Battement d'elle

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Elle avait ressenti le besoin de lui parler au milieu de la nuit. Elle avait tourné plusieurs minutes dans le lit, faisant grogner Romain qui l'avait attiré à lui pour caler son corps contre le sien. Elle n'avait plus osé bouger. Les battements de son cœur s'étaient emballés dans un rythme effréné. Elle n'avait pas réussi à se rendormir et avait écouter sa respiration en sentant son doux parfum jusqu'à ce que les premiers rayons du soleil apparaissent, à travers les volets. A ce moment là, les mots qu'elle voulait lui dire s'étaient imprimés dans son esprit. Tout était désormais clair dans sa tête. Il devait savoir. Il devait connaître la rage qu'elle avait au fond d'elle, à cause de quoi et à cause de qui. Il devait savoir ce qu'elle ressentait, ce qui hantait encore certaines de ses nuits. Elle savait qu'elle devrait en passer par ces mots pour soigner ses maux. Elle savait que c'était le moment de lui montrer qu'elle pouvait lui faire confiance. C'est ce qu'elle espérait au fond d'elle et si ce n'était pas le cas, sa vie la guiderait vers quelqu'un d'autre.

 C'est ce qu'elle espérait au fond d'elle et si ce n'était pas le cas, sa vie la guiderait vers quelqu'un d'autre

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Romain s'assit en face d'elle prenant ses jambes sur ses cuisses pour l'attirer un peu à lui. Elle ferma les yeux, prenant une longue inspiration, comme si elle reculait pour mieux sauter. Ses lèvres tremblèrent un moment. La main de Romain se posa sur sa joue, comme pour lui rappeler qu'il était là et qu'il était prêt à l'écouter. Il chassa des mèches de son visage. Quand elle ouvrit les yeux, elle vit qu'il la regardait attendant qu'elle parle.

_ Tu te souviens la première fois, dans ta voiture, je t'ai dit que les paparazzis étaient prêts à tout. Enfin, j'ai dit les journalistes pour être exact.

Elle prit la main de Romain dans la sienne.

_ Surtout quand quelqu'un leur transmet une bonne information, dit-elle en baissant les yeux. Quand ma mère a découvert son cancer...

Katy marqua une pause la voix tremblante.

_ A cette époque, je me lançais doucement dans le monde de la musique et j'adorais ma vie à ce moment-là. Je commençais à voyager pour mon propre boulot. J'adorais ma famille, ma mère, mon beau-père, et mon petit frère qui est arrivé plus tard. C'était vraiment la famille idéale. La famille que je m'étais imaginé depuis toutes ces années, alors que j'étais ici, à Biarritz, seule avec ma grand-mère. Cette vie qui m'avait manqué loin de ma mère et sans père. Etre à Paris, être avec ma mère, être en famille, être entourée des personnes que j'aimais le plus au monde. De la famille au sens large, de mes potes, de ma grand-mère qui venait régulièrement, dit-elle en baissant la voix. Même Maya venait souvent à pour qu'on soit ensemble.

_ Mon monde s'est écroulé quand ma mère... Enfin... Quand on a annoncé à ma mère son cancer. Elle était forte, mais la maladie était bien trop avancée. Elle avait des douleurs au dos depuis un moment, mais elle se disait que c'était dû à la fatigue. Elle essayait de tout concilier. Sa vie de maman, son rôle d'épouse, sa vie de femme, sa vie d'artiste. La réalité nous a frappés en plein visage. Je savais que j'allais perdre ma mère. Je savais pourquoi, mais je ne savais pas quand, dit-elle en secouant la tête. C'est là que le reste s'est produit. C'est là que ces photographes ont commencé à lui tourner autour. Que les journaux ont affiché sa maladie, alors qu'elle tentait tant bien que mal de rester digne. Ils ont annoncé qu'elle était condamnée. Pendant des semaines, on s'est demandé comment ils avaient pu savoir comment ils connaissaient le moindre fait, le moindre de ses gestes, ses pensées... Jusqu'à ses déplacements, sa chimio, les visites chez le médecin. Tout absolument tout.

Battement d'elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant