CHAPITRE 7

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Allongé sur mon lit, je fixe le plafond. Mon esprit est hanté par le souvenir d'Andy, hier soir. Il a refusé qu'il ne se passe quoi que ce soit mais j'ai pourtant senti son regard sur moi tout le reste de la soirée. Et je n'étais pas influencé par l'alcool pour l'avoir potentiellement rêvé. Du coup, tout est en contradiction dans mon esprit. Je n'arrive pas à penser à autre chose qu'à sa voix grave, à ses yeux verts et à ses longs doigts autour de la cigarette. Râlant, je roule pour finir sur le ventre, enfouissant ma tête dans l'oreiller alors qu'il étouffe mon cri de frustration. Je suis énervé contre lui pour me retourner le cerveau comme ça mais je suis également énervé contre moi pour laisser un homme me mettre dans cet état. Je ne supporte pas cette idée alors ce soir, je retourne au Zeppelin et je me trouverai quelqu'un pour la nuit. Hors de question de finir avec une obsession sur ce type, aussi sexy soit-il. Et, avec de la chance, je ne le reverrai jamais. Ce qui serait, honnêtement, l'idéal. Un profond soupir m'échappe alors que j'attrape mon téléphone. La lumière m'agresse les yeux, me laissant éblouit un instant avant que je ne m'habitue à la luminosité. J'ai divers messages de mes acolytes qui ont tous à peu près le même sens : « il était bon ? », « tu t'es bien fait baiser ? » et autres joyeusetés qui me rappellent le refus d'Andy. Je les ignore alors et me concentre sur un message d'un tout autre genre, un de Christopher. Ça me ramène instantanément sur Terre et je me redresse, frottant mon visage pour mieux me réveiller. Mon frère ne m'envoie jamais de messages. Hésitant, je l'ouvre alors.

« Quand cesseras-tu donc ta vie de dépravé pour une vie rangée ? Tu nous fais honte, à Papa et moi. Et au nom des Thomson. Je ne pensais pas que tu pourrais me décevoir plus que le jour où tu nous as appris ton homosexualité, Zachary, mais tu fais pire de jour en jour. Trouve-toi un travail respectable, nom de dieu ! Et change d'ici le gala, c'est un bon conseil. »

Joint au message se trouve une ancienne photo, où mes cheveux avaient encore les pointes bleues, et où un homme m'embrasse à pleine bouche dans une rue, contre un mur. Je ne me souviens même pas qui c'était mais je suis clairement identifiable. Un nouveau soupir m'échappe et je jette mon téléphone sur la couette, un peu plus loin. Quel réveil de merde.

Entre les mots de Dylan, le stop d'Andy et Christopher, j'ai accumulé tellement de frustration que je suis allé courir. C'est quelque chose que j'aime de temps à autre et qui me maintient en forme malgré la cigarette. Alors après un bon petit-déjeuner pour ne pas tomber d'anémie et avoir enfilé mon plus beau jogging, je suis parti pour Green Lake Park avec les écouteurs enfoncés dans mes oreilles. Il fait beau aujourd'hui mais le parc n'est pas bondé comme parfois, le laissant agréable et facilitant ma course. Pas de gamins qui courent partout en hurlant, juste ma musique, mon esprit et moi. Et même si ce n'est clairement pas suffisant, ça me fait un bien fou. Sentir le vent contre ma peau et mes muscles tendus sous l'effort, le parfum des arbres et les rayons du soleil. Je m'arrête un instant pour boire un peu, observant un groupe de jeunes jouant au football non loin. Un doux sourire nostalgique se peint alors sur mes lèvres, me souvenant des instants de jeux dans notre grand jardin avec ma mère et de son rire qui ne cessait de s'élever dans l'air, semblant être la plus belle mélodie à mes oreilles. Elle me manque terriblement.

De retour dans mon duplex, et après une bonne douche, je me décide à préparer à manger. Je prends alors conscience qu'il n'est que treize heures, me laissant tout l'après-midi de libre. C'est étrange et j'en ai presque perdu l'habitude. Cela fait des mois que je n'ai pas vécu le jour sur deux journées consécutives. Je décide alors de prendre mon temps et de bien cuisiner puis, une fois prêt, je prends mon repas et m'installe sur mon canapé, devant une émission débile, quelque peu perturbé. Je n'ai aucun besoin de réflexion et c'est exactement ce qu'il me faut. Je ris à quelques blagues stupides, grimace à quelques remarques douteuses et soupire devant le manque d'intelligence avant de finalement zapper pour une chaîne musicale. Qui est déjà d'un tout autre niveau. Je me mets à chantonner la musique qui passe, inconsciemment, fermant les yeux. Mon assiette vide est sur la table basse alors que je récupère mon ordinateur, commençant à traîner sur les réseaux sociaux.

Alors que cette journée ne fut absolument pas constructive, m'étant contenté de surfer sur le web en écoutant de la musique, je me dis que j'aurais toute la nuit pour m'amuser au Zeppelin. En espérant surtout pouvoir me sortir Andy de la tête. Parce que malgré tout, il reste dans un coin de mon esprit et ça m'insupporte. Je ne suis pas un homme qui se laisse charmer si facilement, je n'aime juste pas qu'on me dise non et je sais qu'il finira par me céder un jour. Ce n'est qu'une question de temps. Une fois apprêté, je quitte alors mon appartement en direction de ma boite de nuit habituelle après avoir hésité sur ce que j'espérais : que ce bel homme soit présent ou non ce soir. Et force est de constater qu'il est absent lorsque je rentre dans le bâtiment. Mon premier réflexe ayant été de sonder tous les visages pour voir si je pouvais y trouver les yeux émeraude qui m'ont tant perturbé.

Finalement, j'ai pris ma décision : c'est une bonne chose qu'il ne soit pas là ainsi je vais pouvoir reprendre mes vieilles habitudes et me le sortir de la tête le plus rapidement possible. Il est inutile de m'attarder sur lui plus que de raison. Il n'est qu'une personne de plus dans une foule, un homme que je désire et que j'aurais dans mon lit la prochaine fois qu'il viendra ici. Ce n'est qu'un contretemps et aucunement une quelconque obsession. Je refuse que cet homme prenne autant de place dans ma tête et dans ma vie. Il en est hors de question. Mais j'ai beau observer les gens présents sur la piste de danse de mon point d'observation attitré, je ne trouve personne qui attire mon regard. À mes yeux, ils se ressemblent tous et sont beaucoup trop fades. Les secondes ont beau s'écouler, aucune envie ne monte.

Un long soupir m'échappe avant que je ne passe une main dans mes cheveux. Je dois me rendre à l'évidence, je vais rentrer seul. Et le pire, c'est que je ne suis même pas certain d'avoir réellement eu envie de vouloir rentrer avec quelqu'un. Adam me parle mais je ne l'écoute même pas, quittant la mezzanine pour prendre la direction de mon domicile. Je dois admettre que je suis certain de prendre une bonne décision. Pour la première fois depuis bien longtemps.

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