Bareth

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PARTIE 7 : BARETH

Katy entendait taper. Son esprit ensommeillé n'arrivait pas à déterminer si le bruit venait de son rêve ou de la réalité. Enfin, après quelques secondes, elle comprit que le vacarme incessant provenait de la porte d'entrée. Elle ouvrit un œil en se tournant de l'autre côté de son lit. Le réveil affichait huit heures passées de quelques minutes. Elle rejeta les couvertures et se leva en maudissant celui qui venait chez elle pour la réveiller. Pieds nus, elle descendit les escaliers en bois qui craquèrent sur son passage et alla jusqu'à la porte en martelant chacun de ses pas sur le parquet parfaitement ciré.

— Ça va, j'arrive ! Qui que vous soyez, ayez un peu de patience ! Jamais on ne devrait réveiller les gens aussi tôt de cette façon. Il faut être malade ou avoir des envies suicidaires. J'espère que vous avez une bonne raison de vous tenir derrière cette porte.

— Un café ? proposa Thomas avec son sourire habituel, en lui montrant les gobelets qu'il tenait sur un support en carton.

— Si tu me prends par les sentiments.

— Croissants ? poursuivit le jeune homme, qui lui montra un sachet de la boulangerie du coin.

— Les contes de fées n'ont pas menti, le prince charmant existe. Mais maintenant, il vient en scooter et drague avec de la caféine et du gras saturé, ironisa Katy en le laissant entrer.

— Tu dors toute habillée ? s'étonna Thomas en regardant la jeune femme qui avait gardé ses vêtements que la veille.

— J'étais épuisée en rentrant.

— Et je te réveille ?

— Je rêvais même ! insista-t-elle.

— Peut-être à celui à qui tu as laissé une magnifique marque de rouge à lèvres ? se moqua le jeune blond en fixant ses joues qui virèrent au rouge.

Thomas se dirigea vers la fenêtre son gobelet à la main pour cacher son embarras face à sa confidence, laissant la possibilité à la jeune femme de s'éclipser à l'étage.

Romain avait été réveillé en sursaut. La voix de Thomas l'avait tiré d'un sommeil pesant, qu'il avait eu du mal à trouver. Pendant plusieurs minutes, il avait entendu son collègue déambuler dans l'appartement à la recherche de vêtements propres. Puis, le blond lui avait annoncé qu'il allait chercher Katy en claquant la porte d'entrée. Romain se jura de récupérer son double de clé, après qu'il eut entendu « très jolie marque de rouge à lèvres ».

Elle avait retrouvé ses affaires à la même place qu'elle les avait laissées la veille. La rédaction avait retrouvé son esprit studieux de la préparation d'une nouvelle émission télé. Vincent l'avait alpagué et emmené jusqu'à son bureau pour savoir comment elle allait, après que Romain l'ait ramené. Son ami ne lui fit aucune remarque mais il s'était étonné de ne pas avoir de ses nouvelles par message depuis qu'il l'avait laissé rentrer avec son collègue.

— Je me suis étalée dans mon lit, façon autruche sous l'oreiller pour en être tirée ce matin, par un blond qui m'a offert un café et un croissant. Ses coups à la porte d'entrée étaient tellement insistants qu'il m'a réveillé, ce con !

— Depuis quand on te tire du lit ? s'étonna Vincent. Je croyais que tu étais insomniaque !

Elle fouilla dans son sac, y chercha son carnet et l'ouvrit pour lui montrer un dessin qu'elle avait fait au crayon à papier. Vincent n'eut pas de mal à reconnaître un auto-portrait. La jene femme s'était affublée d'un plastron, de gants et d'un casque de guerrière. Un genou à terre, elle avait posé devant elle deux épées qu'elle avait croisées. Une ombre cachée une partie de son visage, Vincent distinguait le bras, l'épaule et une partie de la nuque d'un homme. L'acteur n'aurait pas su dire si le croquis était récent, mais il reconnaissait chacune des personnes dessinait. Il resta là un moment, à faire face à Katy, sans trouver les mots exacts qu'il voulait donner à l'image qu'il avait encore sous les yeux.

Battement d'elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant