Battement d'elle

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_ Arrêtez-vous, dit-elle en se penchant vers le chauffeur de taxi.

_ Non continuez, répondit Romain alors que le chauffeur les regardait dans le rétroviseur.

Elle se tourna vers lui, fixant ses yeux dans les siens.

_ Faut que je t'explique, dit-il en soutenant son regard.

_ Y a un rien à expliquer, j'ai tout vu, dit-elle.

_ C'est elle qui m'a embrassé. Tu l'as vu ça aussi ?

Elle tourna le visage de l'autre côté, regardant les lumières de la ville défiler sous ses yeux à toute vitesse.

_ J'ai aussi tout entendu. Putain, mais comment tu peux faire ça ? Comment tu peux faire ça à Katy ? Demanda-t-elle en se tournant de nouveau vers lui.

_ Faut que tu m'écoutes Bareth, dit Romain calmement.

_ Pour t'écouter, faudrait que j'en ai envie et je n'ai pas envie d'entendre ton baratin. Comment elle t'a appelé l'autre ? Ah oui pauv'con. Je n'ai pas envie d'écouter ton baratin pauv'con ! S'exclama-t-elle.

Bareth le regarda les yeux pleins de larmes.

_ Je vais quand même parler, dit de nouveau Romain

Le taxi filait dans les rues de Paris. Les lumières de la ville éclairaient l'intérieur de la voiture et leurs visages qui n'osaient pas se regarder. Romain parlait sans discontinuer. Il ne savait pas si Bareth l'écoutait. Mais, il lui ne lui cachait rien de ce qu'il aurait voulu dire à Katy si elle avait été là, à côté de lui, à la place de Bareth, si elle aussi elle avait vu la scène. Ce qu'il aurait voulu qu'elle sache. Ce qu'avait été sa vie, mais ce qu'il ne voulait plus. Ce qu'il espérait pour demain et de leur histoire d'amour naissante.

Le taxi stoppa. Romain reconnut l'immeuble où vivait Katy. Bareth ouvrit la portière du taxi. Elle se tourna vers lui, les larmes aux yeux, lançant sa main sur sa joue.

_ T'approches plus jamais de ma meilleure amie, dit-elle avant de claquer la portière derrière elle.

Il demanda au taxi de poursuivre sa route. Il se tourna sur la banquette, regardant Bareth s'éloignait, debout sur le trottoir. Il l'avait vu saisir son téléphone, avant qu'elle ouvre la porte de l'immeuble. Il avait compris que Bareth était en train d'appeler Katy. Il savait que c'était à lui, de lui parler en premier. C'était à lui de tout lui expliquer. C'était à lui de poser des mots sur ce que son amie n'avait pas voulu comprendre.

Il prit son téléphone dans la poche de son jean et chercha le numéro dans ses contacts. Le téléphone bascula directement sur la messagerie. Il hésita un instant puis raccrocha. Il rappela le numéro et cette fois, il laissa un message.

Lorsqu'il était rentré chez lui, il s'était installé sur le canapé. Ce matin, il avait laissé la housse de guitare de Katy, sur le fauteuil, ouverte sur sa propre guitare. Depuis ce matin, il n'avait pas eu le temps de la refermer. Ce matin, c'était lui qui disait à Katy que rien n'était possible entre eux. Pourtant, ce soir, les choses lui semblaient bien différentes. Ce soir, c'est lui qui aurait voulu poser sa tête sur son épaule. C'est lui qui aurait voulu qu'elle soit là et qu'elle écoute ce qu'il avait envie de lui dire avec son cœur.

Il avait joué une partie de la nuit sur sa guitare. Jusqu'à ce que son voisin vienne frapper à sa porte et lui demande d'arrêter. Il s'était couché sur le canapé allumant une cigarette, puis deux. Puis il s'était endormi, cherchant une position confortable en pensant à Katy.

La sonnerie de son téléphone portable le sortit de son sommeil. Il l'attrapa et la voix pâteuse lâcha un « allo » sans regarder qui était à l'autre bout du fil.