-9-

6K 351 11
                                    


PDV Maeva

"-Vous n'êtes pas grosse, il marqua une courte pause, semblant réfléchir à ses prochains propos: et je ne me permettrais pas de juger une personne seulement par son apparence, ni de me moquer d'elle. Croyez-moi Maeva, je n'oserais jamais faire des plaisanteries qui puisse rabaisser quelqu'un et le décevoir."

Ses paroles semblaient tellement sincères que je commençais à me trouver stupide. Je trouvais alors une passion inédite pour le motif du tapis. Mes yeux commencèrent à me brûler et les larmes menaçaient de commencer à couler. Chez moi pleurer était une réaction assez commune. Je pleurais lorsque j'éprouvais de la joie, lorsque j'étais triste, lorsque j'était déstabilisée ou encore en colère, bref parfois je pleurais pour un rien ce qui était particulièrement embêtant dans une situation comme celle-ci par exemple.

Je décidais alors de faire face à mon patron avant que cela soit trop tard. Je m'excusais pour mon comportement et lui demanda si son offre tenait toujours. Il me répondit ave un sourire doux. J'avais à ce moment l'impression de revoir l'homme que j'avais percuté quelques jours auparavant dans la rue. Il semblait plus jeune, décontracté et d'une certaine manière plus heureux aussi. Acceptant mes excuses après m'avoir tout de même repris sur mon comportement, qu'il excusait par le fait que la journée avait été très chargée en nouveautés et que je ne connaissais pas le monde du travail, il me répondit que j'avais le temps d'y réfléchir mais que dans l'idéal, ma réponse devrait arriver d'ici le soir suivant. Sa compréhension me surpris mais je me posait plus de questions. La fin était bien plus heureuse que ce que j'avais pu m'imaginer sous le stress. Après m'être excusée une dernière fois et avoir promis ma réponse pour le lendemain je sortis enfin de son bureau puis de l'entreprise.

Sur le chemin du retour, je me remémorais sa première réaction. Sa première phrase résonnant encore dans mes oreilles: "-Vous n'êtes pas grosse". De tout mon monologue la partie sur mon physique avait sembler l'avoir percuté. Je ne comprenais pas pourquoi. Il aurait d'abord dû s'inquiéter et se fâcher face aux accusations que je portais contre lui mais non, il m'avait retenu et regarder dans les yeux juste pour commenter ma morphologie. Ses yeux ne s'étaient pas baladés et je lui en était reconnaissant, cela était pour moi une marque de respect que de regarder une personne dans les yeux lorsque l'on s'entretient avec elle. La petite voix dans ma tête me rappelait alors tout de même qu'il avait sans doute affaire à de somptueuses femmes et que cela était sans doute aussi une des raisons pour lesquelles il ne m'avait pas semblé intéressé. Il faut dire qu'étant petite j'avais eu des petites amourettes par ci par là mais cela s'était arrêté à la fin de l'adolescence. Depuis ce moment-là, je commençais à rêver au prince charmant et à me comporter comme une adolescente devant les hommes; leur adresser la parole était un défi pour moi, sans rougir tout simplement impossible. Si un homme, que je considérais comme "pas mal", me regardait par hasard dans les yeux, je les baissais immédiatement. Peut-être était-ce justement ce comportement qui expliquait le calme plat dans mes relations, même pas de drague rien...Mais pour moi une chose me semblait plus plausible, dans ce monde où l'apparence était si importante, c'était sans doute celle-ci qui repoussait les hommes ou en tous les cas ne les attirait pas. Peut-être était ce aussi mieux ainsi: ne pas attirer les hommes s'intéressant au physique pouvait être un avantage, cela m'évitait d'être déçue qu'un homme ne s'intéresse qu'à mon physique et non pas à ma personnalité.

Après de nombreuses discussions avec mes parents, avec Lou mais aussi avec mon école pour voir si le changement de lieu de stage n'était pas un problème, je me décidais à accepter l'offre. Lorsque que je reposais le téléphone ma réponse positive donnée, j'eu bien de la peine à ne pas exploser de joie. Mon excitation était telle que j'avais envie de partir le soir même. Je crois que ne pas faire de bagages et ne rien emporter ne m'aurait même pas dérangé.

Malgré tout, le lendemain après avoir discuter des modalités avec le responsable de la section recherche de New York qui se trouvait aussi à Brest, mon habituel stress réapparu. Les exigences me semblaient si hautes que je commençait à douter de ma capacité à les remplir. En bref, je me demandais si j'avais bien fait d'accepter ce stage.

Deux semaines plus tard, j'attendais pourtant mon avion pour New York de pied ferme à l'aéroport. Mes parents et Lou avaient été d'un grand soutien durant la période qui avait précédé ce grand départ, me rassurant sur mes capacités mais aussi en m'aidant à trouver un appartement à un loyer abordable et à régler d'autres modalités.

Ce premier voyage en avion seule était certainement une étape pour moi mais un sentiment de liberté et d'autonomie me prit par surprise et me fit me sentir étonnement calme et confiante. Je vous passerai les nombreuses péripéties de ce vol: entre turbulence et arrivée à New York compliquée, sans oublier que j'avais eu beaucoup de peine à comprendre ce que le type me demandait au service de l'immigration.

Trouver mon appartement n'avait pas non plus été chose facile mais j'avais réussi. Je fis donc ce soir là la connaissance de mes deux colocataires: Enola et Kevin. Enola était une jeune femme très chaleureuse qui étudiait l'art quant à Kevin, il s'était lancé dans des études de droit l'année précédente. Tous deux me paraissaient très sympathiques mais la fatigue du voyage et le décalage horaire eurent raison de moi. C'est ainsi que je les quittais, les remerciant bien sûr de m'avoir attendu et accueilli, et allais me coucher.

Demain, je commencerai enfin mon stage et une partie de moi espérait revoir ce cher Monsieur Stanford. Je m'endormais ainsi en pensant à lui...



Un amour inattendu (patron/stagiaire)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant