Rumors

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La nuit était tombée depuis un long moment quand ils prirent la route pour Dax. Ils avaient dîné à Biarritz, dans un petit bistrot du centre ville. Thomas était étonné d'apprendre que Katy avait grandi en ville et y avait fait toute sa scolarité.

Après le décès de son grand-père, sa grand-mère avait rejoint sa région d'origine, le pays basque. C'est elle qui avait élevé Katy, seule. La vielle dame avait quitté le Bordelais, où Tamara avait grandi. Katy, elle connu que cette côte. Elle n'avait que quelques mois quand sa grand-mère s'était installée en ville pour se rapprocher de sa famille, originaire de la ville d'Ustaritz. Katy, elle partait pour les vacances rejoindre sa mère à Paris, à New-York, à Lisbonne ou ailleurs. Depuis cette époque, elle avait le goût du voyage, des découvertes, des rencontres, de la cuisine épicée et de la photographie.

A la fin du lycée, son bac en poche, elle avait emménagé à Paris. Elle y avait poursuivi des études scientifiques, ce qui lui semblait logique, mais qui ne lui plaisait pas. Ça lui avait surtout permis de rester au plus près de sa mère. Elle l'avait ainsi découverte au quotidien. C'était une vie de famille différente de ce qu'elle avait connu jusque-là. C'est à partir de cette époque qu'elle avait commencé à se tourner vers la musique. La musique lui venait naturellement, après des années de conservatoire et à suivre sa mère, dans les studios ou en tournée.

Elle avait commencé à composer pour sa mère surtout, mais pour d'autres, aussi, délaissant au fil des mois ses études. Sa mère n'avait pas essayé de la dissuader. Elle voyait sa fille s'épanouir, prendre de l'assurance et aimer ce qu'elle faisait.

Sa mère vivait déjà avec le père d'Antoine, Philippe, qui était né deux ans plus tard après leur mariage, mais cela faisait quelques années qu'ils se fréquentaient discrètement. Katy avait apprécié ses mois de vie de famille. Elle voyait enfin sa mère se posait et profiter de vivre des moments de partage, en famille, loin de la sphère musicale.

Le doux rêve et les moments de quiétude étaient devenus cauchemar. Ils avaient appris la maladie, à vivre avec, à se battre chaque jour contre les traitements, les médecins, les hôpitaux. Et Katy n'avait toujours pas appris à vivre sans sa mère.

Sa mère était partie en quelques mois. Antoine n'avait pas encore un an et il était déjà orphelin de mère. Katy n'arrivait pas encore à mettre de mot sur le décès de sa mère. Elle restait le regard dans le vide, les lèvres et les mains tremblantes. La blessure était encrée en elle, encore trop vive. Thomas le ressentait à chacun de ses mots. Il tendit sa main sur la table et prit celle de Katy dans la sienne. Elle lui sourit timidement, fermant les yeux plus longuement qu'un simple battement de cils pour retenir ses larmes.

Ils arrivèrent à minuit dans le jardin de la propriété. L'entrée était allumée et Laëtitia vient vers eux pour les accueillir sur le pas de la porte.

_ Bonsoir, dit Katy en lui serrant la main. Désolé d'arriver si tard.

_ Pas de soucis, on se couche jamais tôt ici, surtout quand les journées commencent à rallonger et à tirer vers l'été.

Thomas suivit Katy à l'étage. Elle rentra dans l'une des chambres en tirant sa valise.

_ Encore un peu et je m'endormais en conduisant. Tu dors ici ou dans celle d'en face ? Demanda-t-elle en s'asseyant sur le lit.

_ Ce qui t'arrange, répondit Thomas en se dirigeant vers la chambre d'en face.

_ Si je te demande c'est que ça n'a pas d'importance pour moi. Le principal, c'est que tu ne me piques pas les couvertures, dit Katy en baillant et en s'étalant sur le lit.

Battement d'elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant