Le Spleen du Cygne

Chapitre 37 : Le retour de la mauvaise herbe

Quand Damon et moi étions ensemble, nous avions fait de notre mieux pour ne jamais alerter notre entourage. En fait, je craignais surtout la réaction de ma mère. Je savais qu'elle l'aurait jugé et qu'elle aurait utilisé ma vie sexuelle comme une attaque constante. Heureusement que ma mère ne savait pas que je n'étais plus vierge...

Avec quelques appréhensions, je le rejoignis sur le balcon. Il était évident qu'il voudrait me convaincre de venir à sa stupide fête.

— Qu'est-ce que tu veux ? demandai-je en croisant mes bras.

— Je n'ai pas eu de réponse, répondit-il.

— Pas de réponse équivaut à un non et venir chez moi, c'est du harcèlement, lui fis-je remarquer très froidement.

Il haussa un sourcil, trouvant probablement son comportement tout à fait normal. De toute manière, j'avais compris que jamais il ne se remettrait en question et que j'étais devenue sa cible privilégiée.

— Je te proposai juste de venir à ma fête, tenta-t-il de se justifier.

— Tu n'as pas l'air de comprendre, alors, cette fois-ci, je vais être claire. C'est non. Je ne viendrai pas, peu importe ce que tu me dis ou ce qu'il se passera. Maintenant, je veux que tu dégages de chez moi et que tu me laisses tranquille.

Alors que j'étais sur le point de retourner dans ma chambre, je fis demi-tour pour rajouter quelque chose :

— Et je ne veux plus que tu lances encore des rumeurs à mon sujet. Tu ne m'intéresses plus du tout. Il va vraiment falloir que tu comprennes que c'est fini entre nous et qu'il n'y aura plus jamais rien.

Je repris une longue inspiration et j'étais prête à partir, sans lui laisser le temps de répliquer. Mais il n'était pas de cet avis et me prit fermement mon poignet. Je tentai de me débattre du mieux que je pouvais. Vainement. Je n'avais pas sa force et il réussit à m'empêcher de partir.

— Lâche-moi ! déclarai-je faiblement.

J'aurais voulu crier, mais impossible. Je ne voulais pas que quiconque soit au courant de la situation. Et puis, je n'arrivais pas à élever le ton. Heureusement, il m'écouta et j'hésitai soudainement à retourner dans ma chambre.

— Je suis désolé, s'excusa-t-il lamentablement. Rachel me manque un peu... et ça se passe pas très bien avec mes parents.

J'avais presque envie de compatir, c'était ce que naturellement quiconque aurait fait. Mais désormais, je voyais clair dans son jeu.

— Et je crois que j'ai encore des sentiments pour toi Diana, ajouta-t-il.

J'arquai un sourcil. C'était vraiment le pompon là. Il enchaînait les conneries pour que j'accepte ses excuses et cède. Et maintenant je me rendais compte à quel point il avait abusé de cette technique. Lui qui semblait si doux et gentil ne l'était pas tant que ça. Les apparences étaient trompeuses...

— Je m'en fiche, finis-je par dire maladroitement. Je veux juste que tu partes de chez moi.

Il fit un pas en avant et automatiquement, je reculai. Pourquoi était-il si compliqué pour lui de comprendre ?

— Tu fais ce que tu veux de ta vie, mais ne me viens pas m'emmerder, ajoutai-je en espérant qu'il parte.

— Je veux juste discuter avec toi, prétendit-il.

— En venant chez moi ? En me harcelant ?

— Cesse de dire ça, ce n'est que discuter, s'entêta-t-il. Et tu ne voulais pas répondre.

— Excellente idée ça ! Retourner la faute sur moi ! ironisai-je.

J'étais complètement à bout et si je ne craignais pas le moindre de ses faits et gestes, je ne me serais pas gênée pour le gifler.

— Ton rapprochement avec Rachel est quand même assez étrange, lâcha-t-il, décidé à ne pas m'écouter.

— Ce ne sont pas tes affaires. Et une énième fois, va-t'en !

Cette fois-ci, je n'allais pas lui laisser le temps de me retenir. Je m'empressai de retourner dans ma chambre et fermai la porte-fenêtre. Il semblait furieux mais il allait devoir se contenter de mes doigts d'honneur comme unique partenaire de discussion. Heureusement, il n'insista pas davantage et finit par partir. Enfin.

Néanmoins, il était évident que lundi, il reviendrait à la charge accompagné de ses acolytes. Heureusement que c'était bientôt la fin d'année et que je pourrais éviter sa gueule durant deux bons longs mois. Sauf que j'avais encore un an à passer dans ce lycée et j'allais devoir limiter les dégâts.

Si seulement j'avais un plan... Il y avait toujours Sam, mais je me sentais déjà coupable rien qu'à l'idée de devoir l'utiliser dans ce conflit. Il m'avait paru assez mal à l'aise en compagnie de Damon et Carter, mais peut-être que j'avais mal interprété ses sentiments. Je ne savais même plus si ça valait vraiment le coup d'entrer en contact avec lui.

En fait, j'étais tout simplement prise de court dans toute cette histoire. Sauf qu'il fallait que j'agisse si je ne voulais pas que tout se brise aussi rapidement...