la sondant. Est-ce un cadeau empoisonné ? Cherche-t-il un nouveau moyen de m'avoir sans que je ne le veuille réellement ?

- Tu peux la boire sans crainte, je ne l'ai pas drogué pour espérer te baiser à nouveau. Même si ton cul est toujours aussi appétissant.

- Mon cul sera toujours appétissant.

- Mais j'en ai trouvé un autre qui est uniquement à moi. Donc bois.

- Tu t'es casé ?

- Ouais.

Il boit une gorgée puis reprend.

- La vie de débauché commençait à me lasser. Je voulais que mon lit cesse d'être vide et froid à mon réveil. Tu devrais essayer.

- Pas mon truc.

C'est à mon tour de boire alors qu'il me regarde finalement.

- Mais je sais que ça te pèse aussi. Toi et moi, on a un truc en commun. On est tous les deux des gosses de riches paumés. Sauf que j'ai repris tout ça en main et que je me sens mieux, aujourd'hui.

- Et donc ? Pourquoi tu viens me taper la discute, maintenant ? Un souci de conscience, peut-être ?

Je le vois hausser les épaules dans la périphérie de ma vision alors qu'il ramène son regard sur la masse mouvante.

- Parce que j'aimerais bien te venir en aide.

- Qu'est ce qui te fait croire que j'ai besoin d'aide ?

- Tu crois peut-être que ça ne se voit pas mais je sais que tu n'es qu'un gamin paumé comme je l'étais.

- Arrête de me comparer à toi. Avoir eu mon cul ne te donne pas le droit de me juger.

- Mais t'es con ou quoi ?

Il se tourne vers moi, un brin énervé.

- T'es vraiment qu'un pauvre con, tu le sais ça ? C'est n'est pas parce que tu es « fils de » que cela te donne tous les droits. Ouais, t'es pété de thune. Et après ? Est-ce que t'es heureux avec le fric sans fin de ton père ? Est-ce que t'es heureux dans ton appart' vide ? Est-ce que t'es heureux avec tes deux potes qui sont là seulement pour ton fric ? Vas-y, regarde-moi dans les yeux et affirme-le-moi.

- Ta gueule, Dylan.

- Ouais, c'est bien ce que je me disais.

Il me fixe alors, semblant me sonder jusqu'à mon âme et je détourne le regard. De quoi se mêle-t-il donc ?!

TROUBLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant